Les agriculteurs français craignent le “bilan de santé” de la PAC

 
 
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Des tracteurs sur une route du Doubs pour approvisionner des fermes en fourrage, le 9 août 2006 (Photo : Bruno Ferrandez)

[29/03/2007 15:44:38] PARIS (AFP) A trois semaines de la présidentielle, les agriculteurs français ont exprimé leurs craintes que Bruxelles bouleverse dès 2008 les règles de la Politique agricole commune, lors du congrès de la FNSEA qui s’est terminé jeudi à Marseille.

La commissaire européenne à l’Agriculture Mariann Fischer Boel “semble oublier que le budget de l’Europe est garanti jusqu’à 2013. Mais si elle confond +bilan de santé+ avec amputation sans anésthésie, je vous garantis qu’elle va entendre parler du pays”, a averti le président du syndicat majoritaire, Jean-Michel Lemétayer.

“Il faudra bien qu’ils comprennent à Bruxelles qu’il n’y jamais d’avenir pour nous si la PAC n’a qu’un seul objectif: aligner les prix vers le bas”, a-t-il ajouté.

Le ministre de l’Agriculture Dominique Bussereau, absent en cette période de réserve pour les membres du gouvernement pendant la campagne électorale, a tenté de rassurer les congressistes dans un message lu à la tribune par M. Lemétayer.

Pour lui, “la présidence de l’Union européenne par la France et le +bilan de santé+ de la PAC, qui interviendront en 2008, doivent être l’occasion de sécuriser le cadre politique et réglementaire dont l’agriculture européenne a besoin”.

M. Lemétayer devrait avoir encore l’occasion d’affronter la Commission européenne puisqu’il devrait être élu, le 19 avril, à la présidence du Conseil européen des producteurs agricoles (COPA), qui regroupe les principaux syndicats agricoles des 25 pays de l’Union européenne.

Les représentants de la commission de Bruxelles ont en effet avivé les craintes des congressistes sur nombre de dossiers, notamment celui concernant la proposition de réforme de l’OCM (organisation commune de marché) du vin qui va être présentée le 4 juillet prochain.

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Le président de la FNSEA Jean-Michel Lemetayer, le 28 mars 2007 à Marseille, lors de l’ouverture du 61e congrès du syndicat agricole (Photo : Boris Horvat)

Ainsi Russel Milton, de la direction agriculture, a provoqué les sifflets de la salle en affirmant que de nombreux viticulteurs européens “ne sont pas compétitifs, ni au niveau mondial, ni au niveau européen” et que la moitié d’entre eux exercent cette activité à titre secondaire.

Poul-Skytte Christoffersen, chef de cabinet de Mme Fischer Boël, n’a pas plus rassuré en affirmant que si les “quotas laitiers”, qui limitent la production et maintiennent en partie les prix payés aux producteurs, ne seraient pas abolis avant 2014, il fallait dès maintenir discuter des mesures “de transition” quand ce système prendra fin.

En décembre, Mme Fischer Boel avait vivement conseillé aux agriculteurs européens de s’adapter à la diminution prévue en 2013 des subventions agricoles, dont la France est la principale bénéficiaire et qui atteignent quelque 43 milliards d’euros par an.

“Je pense qu’il va y avoir une augmentation des agriculteurs à mi-temps”, avait-elle déclaré au Financial Times.

A Marseille, de nombreux orateurs ont rappelé le rôle déterminant des agriculteurs dans la victoire du non au référendum français sur le traité constitutionnel européen, et M. Lemétayer a déclaré qu’il attendait toujours “des engagements précis sur ce que les candidats à l’élection présidentielle veulent faire de l’agriculture en Europe et dans le monde”.

En outre, le président de la FNSEA s’en est pris violemment aux transformateurs et aux distributeurs dont les “pratiques commerciales abusives” sont jugées “intolérables”, notamment dans la crise que traversent les producteurs de “légumes d’hiver”.

“Il faut multiplier les contrôles”, a lancé M. Lemétayer avant d’ajouter: “l’Etat trouve bien les moyens de contrôler les paysans; il peut en trouver autant pour contrôler la grande distribution”.

 29/03/2007 15:44:38 – © 2007 AFP