[19/03/2007 18:53:59] PARIS (AFP) L’idée d’une Opep du gaz gagne du terrain alors que des pays producteurs qui l’avait d’abord écartée, comme l’Algérie ou le Qatar, semblent désormais prêts à l’étudier à quelques semaines d’une rencontre au sommet sur ce sujet. D’après le quotidien russe Kommersant, cinq des principaux pays producteurs, l’Algérie, le Qatar, l’Iran, la Russie et le Venezuela, lanceront une “Opep du gaz” au cours d’une réunion du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) le 9 avril à Doha. Parallèlement, le ministre algérien de l’Energie et des Mines Chakib Khelil, qui jugeait “impossible” il y a quelques semaines encore un cartel gazier sur le modèle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a déclaré lundi qu’une telle structure pourrait voir le jour si des producteurs se montraient intéressés. M. Khelil a infléchi sa position après que le président algérien Abdelaziz Bouteflika eut estimé la semaine dernière qu’il ne fallait “pas rejeter a priori” cette idée. Son homologue qatari Abdallah Ben Hamad Al-Attiyah a lui aussi modifié sa rhétorique: début février, il déclarait que “la création d’une telle organisation n’avait pas lieu d’être”, avant d’affirmer début mars qu’il attendrait la tenue du forum du FPEG pour se prononcer. L’idée d’un cartel du gaz est revenue sur le devant de la scène depuis l’été, avec notamment la signature d’une alliance entre les compagnies russe Gazprom et algérienne Sonatrach, deux des principaux fournisseurs de gaz en Europe. Elle a été ravivée par le président russe Vladimir Poutine, qui l’a jugée début février “intéressante”. Toutefois, un cartel gazier fonctionnant comme l’Opep est difficile à concevoir en raison des caractéristiques du marché du gaz. “La différence essentielle réside dans le fait que le moyen d’action principal de l’Opep est de pouvoir faire varier sa production pour influer sur les prix”, remarque Francis Perrin, rédacteur en chef de la revue Le pétrole et le gaz arabes. Le pétrole s’échange sur des marchés financiers comme ceux de Londres ou New York et ne portent que sur des durées de quelques mois au plus, ce qui permet de faire varier la production. Le gaz naturel est lui aussi coté sur des places financières, mais cela ne concerne qu’une très faible part du marché. La grande majorité des achats se fait par contrats de gré à gré, généralement indexés sur le prix du pétrole, portant sur 15, 20 ans, voire plus. Le marché du gaz est par ailleurs très régionalisé, car cette matière est difficile à transporter, contrairement au pétrole. Il doit donc être distribué par gazoduc, ou, pour de plus longues distances, par méthaniers, ce qui nécessite de le liquéfier, un processus très coûteux. Pour M. Perrin, on peut “envisager un différent type d’organisation”, qui comprendrait des échanges d’informations, des études, une coopération pour les investissements et la promotion du gaz en tant qu’énergie. D’après lui, les pays membres d’un tel cartel pourraient, à défaut de jouer directement sur leur production ou sur les prix, se mettre d’accord pour tenter de renégocier leurs contrats existants, souvent peu avantageux au regard du marché actuel, plus tendu qu’il y a cinq ans. Il estime en revanche que les pays exportateurs de gaz ne devraient pas souhaiter remettre en question les contrats à long terme, “essentiels pour eux”, car ils leurs procurent un financement de long terme. Andreï Fedorov, analyste d’Alfa Bank, prédit quant à lui “une réaction négative des pays européens consommateurs de gaz, qui en réaction” à la création d’une Opep du gaz pourraient tenter de diversifier encore plus leurs approvisionnements. |
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