France : l’aéronautique, en croissance mais fragile, veut un soutien public

 
 
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L’arrière d’un A380 (Photo : Mark Ralston)

[13/03/2007 14:32:55] PARIS (AFP) La croissance de l’industrie aéronautique et spatiale française est restée forte en 2006, mais les industriels s’inquiètent de la fragilité de sa rentabilité, illustrée par les déboires d’Airbus, et demandent un soutien public en recherche-développement.

L’industrie aéronautique et spatiale a enregistré en 2006 un chiffre d’affaires de 32,1 milliards d’euros, en hausse de 9%, dont 9,2 milliards pour les équipementiers (+13%), a indiqué mardi le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas).

Le président du Gifas, Charles Edelstenne, également président de Dassault Aviation, a notamment relevé les succès du secteur civil (+16%) et le niveau record des exportations (18,7 milliards d’euros).

Les commandes ont reculé de 7% par rapport à une année record en 2005, mais elles restent à un très haut niveau (50,2 milliards d’euros). Le recul est plus prononcé pour les équipementiers (-12% à 8,6 milliards) et reflète “les premiers effets des retards de l’Airbus A380”, selon M. Edelstenne.

Airbus a perdu 572 millions d’euros en 2006, en raison essentiellement des difficultés des programmes A380, A350 et A400 M (transport militaire).

“C’est une chance que les problèmes se soient posés quand toute l’industrie était en croissance”, a estimé M. Edelstenne en saluant le “dynamisme” du secteur qui emploie 132.000 salariés dans l’aéronautique, l’espace et l’électronique de défense.

Mais il est resté évasif sur les perspectives 2007, car “les années d’élection ne sont pas bonnes”.

Il a mis l’accent sur la fragilité du secteur, au-delà du cas Airbus, du fait des “défis du dollar et des nouveaux concurrents”. “40% de nos marges s’envolent en fumée en raison du dollar”, a rappelé M. Edelstenne, un impact qui s’ajoute à l’effet de la concurrence des pays à bas salaires, tels l’Inde ou la Chine.

“Il y a fragilisation de la chaîne des fournisseurs, et la délocalisation partielle est devenue le meilleur moyen de maintenir des emplois en France”, a-t-il estimé.

M. Edelstenne a salué les aides gouvernementales promises aux sous-traitants victimes de la crise d’Airbus, mais a ajouter: “à ma connaissance il n’y a pas encore d’argent versé”.

D’après lui, la restructuration des achats d’Airbus “concentrera le secteur des équipementiers autour de ceux qui pourront prendre tous les risques avec lui, comme cela s’est fait dans l’automobile”.

“Les marges sont faibles, alors qu’il faut consentir pour les prochaines années une intense activité de recherche-développement, l’Etat doit prendre conscience que l’industrie ne peut le supporter seul”, a aussi indiqué M. Edelstenne.

Selon lui, “les crédits publics pour les programmes d’aéronautique civile ont chuté de 50% depuis 1990 et ceux pour la défense de 37% (…) ” .

“Il faut réduire” le handicap face aux Etats-Unis, a-t-il lancé en relevant que “le gouvernement Bush a décidé à la fin 2006 d’un appui massif de l’Etat fédéral à la RD aéronautique”.

M. Edelstenne s’est dit “favorable au maintien d’avances remboursables publiques sur les nouveaux programmes, au moins pour les motoristes et les équipementiers”.

“La fin de la décennie va constituer un tournant pour l’industrie aéronautique française et européenne. Le soutien au niveau voulu des gouvernements est indispensable en ayant en tête la permanence de la puissance américaine”, a-t-il conclu.

 13/03/2007 14:32:55 – © 2007 AFP