Grève au port de Marseille : pénurie de pétrole en vue si le conflit s’enlise

 
 
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Des pétroliers, navires-marchands et méthaniers bloqués en rade de Fos-sur-Mer à l’entrée du port autonome de Marseille, le 20 mars 2007 (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

[26/03/2007 18:10:36] MARSEILLE (AFP) La grève des agents CGT du port de Marseille (PAM) s’est poursuivie lundi pour le 13e jour consécutif sur les terminaux pétroliers, où les industriels estiment que les premiers effets de la pénurie se feront sentir d’ici au début avril dans les stations-service.

La CGT du PAM devrait se prononcer mardi sur le texte d’un protocole de fin de conflit qui a été négocié toute la journée avec la direction, a annoncé celle-ci lundi soir.

La CGT s’est bornée à indiquer qu’une assemblée générale était prévue mardi à Lavéra pour décider de la suite d’un conflit qui paralyse depuis le 14 mars les approvisionnements et les exportations des nombreuses installations pétrochimiques du deuxième port européen pour les hydrocarbures. 49 navires, dont 26 pétroliers, restaient en rade à Fos-sur-Mer et Lavéra.

“La semaine dernière, certaines unités avaient déjà baissé leur activité en raison de l’impossibilité d’exporter leur production. L’absence d’approvisionnement en pétrole brut fait que les raffineries vont vivre sur leurs réserves à partir de cette semaine et vont encore réduire l’allure”, a indiqué à l’AFP Jean-François Cousinié, délégué de l’Union française des industries pétrolières (UFIP) pour la région Paca.

Le blocage n’a pas eu pour l’instant d’impact sur l’approvisionnement des particuliers mais si le conflit se poursuit, il prévoit “les premiers problèmes” début avril dans les stations-service.

La région Paca assure 31% du raffinage français.

Le préfet Christian Frémont n’avait pas exclu la semaine dernière de recourir à la réquisition en cas de problèmes d’approvisionnement.

La CGT a lancé cette grève pour obtenir l’emploi d’agents portuaires pour le branchement et le débranchement des méthaniers au futur terminal de GDF à Fos-sur-Mer, qui sera exploité conjointement par GDF et Total à partir de 2008. Mais GDF, pour des raisons de sécurité, insiste pour employer son propre personnel, comme elle le fait déjà à son terminal méthanier en activité à Fos depuis plus de 35 ans.

Selon GDF et la préfecture, le branchement et le débranchement des méthaniers ne représentent qu’un millier d’heures de travail par an, soit l’équivalent d’un emploi à temps complet.

Pour la CGT, le conflit porte non seulement sur le futur terminal “GDF 2” mais plus largement sur “la privatisation larvée de l’emploi sur les quais publics”, a expliqué à l’issue de la réunion Pascal Galeoté, secrétaire général adjoint de la CGT des agents portuaires.

Le protocole de fin de conflit ne mentionne pas le terminal GDF mais la CGT a demandé à la préfecture une réunion avec l’opérateur sur le sujet, a indiqué M. Galéoté.

De leur côté, les entreprises déplorent les pertes financières provoquées par la grève et particulièrement son impact sur la fiabilité du port. “L’image extrêmement détériorée du port de Marseille va se traduire par des difficultés à convaincre les états-majors des grands groupes pétroliers à investir dans notre région, car il y a toujours une concurrence internationale”, a souligné M. Cousinié, en écho à de nombreux opérateurs.

Car la grève dépasse le seul cadre régional, affectant également les raffineries de Feyzin (Rhône), Reichstett en Alsace et Cressier en Suisse. La grosse raffinerie allemande de Karlsruhe (15 millions de tonnes par an), qui a le choix entre Marseille et Trieste pour s’approvisionner, est également touchée.

 26/03/2007 18:10:36 – © 2007 AFP