Le “ciel ouvert” transatlantique brouillé par le patriotisme économique

 
 
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Un avion d’American Airlines décolle de l’aéroport de Roissy, le 11 mai 2003 (Photo : Jean-Pierre Muller)

[25/03/2007 09:14:46] NEW YORK (AFP) Après les réjouissances de part et d’autre de l’Atlantique sur la conclusion de la première phase de l’accord de ciel ouvert entre les Etats-Unis et l’Union européenne, le second volet, qui porte sur l’ouverture du capital des compagnies aériennes américaines à des étrangers, s’annonce conflictuel.

Les 27 pays de l’UE ont donné jeudi leur feu vert à un accord aérien historique libéralisant les vols transatlantiques entre l’UE et les Etats-Unis, après quatre années d’âpres négociations.

L’accord, qui doit être formellement signé à Washington le 30 avril et entrer en vigueur en mars 2008, a été salué comme bon pour les compagnies aériennes et pour les passagers, avec la perspective d’un boom du trafic et des baisses de tarifs.

Mais il est considéré par les Européens comme déséquilibré au profit des Etats-Unis sur deux points: l’ouverture du capital des transporteurs aériens américains, une question qui freine le processus des négociations depuis ses débuts et l’accès des compagnies étrangères aux lignes intérieures américaines.

Le gouvernement britannique, qui a accepté avec réticence que l’aéroport londonien d’Heathrow (l’un des plus gros du monde), s’ouvre à toutes les compagnies américaines, a prévenu que l’accord ne pourra être pérennisé sans son second volet.

Le secteur aérien est aujourd’hui très encadré aux Etats-Unis: un groupe étranger ne peut pas détenir plus de 25% des droits de vote d’une compagnie américaine contre 49% en Europe. Il ne peut non plus disposer d’un droit de regard sur la gestion de la compagnie.

“L’actionnariat des compagnies aériennes américaines est un sujet sensible à Washington car n’importe quel avion américain peut être réquisitionné par le gouvernement pour des renforts militaires”, explique Barbara Beyer, analyste chez Avmark, en évoquant des appareils envoyés en Iraq.

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Les attentats du 11 septembre 2001 ont également rendu le gouvernement “beaucoup plus sensible à l’idée d’actionnaires étrangers dans des secteurs touchant à la sécurité du pays”, poursuit-elle. “Imaginez ce qui pourrait se passer si des pays arabes avaient accès aux flottes d’avions et aux aéroports américains…”.

Les négociations à venir, programmées pour la fin 2007, s’annoncent difficiles. D’un côté, les 27 ont prévu que d’ici 2010, en l’absence de réformes de la part de Washington sur le sujet, certains droits de trafic pourront être retirés aux Américains.

Cette perspective envoie “un signal clair aux Américains que nous sommes déterminés à avancer rapidement vers la seconde phase de l’accord”, a déclaré le ministre britannique des Transports Douglas Alexander.

De l’autre côté, les Américains n’affichent pas vraiment d’enthousiasme. Le président de la Commission des transports de la Chambre des représentants, Jim Oberstar, s’est dit ouvertement “opposé à l’actuelle proposition d’accord de ciel ouvert”.

“Je vais m’assurer que cet accord ne conduira pas à une plus grande participation étrangère dans le capital des compagnies aériennes américaines”, a-t-il ajouté, dans un entretien au quotidien Pioneer Press.

Un avis nuancé dans le camp américain. “L’accord a peu de chances de faire face à une opposition du Congrès”, a estimé le négociateur américain John Byerly.

Toutefois, “M. Byerly n’a offert aucune garantie que Washington va céder à l’UE et relâcher la pression sur la participation des investisseurs étrangers et sur l’accès des transporteurs européens au trafic intérieur américain”, indique-t-on de source diplomatique américaine.

Côté américain, certains analystes, comme ceux de la firme Calyon, reconnaissent que “les Etats-Unis ont obtenu presque tout ce qu’ils voulaient tandis que les Européens ont eu le minimum”.

Ils doutent également que “la clause de sanction côté européen soit invoquée, quel que soit le développement de la seconde phase de l’accord”.

 25/03/2007 09:14:46 – © 2007 AFP