IDE : L’image du Liban écornée par l’émirati Al Habtour

 
 

khalaf-habtour2603.jpgConfronté
en tant qu’investisseur à de multiples tracas au Liban, Khalaf Al Habtour
brandit la menace d’un recours contre l’Etat libanais devant la Commission
des Nations unies pour le Droit Commercial International et le Centre
International pour le Règlement des Litiges d’Investissement.

«Je suis venu dans ce pays en tant qu’investisseur croyant profondément dans
ses lois et sa constitution. Mais malgré l’existence du cadre politique et
légal, l’application de la loi est l’objet d’une grande interrogation. Les
investissements nationaux et étrangers au Liban ont subi d’énormes pertes du
fait de l’instabilité politique, économique et sociale causée par la
composition actuelle du régime. Le pays est frappé d’une sorte de paralysie
du fait des manifestations et grandes marches à répétition organisées par
tous les acteurs politiques. Ce qui empêche le déroulement normal de la vie
et déstabilise l’économie. D’autant que l’Etat a échoué à maîtriser la
situation».

Ce cri d’alarme a été lancé par l’homme d’affaires émirati Khalaf Al Habtour,
mercredi 21 mars, à l’aéroport de Beyrouth. Ce magnat de la construction, né
à Dubai, en 1950, a investi à ce jour près de 500 millions de dollars au
Liban. Il y possède le Metropolitan Palace, gigantesque hôtel cinq étoiles,
un complexe résidentiel, le “Jamhour Village”, les grands magasins
Metropolitan City Center et le parc d’attraction Metropolitan Park.

Pour cet homme d’affaires, l’Etat «doit créer les bases de la paix dans le
pays, garantir la justice pour tous et la sécurité aux investisseurs». Ce
qui, d’après lui, n’est pas en train de se faire au Liban.

En effet, l’investisseur émirati a plus d’un grief à l’encontre de l’Etat
libanais. D’abord, la paralysie du pays. Tout en reconnaissant que «les
protestations, les manifestations et les actions terroristes se produisent
partout et pas seulement au Liban», Khalaf Al Habtour constate une
différence : «les autres pays n’entrent dans une phase de paralysie totale ;
les commerces n’y ferment pas et les hôtels ne sont pas vides». Aussi,
l’homme d’affaires émirati tire-t-il la conclusion que le Liban «a besoin
d’une direction forte, puisque le bateau ne peut pas supporter plus d’un
timonier», alors qu’il se distingue par un «éparpillement de ses
directions». Et circonstance aggravante, «les institutions locales et les
administrations de l’Etat fonctionnent comme des autorités indépendantes».

Ensuite, Khalaf Al Habtour reproche aux autorités libanaises de lui réclamer
«des impôts injustifiés, dont personne ne nous a parlés lorsque nous sommes
venus investir au Liban».

De même, la justice libanaise est un autre motif de récrimination pour
l’homme d’affaires. A ce sujet, Khalaf Al Habtour fait état de «réserves
concernant certains juges», car certaines de ses sociétés ont fait l’objet
«d’actes suscitant de grandes interrogations». Des actes dont l’investisseur
a «immédiatement informé le président de la République, le Président du
Conseil des ministres et le Procureur général, sans que personne ne prenne
la moindre décision contre ces juges». Et Khalaf Al Habtour d’ajouter que,
en raison de «cet environnement défavorable à l’investissement au Liban,
certains investisseurs arabes et libanais m’ont demandé de se joindre à eux
pour porter plainte contre l’Etat libanais devant la Commission des Nations
unies pour le Droit Commercial International et le Centre International pour
le Règlement des Litiges d’Investissement». Mais après avoir dans un premier
temps «convaincu» ses interlocuteurs de différer le recours à ces instances,
Khalaf Al Habtour brandit la menace d’un passage à l’acte en se demandant
s’il pourra retenir plus longtemps les investisseurs qui veulent en découdre
avec l’Etat libanais.