Finance : L’IDE en provenance des PED atteint un niveau record

 
 

L’investissement étranger direct change de
physionomie
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de l’IED en provenance des pays en développement ou en transition a atteint
133 milliards de dollars en 2005, soit 17% du total mondial. Ce chiffre
comprend les centres financiers extraterritoriaux. Si l’on exclut ces
derniers, le total s’établit à 120 milliards, niveau inégalé jusqu’à
présent.

Les STN des pays développés fournissent l’essentiel de l’investissement
étranger direct (IED) dans le monde, mais différentes sources confirment
l’importance grandissante sur le marché international d’entreprises, privées
ou étatiques, de pays en développement ou en transition.

L’expansion à l’étranger par le biais de l’IED offre des possibilités de
croissance à l’économie d’origine de ces entreprises, ainsi qu’aux pays en
développement dans lesquels elles investissent. Selon les différentes
régions du monde, le phénomène suscite des réactions mitigées dans les pays
destinataires. Certains accueillent l’IED accru en provenance de ces
économies comme une nouvelle source de capital et de connaissances, alors
que pour d’autres, il constitue aussi une nouvelle concurrence.
L’accroissement de l’IED en provenance des pays en développement ou en
transition est le thème du Rapport sur l’investissement dans le monde 2006.

Un petit nombre d’économies sont à l’origine d’une grande part de cet
apport d’IED, mais dans un nombre croissant de pays les entreprises
éprouvent le besoin d’explorer les possibilités d’investissement à
l’étranger afin de défendre ou de renforcer leur position compétitive.

L’ensemble de l’IED en provenance des pays en développement ou en
transition a atteint 133 milliards de dollars en 2005, soit 17 % du total
mondial. Ce chiffre comprend les centres financiers extraterritoriaux. Si
l’on exclut ces derniers, le total s’établit à 120 milliards, niveau inégalé
jusqu’à présent. La valeur du stock d’IED des pays en développement ou en
transition est estimée, pour 2005, à 1,4 billion de dollars, soit 13 % du
total mondial. En 1990 encore, seuls six pays en développement ou en
transition avaient déclaré un stock d’investissement direct à l’étranger de
plus de 5 milliards de dollars; en 2005, ces pays étaient au nombre de 25.

Des données sur les fusions-acquisitions internationales, les
investissements en installations nouvelles et les projets d’expansion, ainsi
que les statistiques relatives au nombre de sociétés mères ayant leur siège
en dehors des pays développés, confirment la progression des STN des pays en
développement ou en transition.

Entre 1987 et 2005, leur part des fusions-acquisitions internationales
dans le monde est passée de 4 % à 13 % en valeur, et de 5 % à 17 % pour le
nombre de transactions conclues. Leur part de tous les projets enregistrés
entièrement nouveaux ou d’agrandissement était supérieure à 15 % en 2005, et
le nombre total de STN mères ayant leur siège au Brésil, en Chine, à Hong
Kong (Chine), en Inde et dans la République de Corée s.est multiplié depuis
10 ans.

Sur le plan sectoriel, la plus grande partie de l’IED en provenance des
pays en développement ou en transition s’est portée vers les activités
tertiaires, notamment les services aux entreprises, les services financiers,
les services liés au commerce et les services d’infrastructure. On signale
aussi un apport non négligeable au secteur manufacturier (par exemple
l’électronique) et, plus récemment, au secteur primaire (prospection
pétrolière et mines).

Les données sur les fusions-acquisitions internationales confirment la
prédominance des services, qui représentaient 63 %, en valeur, des
transactions conclues en 2005 par des sociétés de pays en développement ou
en transition. Par branche d’activité, ce sont les transports, l’entreposage
et les communications, les mines, les services financiers et l’alimentation
qui ont enregistré cette année-là les plus gros investissements.

La répartition géographique de l’IED en provenance des pays en
développement ou en transition a changé, le phénomène à long terme le plus
notable étant la progression régulière de l’Asie, y compris de l’Asie de
l’Ouest, comme source d’investissement. Sa part du stock total d’IED en
provenance des économies en développement ou en transition, qui s’élevait à
23 % en 1980, est passée à 46 % en 1990 et à 62 % en 2005.Inversement, la
part de l’Amérique latine et des Caraïbes dans le stock d’IED à l’étranger
est tombée de 67 % en 1980 à 25 % en 2005.

Les cinq premiers pays d’origine représentaient les deux tiers du stock
des pays en développement ou en transition, et les 10 premiers
représentaient 83 %.

En 2005, le plus fort stock d’IED de pays en développement ou en
transition revenait à Hong Kong (Chine), aux îles Vierges britanniques, à la
Fédération de Russie, à Singapour et à la Province chinoise de Taiwan.

Une bonne part de l’IED provient de centres financiers extraterritoriaux.
Les îles Vierges britanniques sont de loin le principal centre, avec un
stock d’IED estimé à près de 123 milliards de dollars pour 2005. D’un point
de vue statistique, il est difficile d’estimer, en raison du transit des
capitaux par les centres financiers extraterritoriaux, le montant réel de l’IED
en provenance de telle ou telle économie ou de telle ou telle entreprise.
Certaines années, les courants d’investissement en provenance de ces centres
ont été particulièrement abondants, mais depuis 2000 ils ont beaucoup
diminué et représentent aujourd’hui environ le dixième du volume total d’IED
en provenance de pays en développement ou en transition.

