Quand je vois les journaux télévisés ou je lis la presse, notamment d’Europe, je remarque que nous n’avons pas beaucoup de SDF en Tunisie. Je ne sais pas si cela tient d’une certaine politique sociale ou si c’est grâce à notre culture qui tend à ce qu’on cache tout ce qui ne rentre pas dans le moule social classique. Par moule social classique, j’entends : « conserver tels quels ce que nous ont inculqué nos grands parents ».
J’ignore donc pourquoi nous n’avons pas autant de SDF qu’en Europe ou en Amérique, mais j’aimerai bien en devenir un et ce serait bien que ce soit le plus tôt possible. C’est qu’il n’y a que des bénéfices de devenir SDF en Tunisie (ou ailleurs) et personne ne me dira le contraire : Être Sans Difficultés Financières vous permet de profiter pleinement de la vie, de ne pas être taxé à tout va, d’être respecté par votre entourage, de poser problème à votre patron, etc.
Jugez en.
Quand vous avez des soucis de fins de mois, ou lorsque vous comptez vos sous, vous souscrivez un abonnement GSM prépayé, bien que ce soit plus cher.
Ceci vous permet de maîtriser votre consommation et d’être à l’abri de factures salées qu’il faut payer tout de suite.
Si vous êtes un SDF, vous privilégieriez l’abonnement postpayé. Non seulement, la minute est comptabilisée moins cher que le prépayé, mais en plus vous payez moins de taxes que les « démunis » abonnés à carte. Ça vous étonne hein ? C’est pourtant vrai, un homme d’affaires peut avoir la facture aussi élevée qu’il veut, il ne paiera que 300 millimes. Un pauvre citoyen paiera, lui, 300 millimes pour chaque tranche de cinq dinars de communications.
Quand vous êtes SDF, votre banquier vous donnera autant de crédits que vous voudrez et au meilleur taux d’intérêt du marché. Quand vous êtes un pauvre salarié, dès que vous sortez au rouge, votre banquier vous tombe dessus en vous facturant au plus fort ces quelques dinars que vous avez osé consommé alors que votre compte était débiteur.
Si vous étiez SDF, votre patron ne se permettra pas de gueuler de bon matin, parce que vous êtes arrivé quelques minutes en retard au boulot ou parce que vous vous êtes permis de lire Webmanagercenter (question d’être informé) pendant les heures du bureau. C’est normal, il a peur que vous le quittiez et cela lui coûtera cher de vous remplacer (annonces de recrutement, entretien d’embauche, formation, tests, etc).
Un pauvre salarié ne peut que subir les affres de la dictature et de l’autoritarisme patronaux puisqu’il n’a aucun autre choix : comment voulez-vous qu’il paie son loyer, son crédit, son découvert bancaire et ses cartes téléphoniques ?
Autre exemple (le dernier), si vous êtes un vrai SDF, vous possédez normalement un joli 4×4. Garez le où vous voulez dans la ville, personne ne viendra lui mettre un sabot et aucune grue ne viendra le lever. Avez vous vu déjà un 4×4 levé par une grue de la mairie ?
Par contre, si vous n’êtes pas un SDF, vous posséderez au mieux une 4cv si vous possédez quelque chose déjà. Là, je ne vous le fais pas dire : le type de votre véhicule figure au top five des véhicules levés par les municipalités et ce sont elles-mêmes qui subissent le plus d’infractions, qui sont les moins remboursées par les assurances, etc.
Le même esprit s’applique à une échelle plus grande : celle des pays. Exemple : la France est un pays qui est considéré comme riche. Il a de très grosses dettes, certes. Des dettes supérieures à un pays comme le nôtre, mais la France est considérée comme riche.
D’ailleurs, connaissez vous des riches qui n’ont pas de grosses dettes ? Mais là n’est pas la question. Quand les prix du pétrole ont augmenté, ce pays riche a fait répercuter la hausse systématiquement sur les pompes. Quand les prix ont diminué, il a fait répercuter systématiquement la baisse sur les pompes.
Résultat : parmi les bienfaits de la baisse du brut, analyse le magazine Capital (numéro du mois de mars 2007), il y aura un recul de l’inflation de 0,5 point, une augmentation de 0,5 point du pouvoir d’achat, une augmentation de 0,2 point de croissance et 20.000 emplois créés.
Tout ça parce que le prix du sans plomb est passé de 1,32 à 1,15 euro. Chez nous, pays qui n’est pas considéré comme riche, on a augmenté les prix et on a oublié de les baisser. Le prétexte mâché à souhait depuis des années : l’Etat subventionne déjà malgré ce prix ! Au diable, la croissance, la compétitivité, l’inflation et l’emploi !
L’Etat qui n’est pas un SDF ne peut pas supporter toutes ces subventions ! Conclusion, la mienne, mieux vaut être un pays SDF rempli de citoyens SDF ! Bref, devenir SDF n’est pas une fin en soi, mais que c’est agréable de le devenir, ne serait-ce que quelques mois de l’année !