Eurostat relance la polémique sur les chiffres du chômage français

 
 
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Une femme et son enfant entrent dans une ANPE, le 27 janvier 2004 à Caen (Photo : Mychèle Daniau)

[30/03/2007 12:41:36] BRUXELLES (AFP) L’office statistique européen Eurostat a corrigé vendredi à la hausse les chiffres du chômage français sur plusieurs mois, ce qui devrait alimenter la polémique sur le nombre exact de personnes à la recherche d’un emploi qui agite la campagne présidentielle en France.

Compte-tenu de ces révisions, le taux de chômage moyen sur l’ensemble de l’année 2006 en France a été relevé par Eurostat à 9,4%, contre 9,0% selon l’estimation précédente, a indiqué Amelia Torres, la porte-parole du commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia.

Pour le mois de février, Eurostat évalue à 8,8% le taux de chômage, contre 8,4% annoncé par l’Insee jeudi. Le taux de chômage de janvier est redressé à 8,9%, contre 8,4% dans la précédente estimation d’Eurostat.

Nous avons “révisé en hausse de 0,4 à 0,5 point les chiffres du chômage depuis mai 2006” en utilisant les enquêtes sur l’emploi de l’Insee pour les troisième et quatrième trimestres 2006, a expliqué à l’AFP le responsable du service de presse d’Eurostat Philippe Bautier.

Evoquant des problèmes de fiabilité, l’Insee avait choisi de différer à l’automne prochain la publication de l’enquête emploi du troisième trimestre, qu’elle publie normalement en mars.

Cette décision de l’Insee alimente une vive polémique depuis plusieurs semaines, l’opposition, les syndicats et des associations estimant qu’elle revêt un caractère politique, à quelques semaines de l’élection présidentielle.

La question du chômage est en tête des préoccupations des Français et constitue donc un thème majeur et un enjeu de l’élection, dont le premier tour aura lieu le 22 avril.

Le gouvernement sortant se targue d’être parvenu à faire baisser le chômage de manière significative depuis mars 2005, ce qui est partiellement contredit par les nouveaux chiffres d’Eurostat.

Eurostat a justifié vendredi sa décision d’utiliser les enquêtes emploi que l’Insee lui a fournies, malgré les réserves apportées par l’institut français.

“L’enquête (de l’Insee) est utilisable” et elle présente “plus de fiabilité” que les chiffres fournis par les “sources administratives” (services de l’emploi de l’ANPE, ndlr), a expliqué M. Bautier.

“C’est vrai, l’enquête présente quelques problèmes de qualité, mais il s’agit plus de problèmes structurels de méthodologie, qui ne sont pas liés à un trimestre particulier”. “L’Insee avait déjà formulé de telles réserves dans le passé”, a précisé M. Bautier.

Eurostat utilise autant que possible “les enquêtes les plus récentes” réalisées par les instituts nationaux pour élaborer ses propres statistiques, a-t-il ajouté.

Amelia Torres a précisé de son côté que les instituts statistiques des Etats membres de l’UE ont “l’obligation” d’envoyer leurs données à Eurostat, en vertu d’un règlement européen de 1998.

“Eurostat a fait son travail”, a-t-elle ajouté.

L’Insee a pris acte vendredi de la décision d’Eurostat de publier, “dans un souci d’harmonisation européenne”, des taux de chômage révisés à la hausse pour la France, a indiqué l’institut dans un communiqué diffusé à Paris.

Jeudi le ministère de l’Emploi s’était félicité d’atteindre en février “le plus faible (taux de chômage) depuis 24 ans”, soit depuis “juin 1983”.

Mais l’opposition et des responsables syndicaux avaient aussi réagi en dénonçant des chiffres faussés.

Ainsi Bernard Thibault (CGT) avait estimé que les chiffres du chômage étaient “de plus en plus artificiels” et “farfelus”. Jean-Claude Mailly (FO) jugeait lui qu’il fallait “revoir la méthode statistique” pour calculer le chômage.

Le candidat UDF François Bayrou avait, lui, condamné l’existence de “graves différences entre les chiffres officiels et les chiffres réels du chômage”.

 30/03/2007 12:41:36 – © 2007 AFP