[13/03/2007 09:36:25] PARIS (AFP) Cinq prix Nobel d’économie américains estiment, à un peu plus d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, que la France a des atouts mais qu’elle doit laisser respirer son économie et redonner le goût au travail. Dans une série d’entretiens publiés mardi par les Echos, les économistes dressent un tableau de l’économie française face à la mondialisation. “J’observe que les Français sont parmi les habitants du G7 (groupe des sept pays les plus industrialisés, ndlr) les moins motivés au travail. C’est incroyable!”, affirme l’économiste Edmund Phelps, prix Nobel 2006. “Les Européens ne croient plus au travail comme moyen d’épanouissement”, estime-t-il plus généralement. Son confrère Robert Solow, prix Nobel de 1987, reconnaît qu’en termes de productivité, la France est très performante. Mais les 35 heures ont été, selon lui, un échec. “Le nombre d’heures de travail en moyenne n’a guère évolué”, indique-t-il, ajoutant que l’impact des 35 heures “a donc été minime”. “Le taux de croissance de l’économie française n’est pas assez élevé. Elle ne s’est pas assez réformée”, juge pour sa part l’économiste Gary Becker (prix Nobel 1992), pour qui la France est handicapée par un marché du travail pas assez flexible.
“Les entreprises devraient notamment avoir davantage de marge de manoeuvre pour licencier les employés qui ne leur conviennent pas. Les charges qui pèsent sur le travail sont également trop lourdes. Le salaire minimum, que certains candidats à la présidentielle veulent augmenter, est au contraire trop élevé”, considère-t-il, en jugeant que le principal atout de la France est son “capital humain”, outre la créativité et une “excellente” fonction publique. Edward Prescott (Nobel 2004), juge que “l’économie française est en bonne santé”, jugeant toutefois qu’il faudrait réduire “la forte pression fiscale”. “Si la France ramenait ses taux d’imposition au niveau américain, le produit des impôts serait du même ordre qu’aujourd’hui, car après une période de transition, la production serait 40% plus élevée”, explique-t-il, en jugeant que le pays a tort de craindre la mondialisation. Enfin, Paul A. Samuelson, prix Nobel 1970, dresse lui un tableau sombre, estimant que “la France fait partie des pays européens au modèle le moins efficace”. “Elle n’a pas su s’adapter aux nouvelles réalités de l’économie mondiale”, ajoute-t-il, estimant que “les Français aujourd’hui devraient tolérer la remise en question de certains privilèges et accepter que leur société soit davantage inégalitaire”. |
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