[09/03/2007 07:07:22] WASHINGTON (AFP) Deux ans après sa nomination à la tête de la Banque mondiale, l’ancien secrétaire adjoint américain à la Défense, Paul Wolfowitz, est critiqué sur sa stratégie. Ce débat, qui fait rage au conseil d’administration, intervient alors qu’a débuté cette semaine la reconstitution des fonds de l’Association internationale de développement (AID), l’un des principaux outils de financement de la Banque qui doit pour l’alimenter mobiliser ses Etats membres. La controverse est publique depuis que les médias américains ont révélé, fin janvier, le compte-rendu d’une réunion houleuse entre le président et ses administrateurs, engagés, selon la chaîne de télévision Fox News, dans une “guerre de tranchées”. La discussion portait sur la stratégie de la Banque, exposée dans un rapport de la direction : “plusieurs membres ont souligné que le contenu du rapport ne répondait pas à leurs attentes”, indique le compte-rendu, diffusé sur l’internet. “Ils ne savaient que penser de la liste et du classement des priorités dans l’exposé”, poursuit-il. “En l’absence d’un cadre convenablement articulé, les orateurs ont estimé difficile d’en comprendre et d’en calculer les implications budgétaires”, ajoute-t-il. Les représentants de la France et de la Suisse ont estimé qu’il s’agissait d'”une occasion perdue”, tandis que ceux du Canada et de la Chine ont jugé qu’il n’était pas possible de discuter un budget sans objectifs stratégiques. Même le représentant des Etats-Unis a estimé que les priorités devaient être “clarifiées”. Ce n’est pas la première fois que l’ancien faucon de l’administration Bush suscite l’ire de ses actionnaires. Lors de l’assemblée générale annuelle de la Banque, en septembre dernier, ses membres avaient rejeté son plan de lutte anti-corruption jugé contre-productif et peu efficace. La Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne s’étaient notamment inquiétées du projet de M. Wolfowitz de pré-conditionner l’aide aux pays en voie de développement à des critères de bonne gouvernance. L’administration américaine l’avait en revanche soutenu. “C’est comme si on prenait un marteau pour écraser une mouche”, juge-t-on de source diplomatique européenne. Cet effort n’est pas contestable en soi ; ce qui est contestable c’est qu’il devienne “de facto central et unique”, ajoute-t-on de même source. M. Wolfowitz affirme avoir repris la main sur ce dossier. Fin janvier, il a expliqué qu’il avait engagé une vaste consultation avec les gouvernements et les organisations représentant la société civile pour s’assurer que les plus pauvres n’aient pas à souffrir des conséquences de son offensive. “D’une certaine façon, j’ai été surpris de la force du consensus qui s’est manifesté” en faveur de ce nouveau programme, avait-il alors déclaré. La valse des hauts dirigeants est un autre sujet d’agacement au sein de l’institution, aggravé par la nomination de proches du nouveau président et une gestion réputée particulièrement centralisée des dossiers. En août 2006, c’est le vice-président en charge du Moyen-Orient, Christian Portman, qui a annoncé son départ, après s’être opposé à l’envoi de personnel supplémentaire en Irak. “Wolfowitz est là depuis 21 mois (juin 2005, ndlr) et on ne sait toujours pas ce qu’il veut faire de la Banque mondiale”, résume un expert des questions de développement. L’intéressé s’en défend et répond invariablement : lutte anti-corruption et… Afrique. “Pour le groupe de la Banque mondiale, l’Afrique est une priorité majeure en raison de ses énormes besoins et des défis auxquels elle fait face”, a rappelé M. Wolfowitz avant son départ, cette semaine, pour une tournée au Ghana, au Burundi, et en République démocratique du Congo (RDC). |
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