[13/03/2007 17:44:50] NEW YORK (AFP) Le groupe de télévision et cinéma Viacom a décidé d’attaquer en justice Google et sa filiale YouTube pour piratage, en leur réclamant un milliard de dollars d’indemnités, prenant la tête des assauts d’une partie des médias classiques contre les vedettes d’internet. Viacom (chaînes MTV, Comedy Central, studios Paramount…) a durci sa position après des mois de négociations où il n’a pas trouvé d’accord sur la “juste compensation” qu’il réclamait au site de clips vidéos YouTube. Viacom avait déjà donné un ultimatum début février en exigeant de YouTube le retrait de 100.000 extraits pirates de ses émissions. YouTube en a retiré de nombreux depuis, mais beaucoup y figurent encore, car chaque jour les internautes en postent de nouveaux. Viacom poursuit Google et YouTube pour “violation massive et intentionnelle des droits d’auteur” et explique qu’il demande “plus d’un milliard de dollars de dommages et intérêts, ainsi qu’une injonction interdisant à Google et YouTube de violer les droits d’auteur à l’avenir”. Viacom argue que “près de 160.000 clips non-autorisés extraits de ses émissions ont été diffusés sur YouTube” et que ces clips ont été vus “plus de 1,5 milliard de fois”. Viacom lance une attaque de fond contre toute l’activité de YouTube et Google qui ont selon lui “un modèle économique clairement illégal”, fondé sur des recettes publicitaires liées à des contenus pirates, alors que d’autres distributeurs ont eux conclu des accords pour une diffusion légale. Il prend ainsi la tête du combat d’une partie des médias classiques — télévisions, studios de cinéma, groupes de presse, maisons d’édition — qui attaquent en justice Google ou YouTube, mais aussi d’autres groupes internet, pour piratage. Plusieurs maisons d’édition ont ainsi porté plainte contre le projet de Google de numériser les livres mondiaux, et des groupes de presse, dont l’Agence France-Presse, contre les pages d’actualités de Google. Dans certains cas, Google a conclu des accords de partage de revenus. Google a récemment perdu un procès contre des journaux belges francophones, qui estimaient que le site d’actualité de Google Belgique violait leur droit d’auteur en indexant articles et photos sans leur accord. La plupart des médias ont cependant pour l’instant préféré composer avec Google, YouTube et les autres, en échange généralement de la promesse d’un partage de recettes publicitaires, même si dans le cas de YouTube par exemple ces recettes sont encore inexistantes. Google et YouTube cristallisent les récents conflits mais de nombreux autres ont éclaté ces derniers mois sur les droits d’auteurs, a souligné à l’AFP Martin Olausson, analyste du cabinet Strategy Analytics. Des maisons de disques ont ainsi attaqué Yahoo! ou encore le site de socialisation MySpace. Pour lui, l’affaire s’inscrit dans une plus vaste querelle entre anciens et modernes, qui devra se terminer par des compromis. “Il y a actuellement beaucoup de frictions entre les médias établis, propriétaires de contenu, et les nouveaux médias internet devenus grand public, comme YouTube ou MySpace. Ils ont deux modèles différents: se faire payer pour leur contenu ou mettre des publicités autour de contenus créés par d’autres”, a-t-il expliqué. “Ils n’essaient pas de détruire Google, qui ne serait pas détruit même s’il devait payer un milliard, mais de parvenir à un accord satisfaisant pour tous”, selon lui. “Le secteur des médias doit encore trouver un modèle durable qui respecte les droits et les recettes de tous. Il y a aura de plus en plus de procès de ce genre contre les agrégateurs de contenu internet et la situation empirera avant de s’améliorer”, a renchéri Carmi Levy, analyste du cabinet Infotech. |
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