Le nickel s’arrache à prix d’or, dopé par l’appétit chinois

 
 
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Vue d’un site minier en Nouvelle-Calédonie, prise le 1er décembre 2005 à Yaté (Photo : Marc Le Chelard)

[08/03/2007 17:04:22] LONDRES (AFP) Le cours du nickel a dépassé 43.000 dollars la tonne jeudi, soit le triple d’il y a un an, alors qu’une très forte demande, notamment des producteurs chinois d’acier inoxydable, a fait fondre les stocks.

Le métal s’est hissé jusqu’à 43.200 dollars, au plus haut depuis le début de sa cotation sur le London Metal Exchange (LME) en 1979.

Avec un gain de 43% depuis début le début de l’année, il se distingue des autres métaux de base, comme le zinc ou le cuivre, dont la progression est bien plus modérée. De l’avis des courtiers, il devrait atteindre 45.000 dollars la tonne au second semestre.

Cette flambée, à l’origine de nombreux vols de métaux en France, s’explique par la raréfaction du nickel sur le marché. Les stocks du LME ont ainsi fondu de 90% depuis un an et les acheteurs s’arrachent les quelques milliers de tonnes encore disponibles, qui représentent à peine un jour et demi de consommation mondiale.

Cette situation “résulte d’un décalage croissant entre l’offre et la demande”, explique Robin Bhar, analyste de la banque UBS. “La demande de nickel est très forte et les sites de production tournent à plein régime, sans toutefois parvenir à fournir autant de nickel que le marché en réclame”.

Ce métal est très prisé dans l’industrie, où il est utilisé à 70% dans la fabrication de l’acier inoxydable, notamment pour la production automobile et aéronautique. Il entre aussi dans la composition de plusieurs familles d’alliages métalliques, notamment avec le fer.

Ces secteurs ont tous progressé en 2006, entraînant dans leur sillage la production d’acier inoxydable. Celle-ci a atteint 20.851 tonnes lors des trois seuls premiers trimestres de l’an dernier, contre 24.319 tonnes sur toute l’année 2005, selon l’International Stainless Steel Forum.

Mais la demande mondiale a elle aussi augmenté, “tirée par la Chine, où elle a bondi de 48% en un an”, souligne Tariq Salaria, de la banque Standard Chartered.

Rien qu’au premier trimestre 2007, la demande chinoise devrait gonfler de 40% comparé à un an plus tôt. Les pays les plus industrialisés se sont révélés tout aussi gourmands, en particulier l’Europe et le Japon, avec une consommation en hausse de 12% par rapport à 2005, selon l’analyste.

Face à cet appétit énorme, les producteurs mettent les bouchées doubles.

Le groupe britannique European Nickel, le suisse Xstrata et le brésilien CVRD “rivalisent pour achever des sites de production visant à pallier le déficit de l’offre des années 2007 et 2008, dans un contexte de hausse des coûts”, indique Tariq Salaria, de Standard Chartered.

Xstrata participe ainsi à la construction d’une usine en Nouvelle-Calédonie. Le premier groupe minier mondial, l’anglo-australien BHP Billiton, veut quant à lui investir jusqu’à 1,5 milliard de dollars dans une mine de nickel dans le sud des Philippines.

Toutefois, “des projets-clés sont retardés en raison de problèmes touchant à l’environnement ou au financement”, relève l’analyste.

C’est le cas par exemple du vaste site Goro Nickel développé par CVRD en Nouvelle-Calédonie, dont le lancement est prévu en 2008. Le projet fait face à l’hostilité d’organisations écologistes et locales qui s’inquiètent du taux de manganèse, des effluents de l’usine devant être rejetés dans le lagon.

 08/03/2007 17:04:22 – © 2007 AFP