[08/03/2007 17:18:35] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) n’a pas encore terminé de durcir les conditions du crédit dans la zone euro, mais après sept hausses de taux directeurs en quinze mois, la fin est proche, a laissé entendre jeudi son président Jean-Claude Trichet. Le Français a clairement nuancé son message, après l’annonce d’un nouveau relèvement d’un quart de point du principal taux directeur à 3,75%, un sommet depuis cinq ans et demi. Désormais, le niveau du principal taux — qui détermine le niveau du crédit dans la zone euro — n’est plus bas, mais “modéré”. Et la politique monétaire n’est plus simplement “accommodante”, mais “plutôt accommodante”. Le Français paraît ainsi rétrograder, comme à l’approche d’un virage. “La BCE s’est rapprochée de la fin du cycle de resserrement monétaire, mais n’y est pas encore tout à fait”, estime Holger Schmieding, chef économiste en Europe de la Bank of America. Les marchés des changes ne s’y sont pas trompés, puisque l’euro s’est légèrement replié face au dollar suite aux propos du président de la BCE. “Modéré ne veut pas dire approprié”, a toutefois lancé M. Trichet, façon de dire qu’au moins une nouvelle hausse de taux aura lieu dans les mois à venir. “Je ne dis pas que les taux de la BCE ont atteint un pic”, a-t-il insisté. Les risques inflationnistes demeurent, affirme-t-il, et cite d’éventuelles hausses de salaires élevées, supérieures à la productivité, qui pourraient déclencher une spirale des prix, une nouvelle flambée des prix du pétrole, ou la croissance trop vigoureuse à ses yeux de la masse monétaire et des crédits. Une surveillance “de très près” reste de mise, a-t-il prévenu. Pourtant, les prix se sont assagis et devraient même cette année rentrer dans le rang, malgré la forte augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) dans la première économie de la zone euro, l’Allemagne. La BCE prévoit un taux de 1,8%, selon ses nouvelles projections. Pour elle, la stabilité des prix est garantie quand ils augmentent légèrement, en dessous de 2% en moyenne. En 2008 en revanche, l’inflation devrait manquer de peu l’objectif et remonter à 2%, selon les experts de la BCE. La croissance ne semble pas tracasser les gardiens de l’euro. Les récentes statistiques confortent l’hypothèse “d’une croissance économique solide continuant en 2007”, a souligné M. Trichet. Et les prévisions ont été relevées d’un cran pour cette année (+2,5% contre 2,2% prévu auparavant) et pour 2008 (2,4% après 2,3%). L’inconnue à présent porte sur l’échéance du prochain geste, et sur leur nombre, un ou deux, estiment des économistes. Pour plusieurs d’entre eux, la remontée du taux principal à 4% pourrait intervenir dès le mois de juin. M. Trichet n’a pas beaucoup éclairé la question. “Il est nécessaire d’agir à temps et de façon ferme” si des menaces de dérapage des prix venaient à apparaître, a-t-il dit, soulignant que la BCE était tout le temps en “alerte”. Les turbulences récentes sur les marchés financiers ne sont pas de nature à modifier le cap de la politique monétaire. Le président de la BCE a salué les récentes réévaluations des risques opérées par les marchés, jugeant la correction certes “très rapide”, mais pas abrupte. “Même si les marchés boursiers venaient à reculer pour plusieurs semaines comme le printemps dernier, la BCE va probablement remonter encore ses taux”, estime Jörg Krämer, chef économiste à la Commerzbank, à moins d’une grave crise mondiale. Pour Holger Schmieding, rien n’est encore joué pour juin. Selon lui, les nuances du message de M. Trichet tendent à prouver qu’il n’y a pas encore de consensus au sein du conseil sur la pertinence d’augmenter ou non les taux à cette date. |
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