LA
POLITIQUE DE COOPÉRATION DE LA FRANCE EN TUNISIE
La
coopération culturelle, scientifique et technique entre la France et la
Tunisie est régie par des conventions de coopération dont la dernière,
signée le 26 juin 2003, est le résultat de la convergence de vues sur les
nécessaires évolutions du cadre de coopération.
La France est traditionnellement très présente en Tunisie. Cette présence
est mesurable aujourd’hui à l’aune de ses investissements économiques mais
également de sa coopération, laquelle, outre son importance au plan
financier, se distingue des autres coopérations bilatérales par deux
particularités : la communauté de langue, qui est un legs de l’Histoire, et
la familiarité qu’entretiennent de très nombreux acteurs tunisiens de cette
coopération avec leurs homologues français, soit pour avoir étudié eux-mêmes
en France, soit à travers les échanges réguliers et anciens établis de part
et d’autre de la Méditerranée entre les administrations, les institutions
universitaires, les centres de recherche ou encore les divers secteurs de la
vie culturelle.
La coopération
française en Tunisie est marquée depuis de nombreuses décennies par son
importance et sa diversité. Elle se transforme depuis quelques années afin
de s’adapter aux évolutions tunisiennes et s’inscrit aujourd’hui dans un
dialogue partenarial qui s’est concrétisé par la signature du « document
cadre de partenariat » lors de la visite officielle en France du Premier
Ministre de la République tunisienne, M. Mohamed Ghannouchi (3-4 mai 2006) .
L’Ambassade de France
s’efforce de promouvoir le plus largement possible cette nouvelle approche
de la coopération, fondée sur la concentration des moyens sur ces secteurs
prioritaires, sur l’évaluation systématique des projets en cours et achevés,
ainsi que sur l’inscription de cette coopération dans le dialogue euro
méditerranéen. En 2006, trois grandes priorités sectorielles ont concentré
près de 90% des crédits de coopération : l’enseignement supérieur et la
recherche, la modernisation de l’appareil administratif et le soutien à la
francophonie.
La coopération technique
En matière de
coopération technique, l’Ambassade de France s’emploie à financer des
projets conformes aux axes définis en commun : recherche pour le
développement (ressources agricoles – palmier dattier et agrumes en
particulier –, santé animale et lutte contre les grandes épizooties), appui
à la société civile dans ses efforts en faveur de l’environnement, du
développement durable et de la jeunesse en difficulté, modernisation de
l’administration. Sur ce dernier point, notre action accompagne les «
jumelages institutionnels » financés par l’Union européenne.
Cette rationalisation
fait apparaître l’importance des liens intellectuels et culturels qui n’ont
pas cessé de se renforcer grâce à la politique d’échange et de mobilité
voulue de part et d’autre. C’est la raison pour laquelle la coopération
française continue à réserver, dans la programmation de ses moyens, un
volume important de crédits pour financer des bourses d’études, au niveau du
troisième cycle universitaire et des grandes écoles d’ingénieurs et de
commerce, complétant ainsi l’effort financier remarquable consenti par le
gouvernement tunisien. Le nombre de ces bourses est de quelque 300 par an.
De par ses
caractéristiques traditionnelles, la coopération franco-tunisienne favorise
les relations de capillarité entre les deux rives de la Méditerranée ainsi
que l’ancrage européen de la Tunisie. Il en est ainsi, par exemple, de la
coopération médicale, largement assise sur les relations privilégiées
qu’entretient le corps médical tunisien avec son homologue français,
notamment au travers des relations entre les centres
hospitalo-universitaires. Sur un autre plan, l’existence d’une importante
coopération en matière de recherche universitaire à travers le Comité mixte
de coopération universitaire (CMCU) ainsi que les nombreux accords qui lient
les centres de recherche français et tunisiens procède du même souci. Plus
généralement, l’Ambassade de France fait de son soutien à la formation des
cadres une constante de sa coopération, en aidant les “ pôles d’excellence ”
que sont l’Institut préparatoire aux études scientifiques (IPEST), l’École
normale supérieure (ENS) et l’Institut préparatoire aux études de lettres et
en sciences humaines de Tunis (IPELSHT), mais aussi en s’impliquant dans
l’évolution du système d’enseignement supérieur tunisien vers les standards
internationaux de compétences et la professionnalisation. Un soutien
particulier a ainsi été apporté à la politique du gouvernement sur les
“filières courtes” par un projet consacré aux Instituts supérieurs d’études
technologiques dont les résultats sont unanimement salués.
