Emplois fictifs : deux ans de prison ferme requis contre Le Floch-Prigent

 
 
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Loïc le Floch-Prigent à son arrivée le 22 janvier 2001 au tribunal correctionnel de Paris (Photo : Daniel Janin)

[22/03/2007 17:25:52] PARIS (AFP) Deux ans de prison ferme et 150.000 euros d’amende ont été requis jeudi contre l’ancien PDG d’Elf Loïk Le Floch-Prigent, accusé d’avoir édifié avec Alfred Sirven un “système dévoyé” d’emplois fictifs au sein du géant pétrolier, au début des années 1990.

Cette affaire est la dernière “d’une pièce judiciaire en trois actes” tirée du “dossier tentaculaire” Elf, qui a déjà donné lieu à deux condamnations de M. Le Floch-Prigent à cinq ans et trente mois de prison, ce qui rend possible une confusion des peines si une nouvelle condamnation était prononcée, a d’emblée précisé le procureur de la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Stéphane Hardouin.

Loin d’être la plus spectaculaire, elle porte sur des emplois fictifs qu’aurait abrités Elf-Aquitaine International (EAI), filiale suisse d’Elf dirigée par Alfred Sirven, de 1989 à 1993, sous la présidence de M. Le Floch-Prigent, 63 ans.

L’ancien PDG ainsi que l’administrateur délégué d’EAI, Jean-Claude Vauchez, sont jugés pour abus de biens sociaux, accusés d’avoir rémunéré les emplois fictifs pour un total d’environ deux millions d’euros. L’action publique contre Alfred Sirven s’est éteinte à la suite de son décès en 2005.

Dix-sept autres prévenus, bénéficiaires présumés, sont poursuivis pour recel d’abus de biens sociaux. Parmi eux figurent des proches de l’ancien président de la République François Mitterrand ou de l’ex-ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua.

Le procureur a détaillé le fonctionnement d’un “système qui a permis toutes les dérives” à l’instigation du “tandem Le Floch-Prigent/Sirven”. A côté du “volet principal” de l’affaire Elf, portant sur des détournements de fonds, “le dispositif d’emplois fictifs d’EAI participe du même système dévoyé”.

“Enfouis dans la cache helvétique”, les contrats de travail signés par EAI étaient “tous caractérisés par la dissimulation”, a-t-il insisté.

Cette filiale, destinée à rémunérer les cadres d’Elf travaillant à l’étranger, a aussi payé des citoyens vivant en France.

A des missions aux “intitulés vagues” correspondaient en fait une “vacuité de prestations”, a expliqué le représentant du ministère public.

Un ancien médecin, partenaire de golf de François Mitterrand, des policiers passés par le cabinet de Charles Pasqua, un viticulteur, un ancien député européen, la veuve d’un cadre d’Elf étaient payés pour des missions sur “la démocratisation en Afrique du sud” ou “les liaisons aériennes en Europe”, dont on n’a pas retrouvé trace.

EAI a été, selon les cas, “caisse de retraite de complaisance”, “caisse de solidarité”, “caisse de financement d’activités mercenaires” en Afrique, a conclu le procureur.

Loïk Le Floch-Prigent a assuré qu’il n’avait pas de lien avec EAI mais il a placé “son ami” Alfred Sirven à sa tête. En outre, il “ne pouvait ignorer la destination frauduleuse” de la subvention d’équilibre allouée chaque année à la filiale helvète, “sorte de chèque en blanc qu’il signait à Sirven pour couvrir ses activités occultes”, selon Stéphane Hardouin.

Quinze mois avec sursis et 30.000 euros d’amende ont été demandés contre Jean-Claude Vauchez, qui “a assuré le bon fonctionnement du système”. Cinq relaxes et douze peines de prison avec sursis, de six à quinze mois, assorties d’amendes de 15.000 à 130.000 euros, ont été requises contre les bénéficiaires présumés.

Le procès est prévu jusqu’au 30 mars.

 22/03/2007 17:25:52 – © 2007 AFP