Fin du suspense : Aeroflot choisit Airbus pour sa flotte de long-courriers

 
 
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Caractéristiques de l’A350

[22/03/2007 15:19:00] MOSCOU (AFP) La compagnie aérienne russe Aeroflot a dévoilé jeudi son intention d’acquérir 22 Airbus A350, après avoir longtemps entretenu le suspense en négociant parallèlement avec l’américain Boeing et son long-courrier B-787.

“Aeroflot a signé avec l’entreprise Airbus une lettre d’intention pour l’acquisition de 22 avions A350”, a annoncé la première compagnie aérienne russe.

Les Airbus lui seront livrés entre 2014 et 2017.

L’A350 XWB est un long-courrier pouvant transporter de 270 à 350 passagers.

Il sera l’un des premiers à recourir en grande partie aux matériaux composites comme le kevlar, et donc à se montrer moins gourmand en carburant.

Selon les derniers prix catalogue communiqués par Airbus, son prix moyen devrait approcher les 230 millions de dollars. La valeur de la commande d’Aeroflot pourrait donc dépasser les cinq milliards de dollars.

Le PDG d’Aeroflot, Valery Okoulov, avait déjà levé une bonne partie du suspense en indiquant la semaine dernière que les négociations avec Boeing étaient gelées et que l’accord serait signé “dans les semaines à venir”.

Si une “lettre d’intention” ne constitue pas un contrat ferme, il apparaît néanmoins peu probable qu’Aeroflot se tourne à nouveau vers Boeing pour le renouvellement de sa flotte, alors qu’il est pourtant prévu que le B-787 soit disponible sur le marché dès 2008, bien avant les A350.

Aeroflot avait par ailleurs indiqué qu’elle menait des négociations avec Airbus pour une commande en leasing de quinze A330, le temps que les premiers A350 soient livrés.

Son Pdg avait suggéré la date du 4ème trimestre 2008 pour des premières livraisons de A330.

La commande d’Aeroflot va mettre du baume au coeur du constructeur européen, qui se trouve en pleine déconfiture financière après avoir essuyé une perte de 572 millions d’euros en 2006, en raison des retards de son avion géant A380.

Le développement de l’A350 ne s’est pas fait sans heurts pour Airbus, qui s’est vu contraint d’abandonner une première version de l’avion, jugée trop proche de l’actuel A330 par les clients, alors qu’elle totalisait 100 commandes fermes et 82 intentions d’achat.

Airbus avait proposé à l’été 2006 une version à fuselage élargi avec de nouvelles ailes, mais d’un coût de développement deux fois plus élevé, et les actionnaires d’EADS ont mis six mois pour surmonter leurs hésitations financières.

Résultat, l’A350 coûtera plus de 10 milliards d’euros de développement d’ici à 2013.

Les analystes font valoir par ailleurs que dans une Russie de plus en plus soucieuse de son statut sur la scène internationale, le dossier Aeroflot n’est évidemment pas dépourvu de dimensions politiques.

Le patron de la compagnie russe avait d’ailleurs lui-même admis à la mi-février que le gel des négociations avec Boeing était lié à la situation politique.

Le président russe Vladimir Poutine venait tout juste de prononcer son fameux réquisitoire anti-américain à Munich et le Kremlin de manière générale semble vouloir adopter une ligne plus dure à l’égard de Washington.

Certains analystes préfèrent toutefois faire le lien entre cette commande et les ambitions russes à l’encontre d’EADS, la maison mère d’Airbus.

L’été dernier, la banque publique russe Vnechtorgbank (VTB) avait acquis un peu plus de 5% d’EADS, suscitant de vives inquiétudes en Europe, où les investisseurs soupçonnent qu’elle cherche à accroître encore sa participation.

Vladimir Poutine a renouvelé récemment l’intérêt de la Russie à une “coopération” avec EADS, mais réfuté toute visée “hostile”.

 22/03/2007 15:19:00 – © 2007 AFP