La coopération
linguistique
La
coopération linguistique a pris une nouvelle ampleur en 2002 avec le
démarrage d’un projet FSP d’amélioration de l’enseignement du français à
l’école de base et au lycée. Ce projet a été complété par l’adoption en
octobre 2006 d’un projet FSP de 3,3 millions d’euros pour la rénovation du
français dans l’enseignement supérieur. Ce projet vise à moderniser les
départements de français, à favoriser les filières en langue appliquée et
les filières professionnalisantes, à accompagner la réforme des instituts de
formation initiale des métiers de l’éducation en y introduisant de nouvelles
approches (centres d’auto-apprentissage en français et formation à
distance). À l’université, la présence de coopérants dans la plupart des
départements de français contribue à renforcer les liens entre les facultés
tunisiennes et françaises. L’Institut français de coopération a
parallèlement modernisé son offre de cours de français en réponse à une
demande croissante, l’inscrivant dans les standards européens. Il répond
ainsi aux attentes du public tunisien (le taux de réinscription atteint
maintenant 70%). Le même souci de qualité caractérise l’offre de formation à
destination des entreprises, dont les demandes ont cru très rapidement : 13
000 inscrits fréquentent le centre de langue.
Cette
coopération linguistique n’a pas pour cible unique les couches
intellectuellement et économiquement privilégiées de la société tunisienne.
Elle cherche aussi à toucher un public plus large, en associant davantage
les médias radios et presse écrite à ses activités.
Cet
objectif pourra également être atteint à travers le réseau tunisien de la
lecture publique. L’important programme pluriannuel lancé à la fin de
l’année 2005 décuplera les aides dispensées aux bibliothèques de prêt de ce
réseau et favorisera la publication et la diffusion d’œuvres destinées à la
jeunesse. Un appui aux éditeurs tunisiens est également assuré par
l’intermédiaire du programme d’aide à la publication.
La
coopération culturelle
Le
souci de ne pas agir exclusivement en direction des populations urbaines a
conduit l’Ambassade à poursuivre et à intensifier ses interventions
culturelles dans l’intérieur du pays, notamment à partir de la Maison de
France à Sfax et de l’antenne de l’Institut français de coopération à
Sousse. Au-delà, l’IFC s’attache à maintenir une offre culturelle
francophone attractive de qualité, dans l’ensemble des secteurs de la
création, partout où des structures locales se montrent disposées à les
accueillir. Par ailleurs, l’Institut français de coopération et l’Ambassade
de France développent des actions de coopération visant à répondre à la
demande croissante de formation et de professionnalisation du secteur
culturel qui se modernise et s’ouvre de plus en plus à l’international. Le
soutien apporté à de nombreux opérateurs culturels institutionnels ou privés
s’inscrit dans cette politique et vise aider au développement et à la
structuration de l’environnement économique de la culture (Centre national
des arts du Cirque, Centre méditerranéen de la danse contemporaine,
coopération Bibliothèque Nationale de Tunisie / Bibliothèque Nationale de
France…). L’invitation régulière d’intellectuels et d’auteurs français en
Tunisie permet d’enrichir le débat d’idées et le dialogue interculturel.
Les établissements scolaires français
Enfin, les établissements scolaires français de Tunisie complètent ce
dispositif en accueillant, pour un peu moins de la moitié de leurs
effectifs, les enfants des familles tunisiennes qui le souhaitent.
Aujourd’hui, plus de 2600 enfants tunisiens effectuent leur scolarité au
sein des établissements français en Tunisie, à Tunis bien sûr, mais aussi à
La Marsa, à Mégrine, à Sousse, à Nabeul et à Bizerte. Un plan de rénovation
immobilière de 4,5 millions d’euros a été lancé en 2006. Ce plan permettra
d’inscrire l’école Robert-Desnos, le futur collège sur le site de l’école
Marie-Curie et le lycée Pierre-Mendès-France dans la modernité
architecturale et pédagogique : les nouveaux bâtiments proposeront de
nombreux espaces multimédia et toutes les salles de cours seront équipées en
informatique.
LA COOPÉRATION FRANÇAISE EN
QUELQUES CHIFFRES
Les
moyens financiers dont dispose le service de coopération et d’action
culturelle pour 2007 s’élèvent à 12,7 millions d’euros. S’y ajoutent les
crédits de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE),
destinés au fonctionnement des écoles françaises en Tunisie et qui s’élèvent
à 11 millions d’euros.
La
coopération française en Tunisie, c’est ainsi :
–
120 personnels administratifs qui travaillent dans les implantations du
service de coopération et d’action culturelle – Institut français de
coopération de Tunis, Sfax et Sousse.
–
142 professeurs qui enseignent au Centre de langue de l’Institut
français de coopération.
–
20 coopérants présents en Tunisie à la date du 31 décembre 2006, dont 10
travaillant dans les départements de français des universités tunisiennes et
de l’École normale supérieure de Tunis, 6 dispensant des cours à l’IPEST et
4 chefs de projets : enseignement supérieur technologique (ISET) ;
valorisation du site archéologique de Dougga et de sa région ; rénovation de
l’enseignement du français dans le système éducatif tunisien., livre et
lecture publique.
–
10 établissements scolaires français (7 écoles primaires et 3 lycées et
collèges) comprenant plus de 5200 élèves (Français : 52 %, Tunisiens
: 39 %, tiers : 9 %) et environ 600 personnes chargées de
l’enseignement (dont 273 professeurs français titulaires), de l’encadrement
et du fonctionnement des établissements, pour un budget total annuel de
fonctionnement de l’ordre de 29 millions de dinars.
