Salon d’art Tefaf : les maisons d’enchères provoquent la grogne des marchands

 
 
SGE.DTK37.080307172510.photo00.quicklook.default-245x163.jpg
Des visiteurs du Salon Tefaf devant une peinture de Jan Lievens, le 8 mars 2007 à Maastricht (Photo : Marcel Van Hoorn)

[08/03/2007 17:30:49] MAASTRICHT (AFP) La 20e édition du prestigieux salon d’art et d’antiquités Tefaf a débuté jeudi, marquée par l’arrivée des maisons de vente aux enchères Sotheby’s et Christie’s, au grand dam de certains marchands qui considèrent cet événement comme leur chasse gardée.

Noortman Master Paintings (Maastricht) et King Street Fine Arts (Londres). Ces deux galeries à l’ambiance chic et feutrée, en apparence comme les autres, sont voisines dans une des allées latérales de la foire, entre “Faubourg St Honoré” et “Fifth Avenue”.

Elles sont pourtant détenues par deux des plus grandes maisons de vente aux enchères au monde, respectivement Sotheby’s et Christie’s.

Aussi, certains n’hésitent pas à fait dire que Tefaf (The European Fine Arts Fair) a introduit un “cheval de Troie” dans une foire très haut de gamme, qui se voulait justement la réponse des galeries aux événements très courus et médiatisés que sont devenues les grandes ventes publiques.

“Ce n’est pas leur place”, explique un marchand souhaitant rester anonyme. “Entre les ventes aux enchères et les connaissances ou les contacts personnels que nous développons avec les collectionneurs et les amateurs d’art, il y a un monde de différence, c’est deux métiers différents”, ajoute-t-il.

Le marché des (riches) collectionneurs d’art est cependant le même. C’est pourquoi Sotheby’s, avide de devenir un intermédiaire entre collectionneurs particuliers et de débusquer des grandes collections pour enrichir ses propres ventes aux enchères, n’a pas hésité à racheter pour 75 millions d’euros la galerie Noortman Master Paintings.

La maison d’enchères comptait sur le carnet d’adresses du Néerlandais Robert Noortman –décédé inopinément en janvier 2007–, sur son charisme et son excellente connaissance du marché de l’art et des grands collectionneurs privés, ainsi que sur son influence de membre fondateur de Tefaf, pour se faire une place au soleil des marchands d’art particuliers, en s’inflitrant au salon de Maastricht.

C’est, en somme, des “secrets de famille” que les marchands craignent de devoir partager à présent avec les maisons d’enchères.

Chez Noortman-Sotheby’s, on relativise. “Il y a l’émotion (causée par le rachat par la maison d’enchères, ndlr) et il y a la réalité: nous sommes à la foire et nous faisons notre propre boulot, en toute indépendance”, déclare à l’AFP Jeanette Gerritsma, en charge de la direction quotidienne.

Elle met ainsi en avant les “fire walls”, les paravents statutaires et légaux qui assurent l’indépendance de Noortman Master Paintings par rapport à son actionnaire unique, sans quoi la galerie n’aurait pas pu participer à la foire.

Même montage au stand de King Street-Christie’s, où Jennifer Vorbach assure que la galerie, créée en riposte au rachat de Noortman par Sotheby’s, n’est rien d’autre “qu’une façon de rendre visible ce que Christie’s fait depuis très longtemps (à côté des ventes publiques, ndlr): des ventes privées d’oeuvres d’art”.

D’ailleurs, ni la “Vue distante d’Amsterdam” (1628) de Jacob van Ruysdael accrochée chez Noortman, ni le “Portrait de Madame X” (1875) de Renoir chez King Street ne seront vendus aux enchères chez Sotheby’s ou chez Christie’s.

Tefaf se tient jusqu’au 18 mars de 11H00 à 19H00 au centre des congres MECC de Maastricht. Entrée: 55 euros par personne avec catalogue. www.tefaf.com

 08/03/2007 17:30:49 – © 2007 AFP