[21/03/2007 22:56:13] PARIS (AFP) Le patron du groupe pétrolier français Total, Christophe de Margerie, était toujours en garde à vue mercredi vers 23H00 à Paris et devait y passer la nuit sur commission rogatoire du juge Philippe Courroye dans une affaire de corruption concernant un marché gazier en Iran. Le patron du premier groupe français en terme de chiffre d’affaires et de capitalisation boursière se trouvait toujours dans les locaux de la police financière, rue du Château des Rentiers à Paris (13e arrondissement), selon une source proche du dossier. L’information de la convocation de M. de Margerie a été révélée mercredi matin par le quotidien régional l’Est Républicain. Selon des sources proches du dossier, les policiers financiers doivent interroger le haut-dirigeant sur le contrat signé en 1997 par Total avec la société pétrolière nationale iranienne NIOC pour l’exploitation d’un champ gazier appelé South Pars. Quatre autres cadres et ancien cadres dirigeants de Total également convoqués mercredi — le directeur financier Robert Castaigne, le patron de la filière gaz Philippe Boisseau, l’ancien patron de South Pars Michel Naylies et l’ancien cadre du groupe Patrick Rambaud — ont été remis en liberté mercredi soir. Dans cette affaire, des fonds, dont la trace a été retrouvée en Suisse, auraient été versés de façon illicite par des dirigeants du pétrolier français à des décideurs iraniens, entre 1996 et 2003, en vue de s’assurer l’obtention du marché gazier iranien.
Près de 100 millions de francs suisses (60 millions d’euros) auraient transité sur deux comptes, selon la même source. Une partie de ces fonds, 9,5 millions d’euros, a été bloquée par les autorités helvétiques. M. de Margerie était directeur Moyen-Orient à l’époque des faits. Parallèlement, une information judiciaire a été ouverte début février pour “blanchiment” à la suite d’une enquête préliminaire ouverte le 8 janvier sur des soupçons de “corruption d’agents publics étrangers” dans l’exploitation et la commercialisation du pétrole au Cameroun. Les investigations avaient été lancées, dans cette affaire pouvant viser potentiellement Total, à la suite d’une dénonciation en novembre 2006 de Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère de l’Economie et des Finances. Les enquêteurs n’interrogeront pas M. de Margerie sur ce sujet, selon une source proche du dossier. A ce jour, ils disposent uniquement de soupçons sur des mouvements de fonds suspects sur le compte d’un fonctionnaire camerounais en France. M. de Margerie et plusieurs autres dirigeants ou anciens dirigeants du groupe sont déjà mis en examen pour “complicité d’abus de biens sociaux et complicité de corruption d’agents publics étrangers” dans l’affaire “pétrole contre nourriture” également instruite par M. Courroye. Des flux financiers issus du groupe pétrolier auraient été destinés à favoriser l’obtention de pétrole en Irak. Dans ce dossier, le magistrat a découvert en 2005 que des Français étaient susceptibles d’avoir touché des commissions dans le cadre de violations de l’embargo onusien sur le pétrole imposé à l’Irak entre 1996 et 2003. |
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