Dans
sa tarification aux abonnés, la Société nationale d’exploitation et de
distribution des eaux (SONEDE) applique le système de tarifs par paliers.
C’est-à-dire que, plus vous consommez, plus vous payez. Les tarifs appliqués
par la société, qui détient encore (et pour longtemps à priori) le monopole
de la distribution des eaux aux Tunisiens, sont jugés assez élevés quand on
regarde de près ce système de paliers.
L’objectif de ce barème de tarifs progressifs est de contribuer à lutter
contre le gaspillage et à rationaliser l’usage de l’eau, déclare-t-on à la
SONEDE. Quel est ce barème ? Si vous consommez entre 0 et 20 m3 par
trimestre, vous payez 140 millimes le mètre cube. Si vous consommez entre 21
et 40 m3, vous payez 240 millimes. Entre 40 et 70, vous payerez 300 millimes,
entre 71 et 150 m3, vous paierez 545 millimes.
Maintenant, prenons ces deux derniers paliers qui touchent un bon nombre
de consommateurs (et nous ne disons pas la majorité) dont le foyer est
composé de deux ou de trois pièces. Si ce foyer consomme 70 m3 durant le
trimestre, il payera 21 dinars. Si ce foyer, par malheur, consomme un mètre
cube de plus (c’est-à-dire 71 m3), il ne payera pas 21,545 comme la logique
pourrait le suggérer, mais un peu plus que 38,695 puisqu’il faudra également
compter les 18% de TVA et autres frais fixes, sans parler des frais de
l’assainissement.
C’est là le hic, c’est que si l’on utilise le système de paliers (ou de
tarifs progressifs comme on dit dans le jargon de la société), on devrait appliquer un prix pour le premier palier puis un
autre prix pour un deuxième palier et ainsi de suite. Or, à la SONEDE on
applique le prix le plus fort pour toute la consommation dès lors que vous
avez une forte utilisation durant ce trimestre-là.
Alors la question qui se pose est de savoir pourquoi lèse-t-on ainsi le
citoyen qui peut payer du coup jusqu’à six fois plus cher (le palier le plus
élevé est à 840 millimes) ses premiers mètres cubes d’eau. Ne ce serait-ce
pas une injustice tarifaire ?
On ne peut contester le système de paliers, ce que l’on conteste, par
contre, c’est que l’on applique les tarifs supérieurs pour les premières
tranches de base. C’est tout simplement injuste, voire contraire à la
réglementation du commerce puisqu’on va se retrouver face à deux voisins qui
paient le même produit avec de larges écarts de prix.
On nous rappelle à coups de bannières que 90% des Tunisiens paient l’eau
au-dessous de son prix de revient, mais ceci explique-t-il l’application
d’un système de tarification étrange et peut-être unique au monde ? Le
système de paliers existe un peu partout, mais on doute qu’il puisse
ressembler à celui de la SONEDE.
L’ODC qui multiplie un peu partout ses conseils devrait se pencher sur le
sujet et défendre le citoyen envahi par les factures de tous bords !