France : les industriels laitiers inquiets des effets de la lutte contre l’obésité

 
 
SGE.GSB06.190307155705.photo00.quicklook.default-245x163.jpg
Une motte de beurre dans une laiterie (Photo : Fred Dufour)

[19/03/2007 15:57:25] PARIS (AFP) Le marché français des produits laitiers frais a connu une année 2006 meilleure que prévu, mais les industriels de la filière redoutent les effets des préoccupations nutritionnelles, notamment de la lutte contre l’obésité.

Le marché est resté “atone”, et la baisse des poids lourds du marché (lait demi-écrémé standard, beurre en plaquette, yaourts, fromages à pâtes molles) “n’a pu être compensée” par le développement d’autres petits segments (lait bio, beurres moulés ou allégés, yaourts à boire, fromages AOC, fromages de chèvre et de brebis..), a indiqué lundi l’Association de la transformation laitière française (Atla), qui représente les 320 entreprises privées et coopératives du secteur.

En 2006, la consommation totale des produits laitiers est “globalement restée stable” (+0,7% en volume), avec des évolutions contrastées sur les cinq grands marchés: lait de consommation (-1,4%), beurre (+0,7%), crème (+0,8%), ultra-frais (+0,5%) et fromages affinés (+0,6%), selon l’Atla.

L’an dernier, le solde positif (2,4 milliards) des produits laitiers français, a baissé de 2,3% par rapport à 2005, les importations (2,2 milliards) ayant progressé plus vite (+5,3%) que les exportations (+1,2%).

“Nous assistons à une offensive extrêmement violente contre les produits laitiers face à laquelle nous devons réagir”, a déclaré le président d’Atla, Olivier Picot.

Les industriels laitiers estiment que la “loi de santé publique et les messages sanitaires”, notamment pour promouvoir une alimentation plus saine et lutter contre l’obésité, contribuent “dans une démarche rivée sur le court terme, à faire des seuls produits manufacturés les responsables de la situation”.

Les industriels appréhendent surtout l’avis que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) doit rendre, début 2008, concernant les “profils” nutritionnels, c’est à dire les références de certaines compositions (sel, sucre, matières grasses, …). Ces références permettront de mentionner sur les produits des valeurs nutritionnelles (riche en calcium) ou de santé (bon pour les os).

“Nous risquons de nous voir interdire le fait de dire que le fromage est riche en calcium et de nous voir imposer une baisse massive du taux de matière grasse”, a expliqué M. Picot en dénonçant une “américanisation de la façon de fonctionner” alors que “la nutrition, ce n’est pas l’hygiénisme”.

La situation pourrait devenir inquiétante pour les industriels français pour lesquels les fromages représentent 50% des exportations de produits laitiers (4,5 milliards d’euros en 2006), qui jusqu’à présent ont bien résisté malgré la diminution des subventions de l’Union européenne.

D’autant que les spécialités françaises, centrées sur les fromages à pâtes molles et l’emmenthal, sont moins adaptées aux nouveau modes de consommation (“snacking”) que ceux des autres pays européens (edam, gouda, feta, etc.).

La filière laitière française, qui compte un peu plus de 110.000 fermes et emploie 400.000 personnes, a produit en 2006 22,585 milliards de litres de lait de vache), soit 17% de la collecte européenne (130 milliards), 441 millions de litres de lait de chèvre et de 255 millions litres de lait de brebis.

En 2006, les industriels laitiers ont réalisé un chiffre d’affaires de 24,2 milliards d’euros.

 19/03/2007 15:57:25 – © 2007 AFP