–
290 étudiants boursiers du gouvernement français (études de 3e cycle et
élèves des grandes écoles).
–
800 mensualités de boursesde stage ou séjours scientifiques de haut
niveau.
–
700 missions d’experts français en Tunisie chaque année, en moyenne,
tous secteurs confondus.
–
1 000 jours d’invitations de personnalités tunisiennes en France.
–
13 000 enfants, adolescents et adultes qui apprennent la langue française ou
en perfectionnent la maîtrise chaque année, grâce aux cours dispensés
par le Centre de langue (à Tunis, à Sfax, à Sousse, à Gabès et dans
plusieurs dizaines d’entreprises tunisiennes).
–
Plus de 52 500 documents imprimés ou multimédia mis à la disposition des
quelque 7 130 adhérents (jeunes et adultes) des médiathèques à Tunis,
Sfax et Sousse.
LES ÉTUDIANTS TUNISIENS EN
FRANCE
Plus de 9 000 étudiants
tunisiens sont inscrits pour l’année universitaire en cours dans des
établissements d’enseignement supérieur français relevant du Ministère de
l’éducation nationale. En cinq ans, le nombre de ces étudiants s’est accru de
72%. Il convient toutefois de relever que seuls 5 543 d’entre eux sont en
situation de mobilité effective, l’autre partie correspondant aux étudiants
issus de familles tunisiennes résidant déjà en France.
Ces chiffres peuvent être
rapprochés des données disponibles pour les étudiants tunisiens effectuant
une expérience de mobilité dans d’autres pays : Allemagne (1 781) ; Canada
(927) ; Ukraine (795) ; Roumanie (460) ; Etats-Unis (133) ; Belgique (112).
Depuis juin 2005, les Tunisiens souhaitant se rendre en
France pour y poursuivre leurs études disposent d’un nouveau service de
l’Ambassade : le Centre pour les
études en France (CEF). Grâce à son site web (www.tunisie.campusfrance.org ), son service de messagerie électronique et ses trois
espaces d’accueil et de documentation (à la Médiathèque Charles-de-Gaulle de
Tunis, au Centre culturel français de Sfax et au Relais culturel français de
Sousse), le CEF aide les jeunes Tunisiens à construire leur projet d’études
en France. Il les guide également dans les démarches préalables à la demande
de visa pour études. Chaque étudiant dispose d’un espace personnel en ligne
qui lui permet de suivre en temps réel le traitement de son dossier. La
création du CEF s’est accompagnée d’une augmentation du nombre de demandes
de visa pour études (+ 11% entre 2004 et 2006) et d’une baisse du taux de
refus (- 4,5% entre 2004 et 2006).
Malgré l’accroissement très important de l’offre de
formation supérieure en Tunisie, le gouvernement tunisien continue de
consentir un effort important pour la formation à l’étranger des futurs
cadres du pays et notamment en France, puisqu’il a accordé, en 2005, 476
bourses (1er, 2ème et 3ème cycles), dont
435 pour des études au sein d’établissements français. Le nombre total
d’étudiants tunisiens boursiers à l’étranger s’élève ainsi à 1 923, dont 1
486 en France.
Cette volonté est accompagnée par la France, qui souhaite
maintenir sa politique d’accueil des futures élites francophones. C’est
ainsi que l’ambassade de France à Tunis attribue chaque année des bourses
aux étudiants admis dans une
« grande école » (école polytechnique, école centrale, école
des mines, école nationale supérieure des télécommunications, HEC, écoles
supérieures de commerce, école nationale de l’aviation civile). Elle
soutient également les étudiants
préparant une thèse en université française.
S’agissant des grandes
écoles, le nombre total d’étudiants boursiers du gouvernement français en
2007 est de 102. Dans le domaine des études doctorales, 95 séjours de 6 mois
seront financés en 2007 dans le cadre de travaux de thèse en cotutelle et un
total de 52 boursiers effectuent un séjour d’une durée moyenne de trois ans
en France, ce qui correspond à une quinzaine de bourses nouvelles en rythme
annuel. Les principales filières concernées sont les sciences exactes, les
sciences de l’ingénieur et les sciences économiques, suivies de manière plus
modeste par les sciences humaines et sociales.
La sélection des candidats se fait en plusieurs étapes. Des
appels à candidatures sont publiés simultanément sur les sites de l’Institut
français de coopération et du Ministère tunisien de l’enseignement
supérieur. Des commissions franco-tunisiennes se réunissent plusieurs fois
par an en tant que de besoin.
Les grands organismes de recherche ainsi que certaines
régions françaises complètent ce dispositif par l’attribution de bourses
d’études en cotutelle, faisant ainsi de la France le partenaire de référence
de la Tunisie, tant en matière de formation spécialisée que dans le domaine
de la recherche.
(Source : Service de
coopération et d’action culturelle)