Marseille : les terminaux pétroliers toujours bloqués par la CGT du port

 
 
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Une trentaine de navires mouillent au large du port autonome de Marseille, le 18 mars 2007 à Fos-sur-Mer (Photo : Boris Horvat)

[23/03/2007 21:09:15] MARSEILLE (AFP) Les terminaux pétroliers du port de Marseille (PAM), deuxième port européen pour les hydrocarbures, sont restés bloqués vendredi, pour la 10e journée consécutive, par une grève de la CGT des agents portuaires, le patronat évoquant un risque de pénurie.

Vendredi soir, la CGT a annoncé la poursuite de la grève aux terminaux pétroliers “et ce pour au moins 24 heures”, a indiqué à l’AFP Pascal Galéoté, le secrétaire général adjoint de la CGT du PAM.

“A ce jour, aucune réponse positive n’a été apportée et aucune nouvelle négociation n’est prévue”, a-t-il ajouté.

Selon la direction du PAM, 43 navires d’hydrocarbures (20 pétroliers, cinq gaziers, 16 chimiquiers et deux barges) attendaient en rade à Fos-sur-Mer de pouvoir accéder aux terminaux de Fos et Lavéra.

“Les dépôts vont être très rapidement à sec et on va avoir des problèmes (dans) les stations service”, a déclaré vendredi à Marseille le PDG d’Esso France, Francis Dusseux, tout en soulignant qu’il restait une dizaine de jours de stocks pour sa société.

Dans l’industrie chimique et pétrolière, “on se rapproche d’une pénurie”, estimait déjà jeudi Gérard Ferréol, délégué général des Industries chimiques de Provence-Alpes-Côte d’Azur, estimant difficile de passer le cap de la fin du mois. Les pétroliers évaluent le coût quotidien de la grève entre 15 et 50.000 dollars pour chaque navire bloqué en rade.

Le préfet des Bouches-du-Rhône, Christian Frémont, a indiqué qu’il pourrait procéder à des réquisitions en cas de problèmes d’approvisionnement des stations service, ce qui n’était pas le cas vendredi.

Aux terminaux de marchandises de Fos et Marseille, où les grévistes ont suspendu leur grève mercredi soir, l’activité était normale et les opérateurs tentaient de résorber le retard accumulé.

Jeudi soir, une réunion organisée à la préfecture des Bouches-du-Rhône entre la CGT, Gaz de France et le PAM pour sortir de la crise s’est soldée par un échec. Les agents portuaires, qui ont lancé leur mouvement le 14 mars, se sont prononcés vendredi après-midi en assemblée générale pour la poursuite du mouvement.

Selon une estimation partielle de la direction du PAM portant sur deux vacations sur trois, le taux de grévistes jeudi atteignait seulement 4,7% de l’effectif total des agents portuaires (1.500 salariés).

La CGT a lancé cette action pour obtenir l’emploi d’agents portuaires au futur terminal de GDF à Fos-sur-Mer, dont la mise en service est prévue en 2008. Mais GDF, pour des raisons de sécurité, insiste pour employer son propre personnel, comme elle le fait déjà à son terminal méthanier en activité à Fos depuis plus de 35 ans.

Après l’échec de la réunion de jeudi soir, le préfet a appelé à “la raison, car le port est en danger”. Il a regretté que le syndicat se focalise sur le seul sujet du branchement des méthaniers, qui ne représente qu’un millier d’heures de travail par an, soit un emploi à temps complet. Et M. Frémont de souligner la “disproportion entre les causes et les conséquences réelles de la grève qui, elles, sont là”.

Depuis le début du conflit, les opérateurs du PAM et les représentants du patronat local ont multiplié les mises en garde sur ses conséquences économiques. Selon eux, c’est surtout l’image du port et la confiance de ses clients qui sont en jeu.

“Le problème c’est plutôt le moyen et le long terme et la confiance des actionnaires. Notre groupe (ExxonMobil, numéro un mondial) a la possibilité de raffiner et d’investir ailleurs”, a déploré M. Dusseux. Il a souligné que pour les hydrocarbures, Marseille était en concurrence directe avec Trieste (Italie), “infiniment plus fiable”.

 23/03/2007 21:09:15 – © 2007 AFP