Dernières manoeuvres dans le pétrole russe avant les enchères de Ioukos

 
 
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Une raffinerie Rosneft dans l’ouest de la Sibérie, le 2 juin 2006 (Photo : Delphine Thouvenot)

[23/03/2007 14:36:38] MOSCOU (AFP) Le grand jeu pour la conquête du pétrole russe a rebondi vendredi avec l’apparition surprise d’un nouveau candidat au rachat du plus important des actifs de l’ancien numéro un du pétrole Ioukos, qui sera vendu aux enchères mardi.

Le groupe pétrolier russo-britannique TNK-BP a indiqué vendredi, à quelques heures de l’expiration du délai légal, avoir déposé un dossier de participation pour la vente de mardi et versé une caution, comme l’exige le règlement.

Ces enchères seront les premières d’une série au cours de laquelle doivent être vendus les derniers trésors de l’ex-empire pétrolier de Mikhaïl Khodorkovski.

Ce premier lot sera aussi le plus important: il comprend une part de 9,44% dans le numéro deux du pétrole russe, le groupe Rosneft, auxquels ont été adjoints quelques titres obligataires. Ces enchères doivent servir à éponger les dettes de Ioukos, évaluées il y a un mois à 709,153 milliards de roubles (20,669 milliards d’euros) répartis entre 68 créanciers.

TNK-BP va se retrouver lors des enchères face à Rosneft, qui est également sur les rangs pour acquérir ce lot, pour un prix de départ fixé à 195,5 milliards de roubles (5,6 milliards d’euros).

Mais pour les analystes, TNK-BP ne fera pas le poids face à Rosneft. Ce dernier avait indiqué au début de la semaine avoir levé un prêt géant de 22 milliards de dollars, qu’il compte investir principalement dans l’achat d’actifs de Ioukos.

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Le président russe Vladimir Poutine et le patron de BP John Browne, en avril 2005 à Moscou (Photo : Sergei Zhukov)

Certains, comme Konstantin Batounine, analyste chez Alfa-Bank, pensent même que la présence de TNK-BP n’est en réalité destinée qu’à “valider la procédure d’enchères”, qui n’auraient pu avoir lieu si Rosneft avait été le seul prétendant.

L’objectif de Rosneft, selon lui, n’est pas forcément de garder ces titres mais surtout de s’assurer qu’ils arrivent “dans de bonnes mains”.

TNK-BP peut ainsi lui servir de véhicule pour acquérir les titres, avant de les revendre. Il est donc peu probable selon lui que la présence de TNK-BP fasse réellement monter les enchères.

Le Fonds russe des Biens d’Etat, qui organise la vente, a refusé de dire si d’autres groupes étaient également dans la course, alors que les intéressés avaient jusqu’à vendredi 17h00 heure locale (14h00 GMT) pour déposer leur dossier.

Pavel Kouchnir, de la banque Deutsche UFG, estime également que TNK-BP ne se serait pas lancé dans un tel investissement (la part est estimée à au moins 7,5 milliards de dollars) “sans avoir eu des discussions au plus haut niveau politique”.

Il remarque en outre que l’entrée en piste de TNK-BP coïncide avec une rencontre entre le président Vladimir Poutine et le patron actuel de BP, John Browne, accompagné de son successeur désigné Tony Hayward, vendredi après-midi.

BP détient la moitié de TNK-BP, et les médias russes bruissent actuellement de rumeurs sur une possible entrée du géant Gazprom en tant qu’actionnaire majoritaire dans son capital.

Il s’agit donc d’une période délicate pour TNK-BP, et dans ce contexte, l’opération Ioukos “est clairement un plus, car en venant à l’aide de Rosneft, elle augmente son prestige aux yeux des autorités russes”, souligne Konstantin Batounine.

Selon lui, le thème de la composition de l’actionnariat de TNK-BP a “sans doute été le thème le plus important de la réunion” avec M. Poutine.

Selon la presse russe, Gazprom a des vues sur les 50% du groupe actuellement détenus par le consortium russe Alfa Group, composé des groupes Access Industries et Renova, mais ceux-ci s’y opposent. Des discussions auraient déjà eu lieu ces derniers mois pour un prix compris entre 20 et 25 milliards de dollars.

 23/03/2007 14:36:38 – © 2007 AFP