Airbus et Boeing se déchirent à l’OMC, avec la Chine en embuscade

 
 
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Le siège de l’OMC à Genève, le 20 mars 2007 (Photo : Fabrice Coffrini)

[20/03/2007 15:06:55] GENEVE (AFP) Américains et Européens se sont retrouvés pour la première fois mardi face aux juges de l’OMC afin de vider le différend Airbus-Boeing, tandis que l’émergence de la concurrence chinoise met en lumière la nécessité de règles universelles dans les aides à l’aéronautique.

La première audience du groupe spécial formé par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) afin d’examiner la plainte des Etats-Unis contre les subventions européennes à Airbus a commencé dans la matinée à huis clos à Genève, a-t-on appris auprès des protagonistes.

C’est la première fois que les deux camps comparaissent depuis que le gendarme des échanges mondiaux a accepté en juillet 2005 de se saisir de leur différend, qui promet d’être le plus lourd et le plus complexe qu’il ait jamais eu à connaître.

Les Etats-Unis dénoncent les aides au lancement dont Airbus bénéficie de la part d’Etats européens, tandis que Bruxelles demande à l’OMC de condamner différentes aides à Boeing versées par des Etats américains, le Pentagone et la Nasa.

L’audience survient au moment même où la Chine a annoncé lundi le lancement d’un programme aéronautique susceptible de concurrencer les deux constructeurs occidentaux, qui se partagent actuellement le marché mondial des appareils de plus de 100 places.

Airbus comme Boeing ont tout intérêt à se mettre d’accord sur une réglementation des aides à l’aéronautique s’ils veulent éviter que le gouvernement chinois ne déverse des milliards dans cette industrie naissante, estime-t-on dans le camp américain.

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Des personnes arrivent au siège de l’OMC, le 20 mars 2007 à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

“Nous avons un intérêt commun à mettre en place un ensemble de règles qui président au financement des programmes aéronautiques, non seulement dans le cas de l’Europe, mais aussi dans celui de pays qui aspirent à produire des grands appareils commerciaux, comme le Brésil, le Canada, la Russie et la Chine”, selon cette source.

Les deux avionneurs se rassurent en expliquant que les Chinois, qui ambitionnent de produire des avions de plus de 150 places, ne seront pas en mesure d’exporter avant 2020 et que le marché mondial croît suffisamment pour laisser cohabiter plusieurs constructeurs.

Mais les juges risquent fort de renvoyer Airbus et Boeing dos à dos, en condamnant les subventions américaines comme celles des Européens, comme ils l’avaient fait en 2003 dans l’affaire opposant le brésilien Embraer au canadien Bombardier, qui produisent des appareils de plus petite taille.

Malgré leurs plaintes réciproques déposées en octobre 2004 à l’OMC, Américains et Européens ont répété qu’ils étaient prêts à parvenir à un règlement négocié.

Washington se dit disposé pour une telle issue, mais souligne qu’Airbus, aux prises avec sa restructuration, n’est pas encore en mesure de négocier une nouvelle mouture de l’accord bilatéral de 1992 qui limitait les subventions des deux côtés.

Sauf accord à l’amiable, l’OMC doit rendre une première décision en septembre dans le cas des subventions à Airbus et en février 2008 dans le cas de Boeing.

L’audience doit se poursuivre mercredi puis être retransmise par vidéo jeudi, une fois que l’enregistrement aura été examiné par des représentants des deux parties. Airbus et Boeing veulent s’assurer qu’aucune information commerciale ou industrielle sensible n’est présentée au public.

 20/03/2007 15:06:55 – © 2007 AFP