Prêts à risque : la chute de New Century agite à nouveau Wall Street

 
 
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Un chantier de construction d’immeubles à Los Angeles, le 14 décembre 2006 (Photo : David McNew)

[12/03/2007 18:15:30] NEW YORK (AFP) New Century, l’une des principales sociétés américaines de crédits immobiliers à risque, a indiqué lundi que ses banques créancières allaient cesser de la financer, faisant chuter en Bourse les autres titres du secteur même si les analystes relativisent le risque de contagion.

La cotation de l’action du groupe était suspendue lundi à la Bourse de New York, après s’être effondrée de 17% vendredi et de 90% depuis le début de l’année.

“Les problèmes de New Century pourraient se répercuter à ses créanciers”, note Frederic Dickson, analyste de D.A. Davidson & co.

Mais plusieurs analystes relativisaient la possibilité de telles répercussions. “Seul un nombre limité d’entreprises est actuellement concerné par le problème”, tempère Marc Pado, analyste de Cantor Fitzgerald.

New Century a vu se multiplier récemment les défauts de paiements sur les crédits consentis aux personnes financièrement fragiles, un type de prêts dont les autorités financières veulent durcir les conditions d’octroi.

Ces prêts immobiliers à hauts risques ont permis à un public de plus en plus large aux Etats-Unis, généralement des emprunteurs à faibles revenus, d’accéder à la propriété.

En étant de moins en moins regardante sur le profil de l’emprunteur et en multipliant les prêts hypothécaires risqués (“subprime mortgages”) –prêts à taux variable, à remboursement différé du capital– les banques ont pu prêter jusqu’à 110% du montant de l’acquisition.

Plusieurs sociétés du secteur, notamment les groupes Option One, numéro trois, Fremont, numéro quatre, et Novastar Financial, ont annoncé ces derniers jours qu’elles cesseraient d’accorder ce type de crédit aux conditions très spéciales.

Lundi, le numéro un du secteur, Countrywide Financials, a également indiqué qu’il allait désormais durcir ses conditions d’attribution d’emprunts et qu’il s’attendait à des “bénéfices fluctuants à court terme”, en raison de la crise traversée par le secteur.

A la Bourse de New York vers 17H00 GMT, Countrywide Financials perdait 3,02% à 35,01 dollars, Novastar Financial lâchait 12,98% à 4,56 dollars et Fremont cédait 14,32 % à 6,88 dollars.

Les difficultés du secteur ont été l’un des facteurs ayant contribué à la dégringolade de Wall Street il y a deux semaines, les opérateurs s’inquiétant d’un risque de contagion à d’autres industries américaines.

“Les salaires et le marché du travail restent pour le moment suffisamment robustes pour que la majorité des emprunteurs ne se retrouvent pas en défaut de paiement aux Etats-Unis”, estime toutefois Marc Pado.

Aux dires des analystes, la “crise” devrait donc rester circonscrite à un petit nombre de groupes.

“Pour le moment, il faut rester prudent mais ne pas dramatiser”, relevait Nathalie Deleuze, analyste chez Ixis.

“La politique monétaire américaine demeure accommodante aux Etats-Unis”, rappelle aussi Michael Malone, de Cowen & co.

“Tant que le coût de l’argent reste relativement bon marché, il y aura de la demande pour des emprunts et des institutions disposées à prêter de l’argent”, souligne cet analyste.

Selon lui, les groupes vont continuer “à resserrer leurs conditions d’attribution de crédit mais le problème du secteur ne devrait pas avoir un impact significatif sur le reste de l’économie”.

Les chercheurs du Center for American Progress se montraient néanmoins beaucoup plus alarmistes.

“Wall Street craint une crise imminente”, relevait Almas Sayeed dans un rapport lundi.

“Jusqu’à 2,2 millions de ménages pourraient perdre leur logement dans les années qui viennent”, notait-il, ajoutant que “plus de 1,2 million de biens hypothéqués ont été saisis en 2006, 42% de plus qu’en 2005”, aux Etats-Unis.

 12/03/2007 18:15:30 – © 2007 AFP