L’apparition de nouvelles sources d’IED pourrait avoir une importance
particulière pour les pays hôtes à faible revenu. En effet, les STN des pays
en développement ou en transition sont devenues de gros investisseurs dans
de nombreux PMA. Les pays en développement qui sont le plus tributaires de
l’IED en provenance de pays en développement ou en transition (et pour
esquels on dispose de statistiques) sont la Chine, le Kirghizistan, le
Paraguay et la Thaïlande, ainsi que des PMA comme le Bangladesh, l’Éthiopie,
le Myanmar, la République démocratique populaire lao et la République-Unie
de Tanzanie. Ainsi, les investissements en provenance des pays en
développement représentent largement plus de 40 % de l’apport total d’IED
dans un certain nombre de PMA.

En Afrique, l’Afrique du Sud est une source particulièrement importante
de capitaux. Elle apporte plus de 50 % de tout l’IED au Bostwana, au
Lesotho, etc.

De tout temps, les économies d’Asie de l’Est et du Sud-Est ont été la
principale source d’IED en provenance des pays en développement d’Asie, mais
récemment, ‘Asie du Sud et de l’Ouest gagné en importance. Ainsi, l’IED
originaire de l’Asie de l’Ouest est dominé par des pays riches en capitaux,
comme les Émirats arabes unis, qui consolident leurs relations avec d’autre
pays d’Asie tels que la Chine et l’Inde, ainsi qu’avec l’Afrique.

(…) Dans bien des PMA, le volume de l’IED en provenance des pays en
développement ou en transition est peut-être sous-estimé dans les
statistiques officielles, car il se porte pour une bonne part sur le secteur
informel, qui échappe aux statistiques.

Il ressort des estimations de la CNUCED que l’IED Sud-Sud a grandi très
rapidement depuis 15 ans. Les sorties de capitaux des pays en développement
ou en transition (à l’exclusion des centres financiers extraterritoriaux)
sont passées d’environ 4 milliards de dollars en 1985 à 1 milliards en 2004;
la plupart de ces fonds étaient destinés à d’autres pays en développement ou
en transition. En fait, l’IED entre ces économies est passé de 2 milliards
de dollars en 1985 à 0 milliards en 2004. Les investissements des pays en
transition sont compris dans ces chiffres, ais comme ces pays représentent
une très faible part des transactions, ces chiffres peuvent être tilisés
aussi comme indicateur supplétif du volume de l’IED Sud-Sud.

Éléments moteurs, incidence et politiques générales

L‘accroissement du nombre et de la diversité des STN des pays en
développement depuis ne dizaine d’années est dû en grande partie à
l’incidence durable de la mondialisation sur ces ays et sur leur économie.
Le phénomène procède d’une dynamique complexe faisant intervenir différents
facteurs. Parmi ceux-ci, la conjugaison de la concurrence et des
possibilités de débouchés −alliée à des politiques de libéralisation dans
toutes les régions en développement ou développées− est un élément
particulièrement important. À mesure que les économies en développement
s’ouvrent à la concurrence internationale, leurs entreprises doivent
rivaliser de plus en plus avec des STN d’autres pays, aussi bien sur le plan
intérieur que sur les marchés extérieurs, et l’investissement direct à
l’étranger peut être un élément important de leur stratégie.

La concurrence peut les contraindre à améliorer leurs opérations et elle
encourage la création d’avantages compétitifs propres à chaque entreprise,
ce qui améliore leur pouvoir compétitif sur les marchés étrangers.

Quatre types principaux de facteurs de rejet et d’attraction et deux
phénomènes connexes permettent d’expliquer l’effort d’internationalisation
des STN des pays en développement.

Premièrement, les facteurs liés au marché semblent être des forces
puissantes qui poussent ces STN à sortir de leur pays ou qui les attirent
vers d’autres pays.

Deuxièmement, la hausse des coûts de production nationaux, en particulier
celui de la main-d’oeuvre, est particulièrement préoccupante pour les STN
des pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est comme la Malaisie, la République de
Corée et Singapour, ainsi que Maurice (qui possède des industries
d’exportation à forte intensité de main-d’oeuvre comme la confection).

Troisièmement, la pression concurrentielle exercée sur les entreprises
des pays en développement les incite à s’installer à l’étranger. Ces
pressions comprennent la concurrence de producteurs à bas prix de revient,
en particulier celle des fabricants performants de l’Asie de l’Est et du
Sud-Est. Quatrièmement, les décisions d’investissement direct à l’étranger
sont influencées par la politique des pouvoirs publics du pays d’origine et
du pays hôte.

Outre les facteurs susmentionnés, deux grands phénomènes attirent les STN
des pays en développement à l’étranger.

Premièrement, beaucoup de grands pays en développement, au premier rang
desquels la Chine et l’Inde, craignent, étant donné la rapidité de leur
croissance, de se trouver à court de ressources et de facteurs de production
très importants pour leur économie, d’où les motifs stratégiques et
politiques qui expliquent l’IED de certaines de leurs STN, particulièrement
dans les ressources naturelles.

Deuxièmement, on constate un changement d’attitude ou de comportement
chez ces STN, qui se rendent compte de plus en plus qu’elles fonctionnent
dans une économie mondiale, ce qui les oblige à élargir leur vision à
l’échelle internationale. Ces deux phénomènes, associés aux facteurs de
rejet et d’attraction −surtout la menace de la concurrence mondiale dans
l’économie du pays d’origine et les nouvelles possibilités qui s’offrent à
l’étranger grâce à la libéralisation− confirment l’idée qu’il existe une
tendance structurelle des STN des pays en développement à se tourner plus
rapidement et de plus en plus vers l’IED.