Finance : L’UE reste la première destination des IED, les USA rentrent dans le «TOP TEN»
L’investissement direct étranger change de physionomie
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En
expansion généralisée dans le monde depuis trois ans, l’investissement
étranger direct (IDE) a connu une forte augmentation en 2006, atteignant 1,2
billion de dollars. Surtout, l’IED connaît un changement marqué de
physionomie se traduisant notamment par l’apparition des STN (Sociétés
Transnationales) des pays en développement en tant qu’investisseurs
importants. C’est ce qui ressort d’une note du secrétariat de la CNUCED
intitulée «La nouvelle physionomie de l’investissement étranger direct :
quelques faits marquants», présenté lors de la onzième session de la
Commission de l’Investissement, de la Technologie et des questions
financières connexes, relevant du Conseil du Commerce et de Développement
(Genève, 8-14 mars 2007).
D’après des estimations préliminaires de la CNUCED, l’investissement
étranger direct (IED) a atteint 1,2 billion de dollars en 2006, ce qui
représente une augmentation appréciable par rapport aux 916 milliards de
2005, approchant le niveau record de 1,4 billion enregistré en 2000.
L’expansion de l’IED pour la troisième année consécutive reflète aussi les
taux de croissance élevés enregistrés dans le monde entier.
En 2006, les deux tiers de l’IED, soit 800 milliards de dollars, sont allés
vers les pays développés (contre les trois cinquièmes en 2005). Cela
représente un accroissement exceptionnel, estimé à 48 %, par rapport aux 542
milliards de l’année 2005. Le phénomène tient en partie au fait que les
États-Unis sont redevenus une destination de l’IED.
En 2005, le pays ne figurait pas parmi les 10 principaux destinataires,
mais en 2006 il a recouvré sa place habituelle en tête (reléguant le
Royaume-Uni au deuxième rang), avec des entrées d’IED de 177 milliards de
dollars. L’Union européenne demeure la principale région hôte, avec 549
milliards de dollars.
Plus de 90 % des investissements dans les pays développés étaient
originaires d’autres pays développés, mais les investissements des STN des
pays en développement prennent de l’ampleur.
Les courants d’ED vers les pays en développement ont augmenté dans une
proportion plus modeste, mais non négligeable, de 10%, atteignant 368
milliards de dollars en 2006. Après les augmentations record de 2005, il
fallait s’attendre à ce ralentissement, mais l’évolution n’a pas été la même
dans toutes les régions en développement.
En Afrique, l’IED, qui a atteint un nouveau record de 39 milliards de
dollars et qui s’est porté de plus en plus vers des activités extractives, a
enregistré une augmentation de 25 % par rapport aux 31 milliards de 2005. La
demande soutenue de produits de base continue à stimuler l’IED des STN des
pays développés comme des pays en développement, surtout dans le secteur du
pétrole et du gaz.
Au premier semestre de 2006, les fusions/acquisitions internationales
dans les industries extractives et les activités de services connexes ont
été trois fois plus nombreuses que pour la même période de 2005. Toutefois,
l’IED dans la région présente des différences selon les secteurs, les pays
et les sous-régions.
La plupart des capitaux se portent vers l’Afrique de l’Ouest, du Nord et
centrale. L’apport d’investissement demeure faible dans les économies à
faible revenu dépourvues de ressources naturelles.
Le prix élevé du pétrole, la forte croissance du PIB et la libéralisation
ont provoqué en 2006 un accroissement notable, 23 %, de l’IED vers l’Asie de
l’Ouest, qui a atteint 43 milliards de dollars. La Turquie et les États du
Golfe riches en pétrole ont continué à attirer le plus gros de l’IED malgré
l’instabilité géopolitique qui règne dans certains pays de la sous-région.
L’industrie manufacturière et les services liés à l’énergie sont les
activités qui ont le plus bénéficié du phénomène.
Par rapport à l’Asie de l’Ouest et à l’Afrique, l’IED dans l’Asie du Sud,
de l’Est et du Sud-Est a enregistré en 2005 une croissance plus faible, mais
non négligeable, de 13 %, atteignant 187 milliards de dollars en 2006. Les
investissements des STN dans les industries de haute technologie progressent
rapidement. La Chine, Hong Kong (Chine) et Singapour sont restés les trois
principaux destinataires d’IED dans la région. L’Inde a supplanté la
République de Corée à la quatrième place. En revanche, l’IED de la région
vers l’extérieur a fait un bond, de nouveaux investisseurs comme la Chine et
l’Inde étant venus rejoindre les principales sources asiatiques de capitaux
comme la Malaisie, Singapour et la province chinoise de Taiwan.
Pour l’Amérique latine et les Caraïbes, des résultats provisoires font
apparaître pour 2006 une légère baisse de l’apport d’IED, qui est tombé à 99
milliards de dollars. Le Mexique et le Brésil sont demeurés les principaux
destinataires, avec des entrées de capitaux virtuellement inchangées dans le
premier et un accroissement de 6 % dans le deuxième. Le volume de l’IED au
Chili a augmenté de 48 % en 2006, grâce à l’augmentation continue des gains
réinvestis à la suite des bénéfices exceptionnels enregistrés dans les
industries extractives.
Les volumes d’IED en Colombie et en Argentine ont baissé de 52 % et 30 %
respectivement, par suite d’un recul des fusions/acquisitions
internationales. Entre autres facteurs, l’éventualité d’une modification des
réglementations, qui aurait pu s’étendre à d’autres pays, a peut-être
suscité des craintes chez les investisseurs, moins enclins à investir dans
le secteur primaire.
L’IED a enregistré le plus fort taux de croissance en Europe du Sud-Est
et dans la Communauté d’États indépendants, où il a augmenté de 55 % en un
an, atteignant 62 milliards de dollars en 2006, sixième année consécutive
d’augmentation dans la région. Les courants d’investissement étaient
concentrés dans trois pays −la Fédération de Russie, l’Ukraine et la
Roumanie− et dans quelques branches d’activité, principalement celles qui
sont liées aux ressources naturelles.
L’apport d’IED au principal pays hôte de la région, la Fédération de
Russie, a pratiquement doublé. L’IED a des chances de rester
particulièrement actif dans les pays qui ont adhéré à l’Union européenne le
1er janvier 2007 (Bulgarie et Roumanie). Pour la Fédération de Russie, en
revanche, les perspectives pourraient pâtir d’un durcissement de la
réglementation concernant les ressources naturelles et des controverses
qu’ont suscitées en 2006 la protection de l’environnement et les coûts
d’extraction (par exemple, à propos de deux grands projets pétroliers dans
l’île de Sakhaline).