[13/03/2007 11:59:46] PARIS (AFP) La spéculation sur le yen faible, qui inquiète les Européens, est repartie de plus belle après une pause lors de la récente tourmente boursière et ne devrait guère s’arrêter en raison de l’écart considérable de taux d’intérêt entre le Japon et le reste du monde. Après être tombé rapidement de 120 yens à 116 yens, le dollar a recommencé à s’apprécier face à la monnaie nippone et s’échangeait à 117,39 yens mardi en milieu de journée. Le phénomène est encore plus marqué avec l’euro: après avoir chuté de plus de 159 yens à 151 yens environ, la monnaie unique est remontée à 154,64 yens mardi. “La situation sur les marchés boursiers semble à peu près stabilisée”, ce qui rassure les investisseurs et les incite à reprendre les opérations de “carry trade”, à savoir des emprunts en yen, zone où les taux d’intérêt sont très faibles, qui sont ensuite convertis dans des devises plus rémunératrices comme l’euro ou le dollar, estime Danielle Schweisguth, économiste de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). Ces transactions spéculatives ont déjà fait chuter la devise nippone à des plus bas historiques au début de l’année. Et ce en dépit des appels à la prudence lancés par le G7 ou le FMI aux investisseurs sur les marchés. “Le différentiel de taux d’intérêt reste intéressant et important”, souligne Mme Schweisguth, et s’il n’y a pas de nouvel “effondrement boursier, le carry trade devrait continuer”. La banque centrale nippone a bien relevé le 21 février son taux directeur d’un quart de point à 0,50%, mais alors que la déflation reste une menace au Japon, tout resserrement monétaire supplémentaire restera limité dans le court terme. Le fossé avec le reste du monde reste énorme. La Banque centrale européenne, de son côté, vient de relever son principal taux d’intérêt d’un quart de point à 3,75% et les économistes table sur une ou deux hausses équivalentes d’ici la fin de l’année. Aux Etats-Unis, le ralentissement de la croissance et les craintes liées aux prêts bancaires risqués et au retournement du marché de l’immobilier pourraient inciter la Réserve fédérale à baisser légèrement son principal taux d’ici la fin de l’année. Mais, à 5,25%, celui-ci reste très largement supérieur à celui du Japon. Des pays plus petits à taux élevés, comme la Nouvelle-Zélande, la Turquie ou l’Afrique du Sud, agissent aussi comme un aimant auprès des épargnants japonais, notamment les retraités, toujours plus nombreux. “Il faut donc s’attendre à la poursuite durable du carry-trade sur le yen”, affirme Patrick Arthus, économiste de Natixis. Le yen devrait toutefois reculer de façon progressive et ne pas dépasser ses planchers d’avant la récente crise boursière. “Le petit pic de volatilité” des dernières semaines sur les marchés financiers “pose un peu une limite de dépréciation du yen”, juge Danielle Schweisguth, qui évalue le plancher de la monnaie nipponne à 120 yens pour un dollar et 160 yens pour un euro. Pour Véronique Riches-Florès, économiste en chef de la Société Générale, il ne devrait pas y avoir de remontée “agressive” du yen à court terme: “on ne prévoit pas de battre les précédents” records de l’euro/yen ou du dollar/yen, dit-elle. Pour Mathilde Lemoine, économiste en chef de la banque HSBC, ces taux de change devraient se stabiliser d’ici six mois. Elle juge que la crise boursière des dernières semaines a sonné l’alarme. “Il faudrait qu’on reparte dans une perspective de hausse des taux américains” pour que le carry trade reprennent un rythme aussi affolant qu’avant, juge-t-elle. |
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