Le patron de Total, Christophe de Margerie, mis en examen

 
 
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Le patron de Total Christophe de Margerie, le 14 février 2007 à Paris (Photo : Martin Bureau)

[22/03/2007 21:40:08] PARIS (AFP) Le patron de Total, Christophe de Margerie, a été mis en examen jeudi soir par le juge financier Philippe Courroye pour “corruption” dans une affaire concernant un marché gazier en Iran signé en 1997, a-t-on appris de source judiciaire.

Un peu plus de trois mois après avoir été saisi de cette enquête, le magistrat financier a mis en examen le leader du groupe pétrolier pour “corruption d’agents publics étrangers et abus de biens sociaux”.

Il a été placé sous contrôle judiciaire dont les modalités précises n’ont pas été communiquées. M. de Margerie n’a pas le droit de rencontrer plusieurs personnes, dont certains Iraniens.

M. de Margerie, directeur général de Total, a quitté le pôle financier, où il était entendu par le juge Courroye, peu avant 20h00 après trois heures d’audition, en passant par le parking souterrain, selon une source proche du dossier.

“La mise en examen ne semble avoir été précédée d’aucune analyse juridique du dossier. En France, les juges d’instruction tirent parfois avant de viser”, s’est insurgé son avocat, Me Eric Rosenfeld.

Le groupe Total a confirmé dans un communiqué la mise en examen et réaffirmé que les accords avaient été signés “dans le respect de la loi”.

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Le juge français Philippe Courroye arrive le 22 mars 2007 devant le pôle financier du TGI de Paris (Photo : Thomas Coex)

M. de Margerie avait été placé en garde à vue mercredi matin puis présenté au magistrat. Il a été interrogé sur le contrat signé par Total avec la société pétrolière nationale iranienne NIOC pour l’exploitation d’un champ gazier off shore appelé South Pars.

Quatre autres cadres et anciens cadres dirigeants de Total également placés en garde à vue mercredi – le directeur financier Robert Castaigne, le patron de la filière gaz Philippe Boisseau, l’ancien responsable pour Total de South Pars Michel Naylies et l’ancien cadre du groupe Patrick Rambaud – ont été remis en liberté mercredi soir, sans poursuites.

Cette enquête ouverte en décembre avait été confiée au juge Courroye et à sa collègue Xavière Simeoni.

Dans cette affaire, des fonds, dont la trace a été retrouvée en Suisse, auraient été versés de façon illicite par des dirigeants du pétrolier français à des décideurs iraniens, entre 1996 et 2003, en vue de s’assurer l’obtention du marché gazier iranien.

Le juge s’intéresse à une somme de 38 millions de dollars qui aurait été versée via une entité liée à Total au cours de cette période.

Près de 100 millions de francs suisses au total (60 millions d’euros) auraient transité sur deux comptes en Suisse appartenant à un intermédiaire présumé. Une partie de ces fonds, 9,5 millions d’euros, a été bloquée par les autorités helvétiques.

M. de Margerie, 55 ans, était directeur Moyen-Orient à l’époque des faits.

Il s’agit de sa deuxième mise en cause. Il avait déjà été entendu en octobre par les policiers de la BRDE dans l’affaire dite “pétrole contre nourriture”, également instruite par le juge Courroye. A l’époque, il était encore numéro deux du groupe derrière Thierry Desmarest.

Le juge l’avait mis en examen pour “complicité d’abus de biens sociaux et complicité de corruption d’agents publics étrangers”.

Des flux financiers issus du groupe pétrolier –qualifiés d’abus de biens sociaux– auraient été destinés à favoriser l’obtention de pétrole en Irak.

 22/03/2007 21:40:08 – © 2007 AFP