La guerre pour Endesa redouble d’intensité, à la Bourse et en justice

 
 
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Logo d’Endesa (Photo : Jose Luis Roca)

[31/03/2007 09:06:12] MADRID (AFP) EON et Enel/Acciona se sont rendus coup pour coup cette semaine dans la bataille pour le contrôle d’Endesa, augurant de féroces empoignades au sein du capital du premier électricien espagnol et aussi devant les tribunaux.

“Jamais EON n’a pensé à abandonner!”, a réaffirmé vendredi une de ses porte-parole alors que le quotidien espagnol Cinco Dias affirmait que le groupe jetterait l’éponge s’il ne réunissait pas à réunir 20 à 25% d’Endesa lors de son OPA.

Le géant allemand a fait comprendre ces derniers jours qu’il ne lâcherait pas prise, et semble s’être résigné à une guerre de tranchées et de procédures contre l’électricien italien Enel et le groupe de BTP espagnol Acciona, qui contrôlent déjà 46% d’Endesa et qui veulent lancer eux aussi une OPA à au moins 41 euros par action.

Lundi, le groupe de Wulf Bernotat a recruté un supplétif de choix pour la bataille à venir: le troisième actionnaire d’Endesa, la caisse d’épargne Caja Madrid.

Ce dernier met à disposition de l’allemand ses 9,9% pendant 4 ans, sans pour autant céder ses droits politiques. Concrètement, les deux vont marcher de concert lors des assemblées générales, pour faire barrage à Enel et Acciona.

La direction d’Endesa s’est aussi ralliée à EON, en recommandant lundi son offre, et le virulent président de l’électricien, Manuel Pizarro, a affirmé qu’Enel n’aurait pas d’administrateurs au sein de son conseil d’administration.

En face, Enel et Acciona ont remporté une victoire mercredi en s’assurant que 49% d’Endesa échapperait à EON. En effet, la holding des participations de l’Etat espagnol, Sepi, a annoncé – sans surprise compte tenu de l’opposition de Madrid à EON – qu’elle ne vendrait pas sa part de 2,95% à l’allemand.

De plus, selon El Pais, Acciona a demandé à l’autorité boursière espagnole (CNMV) l’autorisation d’acquérir 3,9% supplémentaires, pour passer de 21,03 à 24,9% dans le capital d’Endesa.

La situation semble donc bloquée sur le front purement capitalistique, avec une OPA en cours, celle d’EON, qui a de bonnes chances d’échouer, et une OPA en gestation, celle d’Enel et Acciona, plus alléchante, mais bloquée pendant 6 mois en raison d’une décision de la CNMV.

L’offre allemande, valorisant Endesa à 42,3 milliards d’euros, expire le 3 avril et le résultat sera connu le 11. Selon Cinco Dias, les fonds spéculatifs sont en effervescence et achète des titres Endesa à tour de bras.

Face à ces incertitudes, les belligérants ont ouvert un deuxième front, celui des tribunaux, ce qui promet d’occuper une armée d’avocats.

EON a ainsi déposé cette semaine des recours devant un tribunal américain, devant le gendarme espagnol de la Bourse (CNMV) et devant la plus haute instance pénale espagnole, l’Audience nationale, pour empêcher Enel et Acciona de déposer leur OPA.

Enel et Acciona ne sont pas en reste: ils ont décidé de saisir aussi la justice pour faire invalider la décision de la CNMV qui bloque leur OPA pendant 6 mois, et étudient à la loupe le pacte qui lie EON et Caja Madrid pour le faire éventuellement invalider.

Le patron d’Enel, Fulvio Conti, a déclaré mercredi qu’il entendait lancer l’OPA avant 6 mois.

Mais ces procédures risquent de prendre du temps. La dernière fois que la justice s’est mêlée du dossier Endesa, en mars 2006 quand l’électricien était la cible de Gas Natural, elle a gelé les opérations pendant 10 mois.

Le dossier Endesa fait plus que jamais s’arracher les cheveux à la Commission européenne, exaspérée par l’attitude du gouvernement espagnol qui, lui, conteste les prérogatives de Bruxelles.

La Commission a traîné cette semaine l’Espagne devant la Cour européenne de Justice pour avoir imposé des conditions à EON qu’elle juge illicites.

 31/03/2007 09:06:12 – © 2007 AFP