USA : entre inflation et immobilier, Bernanke se montre prudemment optimiste

 
 
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Le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke témoigne devant la commission économique du Congrès américain, le 28 mars 2007 à Washington (Photo : Chip Somodevilla)

[28/03/2007 17:24:19] WASHINGTON (AFP) Le président de la Réserve fédérale (Fed) Ben Bernanke a fait mercredi un diagnostic prudemment optimiste de l’économie américaine, qui réussira selon lui à naviguer entre les risques immobiliers et une inflation “inconfortablement élevée”.

“Dans l’ensemble, l’économie devrait continuer de croître à un rythme modéré dans les trimestres à venir”, a affirmé le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) dans un discours devant le Congrès.

La croissance a atteint environ 2% au deuxième semestre 2006 et “elle semble se poursuivre à un rythme similaire en ce début d’année”, a-t-il ajouté.

L’économie devrait notamment résister aux difficultés de l’immobilier résidentiel, qui concentre tous les regards en raison des problèmes rencontrés sur le segment des prêts à risques.

Ces prêts, dits “subprime”, ont été consentis à tour de bras lorsque les taux d’intérêt faibles et le boom de l’immobilier poussaient les ménages les plus fragiles financièrement à rêver d’accession à la propriété. Mais avec la remontée des taux, un nombre croissant de ces emprunteurs sont en défaut de paiement et les banques spécialisées sur ce créneau en souffrent.

M. Bernanke a exclu que cela puisse suffire à pousser l’économie américaine vers la récession — une façon de répliquer à son prédécesseur Alan Greenspan, qui avait mis les marchés en émoi en évoquant un tel risque d’ici la fin de l’année.

“Notre conviction … est que les répercussions sur le marché immobilier seront modérées et que de ce fait, les effets sur l’ensemble de l’économie seront relativement minces”, a-t-il affirmé.

Il a cependant pris soin de mettre un bémol à cet optimisme.

“Les incertitudes sur la croissance ont un peu augmenté ces dernières semaines”, a-t-il mis en garde.

Notamment, “les perspectives à court terme pour le secteur immobilier résidentiel restent incertaines” et “la correction pourrait s’avérer plus sévère que nous ne le prévoyons actuellement”, du fait notamment des déboires sur le marché “subprime”, selon lui.

“Nous continuerons de surveiller la situation de près”, a-t-il promis.

De plus, M. Bernanke a redit ses inquiétudes sur l’inflation, qui reste à des niveaux “inconfortablement élevée” selon lui.

L’indice des prix à la consommation, mesuré hors alimentation et énergie, a progressé de 2,7% en février sur un an. Or la banque centrale vise sans le dire une inflation de 2% maximum.

“Le risque d’inflation est toujours prédominant. Donc notre politique est toujours orientée vers le contrôle de l’inflation”, a martelé M. Bernanke.

Et même si elle va sans doute se modérer “graduellement”, il reste des risques que l’inflation accélère du fait notamment de la hausse des salaires, selon lui.

Les marchés, qui attendaient particulièrement ce discours compte-tenu des incertitudes économiques, ont surtout retenu la partie des commentaires consacrée à la hausse des prix.

“Le discours était un peu plus pessimiste que prévu sur l’inflation” et de ce fait “une baisse des taux ne semble pas imminente pour les marchés”, a souligné Mace Blicksilver de Marbelhead Asset Management.

Un risque inflationniste plaide pour des taux d’intérêt élevés, même si cela va à l’encontre de la croissance. Cela pourrait devenir un problème si le scénario optimiste développé par le président de la Fed ne se mettait pas en place comme prévu, car la banque centrale devrait alors trancher entre deux objectifs contradictoires.

 28/03/2007 17:24:19 – © 2007 AFP