[20/03/2007 10:31:37] TOKYO (AFP) Deux des rares femmes japonaises à diriger une grande entreprise, les présidentes de Sanyo et Daiei, ont perdu leur fauteuil à 24 heures d’intervalle, deux ans à peine après leur ascension dans un pays réputé pour le machisme de ses milieux d’affaires. Tomoyo Nonaka, 52 ans, a démissionné lundi, officiellement pour “raisons personnelles”, de la tête du groupe électronique Sanyo en pleine phase de restructuration et sous le coup d’une enquête officielle pour des irrégularités comptables présumées. Selon le quotidien économique Nikkei, Mme Nonaka a été désavouée par le conseil d’administration qui a refusé d’ouvrir, comme elle le réclamait, une enquête interne sur les pratiques comptables de l’entreprise. Mardi, c’est la présidente du conseil d’administration de la chaîne de supermarchés Daiei, Fumiko Hayashi, 60 ans, qui a été rétrogradée au poste de numéro deux du groupe. Elle a été remplacée par un homme du géant de la distribution Aeon, qui a récemment acheté 15% du capital de Daiei. Mmes Nonaka et Hayashi avaient toutes deux été nommées en 2005. Sanyo et Daiei, deux groupes englués dans de profondes difficultés financières, avaient alors expliqué qu’ils avaient choisis ces dirigeantes justement pour leur statut de femmes.
Leur façon différente de penser, leur parcours à l’opposé de celui du salarié standardisé progressant dans la hiérarchie à l’ancienneté plutôt qu’au mérite, avaient été des facteurs déterminants. Mais les deux “battantes” n’ont pas connu la même fortune. Ex-journaliste vedette de la télévision, Mme Nonaka n’a jamais été vraiment acceptée par les cadres de Sanyo. Dès son arrivée, elle annonçait un plan de recentrage du groupe sur les technologies “vertes” et la défense de l’environnement, disant vouloir “écouter la voix de la Terre”. Le tout accompagné de 14.000 licenciements. “Nonaka a apporté de nouvelles idées mais elle avait très peu d’expérience en électronique. Au lieu d’une stratégie basée sur les produits, elle a adopté une stratégie abstraite, basée sur des slogans”, a sévèrement commenté Tatsuya Mizuno, analyste chez Fitch Ratings à Tokyo. A l’inverse, Mme Hayashi a conquis une forte popularité parmi les 15.000 employés de Daiei, une chaîne de supermarchés qui avait frisé la faillite mais qu’elle a contribué à remettre plus ou moins dans le droit chemin. Sa nomination avait été décidée dans l’espoir qu’elle aiderait à attirer le chaland en partant de l’hypothèse que, la clientèle des supermarchés étant majoritairement féminine, une femme était mieux à même qu’un homme de savoir comment la séduire. Fille d’un modeste courtier en légumes, Mme Hayashi avait débuté comme simple commerciale dans une concession automobile Honda. Elle avait ensuite fait un détour chez Volkswagen avant de prendre le volant de BMW-Tokyo comme directrice générale. Sa mise à l’écart de la présidence du conseil d’administration est la conséquence logique de la signature, le 9 mars, d’une alliance tripartite entre Aeon, Daiei et la maison de commerce Marubeni, afin de former une alliance qui dominera le secteur au Japon. A cette occasion, Aeon a acheté 15% de Daiei. “Le départ d’une femme dirigeante chez Sanyo n’a rien à voir avec Daiei. Hayashi conserve un poste de direction”, a insisté un porte-parole du groupe de supermarchés, assurant que “son rôle vital reste inchangé”. |
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