[09/03/2007 14:38:46] PEKIN (AFP) La Chine a décidé de faire fructifier ses énormes réserves de change, plus de 1.000 milliards de dollars, en chargeant une agence spécialisée d’en investir une partie, alors que des voix s’élèvent dans le pays pour que ce trésor serve plutôt à réduire la pauvreté. Vendredi, les autorités ont confirmé pour la première fois leur intention de créer dans ce but une telle agence, à l’image de ce que font déjà des pays assis sur d’importantes réserves, en Asie (Singapour), dans le Golfe ou en Europe (Norvège). Les réserves chinoises sont les premières au monde. “Cette société est actuellement en phase de préparation”, a déclaré vendredi le ministre des Finances Jin Renqing, lors d’une conférence de presse en marge de la session annuelle du Parlement. Il n’a pas précisé quand l’agence serait opérationnelle. “Les réserves de changes de la Chine dépassent déjà 1.000 milliards (de dollars)” et la question de savoir “comment mieux gérer cette richesse précieuse est vraiment une grande tâche”, a jugé le ministre. La Chine pourrait s’inspirer de Temasek, la holding publique de Singapour, qui a multiplié les investissements à l’étranger, en particulier dans le secteur bancaire chinois. “En empruntant quelques expériences réussies à l’étranger, comme par exemple Temasek de Singapour, nous allons tout faire pour avoir plus de profits et de productivité avec la gestion des réserves”, a souligné M. Jin. Selon des médias chinois, la nouvelle agence pourrait gérer le cinquième des réserves, soit quelque 210 milliards de dollars, plus que le premier fonds commun de placement au monde. Elle placera probablement l’essentiel en actions et obligations étrangères, estime Shi Jianhuai, professeur de finance internationale au Centre de recherche économique de l’université de Pékin. “Je pense que l’agence investira principalement sur les marchés étrangers, car le but de sa création est d’éponger les énormes réserves de la Chine,” affirme l’universitaire. Or, l’accumulation des réserves de changes alimente dans le pays un débat sur leur utilisation, certains économistes souhaitant qu’une partie serve à financer des écoles, des programmes sociaux ou la protection sociale. Mais cela pose aux autorités un problème cornélien. Car la banque centrale devrait pour cela acheter des yuans en vendant ses dollars ce qui pousserait la monnaie nationale à la hausse. Elle cherche précisément à éviter cela en maintenant le yuan étroitement arrimé au billet vert, soulignent les économistes. En revanche, le placement d’une partie des réserves à l’étranger aurait un impact sur les prix des actions et des obligations. “En raison de la taille des réserves chinoises, il est probable que les prix sur les marchés internationaux augmenteront lorsque (l’agence) commencera à investir”, a remarqué l’universitaire Shi Jianhuai. Les réserves chinoises sont tirées de deux canaux. D’une part, l’énorme excédent commercial du pays (177,47 milliards de dollars en 2006). Les exportateurs sont payés en devises et les convertissent en yuans auprès de leur banque centrale, qui voit ainsi ses réserves gonfler. L’autre canal est celui des interventions régulières que pratique la banque centrale pour empêcher que le yuan ne s’apprécie trop face au dollar, de manière à ne pas handicaper les exportateurs. Pour cela elle vend des yuans et achète des dollars, essentiellement en bons du Trésor américains, dont la Chine est la deuxième détentrice au monde (environ 600 milliards de dollars). |
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