[20/03/2007 16:53:20] PARIS (AFP) Avec plusieurs années de retard, la France a transposé par décrets une directive européenne relative aux cultures des organismes génétiquement modifiés (OGM), au risque de susciter, en pleine campagne présidentielle, une nouvelle levée de bouclier chez ses opposants. Deux décrets fixant les conditions de contrôle des essais dans les champs et de mise sur le marché des OGM ont été publiés mardi au Journal Officiel, à un mois du premier tour de l’élection présidentielle, à laquelle se présente l’altermondialiste José Bové, grand pourfendeur des produits transgéniques. Il y avait urgence même si, comme le rappelle le ministère de l’Agriculture, les OGM cultivés en France étaient déjà “légalement autorisés à l’issue d’une procédure d’évaluation rigoureuse qui a démontré l’absence de risque pour la santé et l’environnement”. La Commission européenne avait demandé mi-décembre à la Cour de Justice d’infliger à la France une amende de 38 millions d’euros plus une astreinte journalière de plus de 360.000 euros, au motif qu’elle n’a pas transposé la directive depuis 2002. Un projet de loi avait été adopté par le Sénat en mars 2006, mais n’avait pas été examiné à l’Assemblée, faute de temps et d’une volonté politique du gouvernement de le faire adopter rapidement. Le ministère de l’Agriculture a annoncé lundi avoir autorisé pour 2007 treize essais de cultures d’OGM en plein champ (12 pour le maïs et un pour le tabac), refusant un dossier pour la pomme de terre. La grande nouveauté réside dans la création d’un registre national des cultures OGM qui “recense le nombre et la surface des parcelles semées en OGM, ainsi que leur localisation”. Jusqu’à présent nul ne savait exactement combien d’hectares de maïs OGM, commercialisés principalement en Espagne, étaient cultivés en France. L’estimation la plus vraisemblable émane de Daniel Chéron, directeur général de Limagrain, actionnaire majoritaire de Vilmorin, quatrième semencier mondial, qui faisait état, en février dernier, d’au moins 30.000 ha d’OGM en France en 2007, contre 5.000 en 2006 et moins de 1.000 en 2005. Le ministère indique que “la seule culture à vocation commerciale pratiquée est le maïs Monsanto 810 qui a pour caractéristique de résister aux attaques de certains insectes ravageurs”. Il rappelle que ce maïs a été autorisé en 1998 par une décision communautaire et a fait l’objet la même année d’un consentement écrit du gouvernement de gauche de l’époque, dont la ministre de l’Environnement était Dominique Voynet, candidate des Verts à la présidentielle. Les agriculteurs qui planteront en 2007 des maïs OGM devront en informer les cultivateurs des parcelles voisines, respecter une distance d’isolement de 50 mètres entre cultures OGM et non OGM. Les règles définitives de coexistence entre cultures conventionnelles, biologiques et OGM seront fixées dans une future loi qui instituera un Haut Conseil des Biotechnologies. En attendant cette loi, les professionnels des semences et de la protection des plantes ont demandé mardi “que les essais soient mis sous protection policière dès le semis” pour éviter les destructions des dernières années. Les OGM continuent de diviser, la FNSEA espérant selon son vice-président “que ces décrets vont permettre d’apaiser le débat”, tandis que la Confédération Paysanne et la Coordination Rurale y restent opposées. Cette dernière attire l’attention des producteurs de maïs “sur les risques que leur font courir ceux qui les incitent à se lancer dans de telles productions”. |
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