Pétrole : le russe Rosneft s’endette pour acheter les derniers vestiges de Ioukos

 
 
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Le siège de la compagnie pétrolière russe Rosneft devant le Kremlin, le 4 juillet 2006 à Moscou (Photo : Denis Sinyakov)

[20/03/2007 12:33:06] MOSCOU (AFP) Le numéro deux du pétrole russe Rosneft a obtenu un prêt géant de 22 milliards de dollars qu’il compte utiliser pour s’offrir les derniers actifs de Ioukos, l’ex-empire de l’homme d’affaires Mikhaïl Khodorkovski, mais aussi procéder à des acquisitions à l’étranger.

Rosneft, groupe détenu à majorité par l’Etat russe, a indiqué mardi avoir obtenu auprès de huit banques internationales un prêt de 13 milliards de dollars, alors que sa filiale à 100% RN-Razvitiye a reçu 9 milliards de dollars.

“Les termes et les montants de ces prêts sont sans précédent pour un emprunteur sur le marché russe”, a commenté Rosneft.

Les banques néerlandaise ABN Amro, britannique Barclays, françaises BNP Paribas, Calyon et américaines Citibank, Goldman Sachs, JP Morgan et Morgan Stanley ont en effet accordé ces montants, pour une période de 12 à 18 mois, à des taux situés entre 0,25% et 0,5%.

Avec cet argent, Rosneft aura une plus grande marge de manoeuvre pour acheter des actifs de Ioukos et permettre ainsi à l’Etat russe de poursuivre sa reprise en main du secteur énergétique. La plus grosse partie des sommes empruntées devrait y être investie.

“Actuellement, le modèle d’entreprise de Rosneft présente un déséquilibre entre l’aval et l’amont. Nous produisons beaucoup plus de pétrole que nous ne pouvons en raffiner”, a souligné Sergueï Bogdantchikov, président de Rosneft.

“Pour cette raison, nous sommes intéressés par d’éventuelles acquisitions d’actifs de Ioukos, qui seront cédés lors de ventes aux enchères”, a-t-il ajouté.

Le groupe public a déjà largement contribué à démanteler l’ex-empire de M. Khodorkovski, après avoir racheté, à bas prix, sa principale filiale de production Iouganskneftegaz, qui lui a permis de tripler sa production de brut.

Mais il reste encore quelques pépites chez Ioukos, dont de grosses parts dans Rosneft, Gazprom Neft (filiale pétrolière du géant gazier Gazprom), et une série de grosses raffineries sur le sol russe.

L’essentiel des actifs restants de Ioukos, évalué à 26,8 milliards de dollars, aura été vendu d’ici août 2007, a déclaré début mars le liquidateur judiciaire du groupe, Edouard Rebgoun.

Curieusement, ce dernier a récemment été nommé au conseil de surveillance de Rosneft, alors que le plus gros actif entre les mains de Ioukos est justement une part de 9,44% dans Rosneft. Cette participation sera vendue aux enchères le 27 mars, pour un prix de départ de 195,5 milliards de roubles (3,44 milliards d’euros).

RN-Razvitiye a déjà déposé une demande auprès du Service fédéral russe antimonopole pour racheter pour un milliard de dollars d’actions de Rosneft, détenues par Ioukos.

Outre Rosneft, les géants russes comme Gazprom, Itera (gaz, l’assurance et l’immobilier) et Norilsk Nickel (nickel et du palladium) sont déjà sur les rangs, tout comme l’américain Chevron ou les italiens Eni (pétrole) et Enel (électricité).

Rosneft compte aussi faire des acquisitions à l’étranger, à l’image de ses compatriotes Gazprom ou Norilsk Nickel, qui affichent clairement leurs ambitions de développement en dehors de la Russie.

“Comme ces autres groupes russes, Rosneft va s’intéresser à des usines ou des centrales de distribution et de raffineries en Europe”, a estimé Nadia Kazakova, analyste du secteur pétrolier pour le groupe d’investissement MDM Financial Markets.

Mais malgré son emprunt géant, “Rosneft n’a pas encore l’envergure financière pour faire de grosses acquisitions à l’étranger. Il faudra attendre entre 2 et 3 ans pour cela, le temps de consolider les acquisitions dans Ioukos”, a estimé Mme Kazakova.

 20/03/2007 12:33:06 – © 2007 AFP