Japon : malgré la reprise, la feuille de paie du “salaryman” ne bouge pas

 
 
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Des employés de Toyota dans le centre de production du constructeur à Toyota le 21 septembre 204 (Photo : Toru Yamanaka)

[19/03/2007 11:11:14] TOKYO (AFP) L’heure de l’augmentation aurait dû sonner pour le “salaryman” japonais, employé modèle et surmené, alors que les entreprises ont enfin surmonté de longues années de crise, dégagent des profits record et ont été invitées à la générosité par le gouvernement.

Mais alors que s’achèvent les traditionnelles négociations salariales de printemps, la plupart des sociétés ont fait preuve d’une certaine pingrerie, ce qui risque de retarder le rebond tant attendu de la consommation des ménages, jugé essentiel pour consolider la reprise.

Et ce, malgré une pénurie de main d’oeuvre qui devrait, en théorie, favoriser les salariés.

“Les travailleurs ne se sont pas rendus compte qu’ils sont rares et convoités. Ils ont l’air de se contenter d’être heureux d’avoir un emploi, leur principale préoccupation ces quinze dernières années”, remarque Richard Jerram, économiste chez Macquarie Securities à Tokyo.

“Ils ne profitent pas de leur position de force dans les négociations avec les patrons. Il est clair qu’il existe une pénurie de travailleurs qualifiés”, ajoute-t-il, “surpris” de ne pas voir de hausse salariale plus prononcée.

Lors de “l’offensive de printemps”, terme qui désigne les pourparlers salariaux annuels entre syndicats et patronat, de nombreuses grandes entreprises ont refusé d’accéder aux revendications des employés, arguant de la nécessité de maîtriser les coûts.

Le constructeur automobile Toyota, la première entreprise du Japon qui s’apprête à annoncer un nouveau bénéfice annuel record, n’a ainsi augmenté le salaire mensuel que de 1.000 yens (6,5 euros) pour chaque employé. Le syndicat maison réclamait une rallonge de 1.500 yens.

“En raison de la concurrence sur le marché automobile mondial et de la nécessité de préserver notre compétitivité à long terme, nous n’avons pas été en mesure de satisfaire leurs demandes à 100%”, a justifié le porte-parole de Toyota Tomomi Imai.

Ses concurrents Honda et Nissan ont eux aussi, pour la première fois depuis plusieurs années, accordé des hausses inférieures aux revendications.

“Nous avons été durs lors des négociations”, a reconnu le vice-président de Nissan chargé des ressources humaines Hitoshi Kawaguchi, excipant de la baisse des prévisions de résultats annuels.

Dans le secteur électronique, la plupart des entreprises ont également concédé des hausses inférieures aux demandes, invoquant la compétition féroce qui les oppose à leurs concurrentes sud-coréennes.

Même si, en janvier, on comptait au Japon 106 offres d’emplois pour seulement 100 demandes, les salaires ont diminué de 1,4%, la plus forte baisse mensuelle en près de trois ans, selon des statistiques officielles.

Une hausse du salaire moyen semble d’autant plus improbable à long terme que les salariés de la “génération du baby boom”, expérimentés et bien payés, ont commencé à partir massivement à la retraite et sont remplacés par des jeunes.

“Cela fera baisser les salaires en général, car les jeunes gagnent généralement beaucoup moins d’argent que les vieux baby-boomers”, expliquent les économistes de Barclays Capital qui prédisent que la chute du salaire moyen se poursuivra pendant cinq ans.

L’électronique, dont la compétitivité dépend largement des cerveaux de ses ingénieurs, fait toutefois figure d’exception: plusieurs grandes sociétés du secteur ont augmenté les salaires des débutants cette année afin d’attirer les jeunes talents dont elles ont besoin à tout prix.

 19/03/2007 11:11:14 – © 2007 AFP