[07/03/2007 16:13:57] PARIS (AFP) Le groupe chimique français Rhodia, qui a dégagé en 2006 ses premiers profits depuis 2000, après une lourde restructuration, parie pour l’avenir sur la revente de ses quotas de CO2, qui devrait lui rapporter plus de 150 millions d’euros par an. Le bénéfice net s’est élevé l’année dernière à 62 millions d’euros, contre une perte de 616 millions en 2005. Le groupe a dépassé ses objectifs en terme de marge d’Ebitda (résultat brut d’exploitation) récurrent (à 14,2%) et de ratio dette nette/Ebitda récurrent (2,4), en réussissant “à plus que compenser dans ses prix de vente les hausses des matières premières”. Vers 14H45 GMT, ces chiffres faisaient progresser le titre de 1,5% à 2,70 euros, dans un marché en hausse de 0,20%. Dans le rouge depuis 2001, Rhodia, né en 1998 de la séparation des activités chimie du français Rhône-Poulenc lors de son mariage avec l’allemand Hoechst, avait enregistré une perte colossale en 2003 de 1,3 milliard d’euros. Alors à deux doigts de la faillite, le groupe avait procédé à des augmentations de capital et entamé une sévère cure d’amaigrissement, cédant des centaines de millions d’euros d’actifs et supprimant plusieurs centaines d’emplois, pour se recentrer sur ses activités les plus rentables. “45 sites ont disparu du périmètre du groupe, dont 30 en Europe”, a indiqué son directeur général, Jean-Pierre Clamadieu. Rhodia a cédé récemment ses activités européennes de fils industriels et fibres techniques à Butler Capital Partners, son activité silicones au chinois China National BlueStar et sa filiale de fibres textiles Nylstar à des banques. “Ce périmètre s’est un peu déplacé vers l’Asie et la Chine”, une “immense opportunité pour le groupe”, a souligné M. Clamadieu. Rhodia va démarrer de nouvelles unités de production dans les polyamides ou les diphénols dans cette zone. Le résultat de la restructuration “est aujourd’hui presque entièrement atteint”, a-t-il estimé. Le groupe a encore pour projet de restructurer sa chimie fine. “Sur la chimie fine, la messe est dite (…) Nous n’avons pas la capacité à nous battre contre cette concurrence” asiatique, a-t-il affirmé. Cela pourrait se traduire par des fermetures d’unités ou des cessions, en particulier l’usine de Roussillon (Isère), selon les syndicats. Pour 2007, le groupe s’attend à “une forte croissance de l’Ebitda”, sous l’effet des reventes de ses crédits d’émission de CO2. Rhodia, qui a investi pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre dans ses usines de Corée du Sud et du Brésil, mise sur la revente à d’autres industriels de ces crédits, selon la logique du protocole de Kyoto. S’il en a déjà vendu pour une vingtaine de millions d’euros fin 2006, il devrait disposer de 11 à 13 millions de tonnes par an à partir de 2007 et ce jusqu’en 2013, ce qui pourrait lui rapporter plus de 150 millions d’euros par an. Rhodia a vendu “à terme 5,4 millions de tonnes à 14,5 euros pour 2007 et 5 millions à 15 euros pour 2008”, a affirmé M. Clamadieu, “optimiste sur l’évolution du marché”. La tonne de CO2, qui s’est effondrée récemment, à 1,3 euro, sur le marché au comptant, se négocie sur le marché à terme autour de 14 à 15 euros, la Commission européenne ayant été plus sévère sur l’allocation de quotas à l’industrie pour 2008-2012. Ce retour aux bénéfices permet à Rhodia de regarder “si elles se présentent, les opportunités de croissance externe”, dans les solvants ou les tensio-actifs par exemple, a souligné M. Clamadieu. Le groupe réfléchit par ailleurs à un plan d’attribution d’actions gratuites à ses salariés. En outre, Rhodia espère “revenir à un free cash flow positif” en 2007 et prévoit de “générer en 2008 une marge d’Ebitda récurrent supérieure à 15% (hors crédits d’émission) et un ratio dette nette/Ebitda récurrent inférieur à 2”. Enfin la dette a baissé à 1,657 milliard d’euros (contre 2,089 fin 2005). |
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