Télécommunications : Robert Lee est parti, mais le monde de Tunisiana ne va pas s’effondrer
Le
passage de son ancien co-directeur général et directeur commercial fait
certainement mal à Tunisiana. Mais l’opérateur privé de téléphonie est bien
armé non seulement pour y survivre mais également pour poursuivre son
expansion.
‘’Un seul être vous manque et tout est dépeuplé’’, a-t-on coutume de
dire. Après le départ de Robert Lee, ancien co-directeur général et
directeur commercial, le monde de Tunisiana va-t-il se dépeupler, ou, pire,
s’effondrer ? Certainement pas. Bien sûr, Robert Lee est une compétence
confirmée, et avec son passage chez Tecom, actionnaire de Tunisie Télécom,
l’opérateur privé de la téléphonie court le risque de voir ses secrets
stratégiques déballés. Mais quelle que soit l’ampleur des dégâts que lui
occasionne cette défection, Tunisiana ne va certainement pas en mourir.
D’abord, parce que dans un secteur des télécommunications qui bouge et
change très rapidement, les secrets ont une durée de vie assez courte et une
importance relativement relative. Ce qui veut dire qu’une entreprise peut
s’adapter assez rapidement à une situation semblable à celle à laquelle
Tunisiana est confronté.
Ensuite, Tunisiana n’est pas du genre d’entreprise –à supposer qu’il en
existe encore- dont le sort dépend d’une personne, si compétente soit-elle.
En effet, entré en activité en 2002 avec près de 300 employés, l’opérateur
privé de téléphonie en a aujourd’hui près de 1300, avec un des taux
d’encadrement –supérieur à 45%- parmi les plus élevés en Tunisie.
De plus, même s’il y a contribué, Robert Lee n’a pas été le seul artisan du
succès de Tunisiana. Cette réussite est le fruit d’un travail d’équipe dont
ce transfuge n’était pas, de surcroît, le seul chef. De fait, Robert Lee
était co-directeur général avec Scott Gegenheimer. Titulaire d’un MBA
Finance, actif dans les sphères de la haute finance depuis près d’une
vingtaine d’années, et spécialiste de l’analyse et de la planification
financière, de la gestion de trésorerie et de la négociation des contrats,
ce dernier a exercé ses talents pour le compte de start-ups spécialisées
dans les technologies de l’information, d’opérateurs de téléphonie mobile
comme Wataniya Telecom (l’opérateur GSM leader au Koweït), et, surtout, de
grandes entreprises mondiales comme Cisco Systems, et Motorola.
Scott Gegenheimer est aujourd’hui aux commandes avec Hisham Siblini.
Titulaire d’un mastère en systèmes de radiocommunication, spécialité réseaux
mobiles, délivré par l’Ecole nationale supérieure des télécommunications (ENST)
de Paris, Hichem Siblini a d’abord été consultant du cabinet spécialisé
Telemate Mobile Consultants. A ce titre, il a mené des missions auprès des
plus grands opérateurs mobiles mondiaux, notamment France Télécom et France
Télécom Mobiles International, avant d’être recruté par le groupe Orascom
Telecom, comme directeur de la planification réseau.
Hisham Siblini veille aujourd’hui –lourde responsabilité- à la qualité du
réseau Tunisiana. Des choix technologiques et de la pertinence des études
d’implantation réalisées par la direction technique, que chapeaute cet
homme, dépendent la fluidité et la qualité des communications sur le réseau
Tunisiana. Des études que Tunisiana réalise, grâce à lui, en interne, alors
que beaucoup d’opérateurs GSM préfèrent les sous-traiter, le plus souvent
auprès des équipementiers.
Tunisiana c’est des hommes et des femmes au profil très pointu, mais
également de méthodes d’organisation et de gestion à la pointe du progrès
encore peu répandues parmi les entreprises tunisiennes. D’ailleurs, sans
Tunisiana, le GSM ne se serait pas «popularisé » aussi rapidement, et,
surtout, le prix de l’abonnement ne serait pas tombé, en près de trois ans,
de 150 à 5 dinars.