Commerce : Pékin dénonce vivement la nouvelle pression américaine

 
 
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Le secrétaire américain au Commerce, Carlos M. Gutierrez, le 30 mars 2007 à Washington (Photo : Mannie Garcia )

[31/03/2007 10:47:22] PEKIN (AFP) La Chine a vivement dénoncé samedi la nouvelle pression américaine sur sa politique commerciale, critiquant “l’unilatéralisme” des Etats-Unis après la décision de Washington d’imposer des sanctions sur les importations chinoises de papier couché.

“Cette décision américaine va à l’encontre du consensus entre les dirigeants des deux pays pour régler les litiges par la voie du dialogue”, a jugé samedi le porte-parole du ministère du Commerce, Wang Xinpei.

“Le gouvernement chinois exprime à cet égard son vif mécontentement”, a-t-il ajouté, appelant “les Américains à revoir la décision et à la corriger dès que possible”.

Pour Mei Xinyu, de l’Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique, dépendant du ministère, les Américains font erreur, car “cette industrie (du papier couché) ne bénéficie pas tellement de subventions”.

“Les Etats-Unis sont fidèles à leur unilatéralisme”, dit-il.

Les autorités américaines affirment que les exportateurs chinois ont reçu des subventions publiques allant de 10,90% à 20,35% sur ce produit utilisé notamment pour les tirages sur papier des photos numériques et ont décidé d’imposer en retour des droits compensatoires équivalents sur les importations chinoises de papier couché entrant aux Etats-Unis.

Washington a déjà déposé plainte début février devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les subventions publiques chinoises à plusieurs secteurs industriels, dont celui du papier.

Cette plainte a marqué une inflexion, car jusqu’à présent, Washington avait privilégié le dialogue.

En décembre, les services de la représentante américaine au Commerce (USTR) Susan Schwab avaient annoncé la couleur, menaçant d’avoir recours à “tous les outils rendus disponibles par l’adhésion de la Chine à l’OMC”, en 2001, si la voie de la négociation était infructueuse.

Pour Hu Xingdou, spécialiste des questions économiques à l’Institut de technologie de Pékin, à l’approche de l’élection présidentielle américaine de novembre 2008, la pression ne va pas aller en diminuant.

“Cette décision de protection commerciale des Etats-Unis n’est pas conforme à l’accord de l’OMC. L’année prochaine, ce sera l’élection présidentielle, le gouvernement est sous la pression des syndicats et cherche à obtenir le soutien des +cols bleus+ (ouvriers de l’industrie)”, explique-t-il à l’AFP.

“L’accroissement des produits à bas prix chinois qui affectent le marché intérieur américain et conduit à une certaine perte d’emplois est en fait le résultat inévitable de la globalisation. La décision d’appliquer des droits compensatoires est injuste”, juge-t-il.

Cependant, Hu Xingdou estime que la Chine a aussi sa part de responsabilité et doit “repenser son modèle d’exportation commerciale” et “changer sa politique de remise de taxes”.

“Il faut changer les exportations de produits basés sur les prix bas et l’utilisation forte de main-d’oeuvre en faveur de celles de produits ayant recours à la technologie et à haute valeur ajoutée”, estime-t-il, ajoutant: “On ne peut pas seulement rechercher la quantité des exportations”.

Les délégations américaines, qui se sont succédé ces derniers mois en Chine, ont appelé également Pékin à plus de réformes dans le domaine financier pour obtenir une plus grande flexibilité du yuan, accusée d’être sous-évaluée et de favoriser les exportations du géant asiatique, sans guère de résultats.

En 2006, les Etats-Unis ont connu un déficit commercial record avec la Chine, 232 milliards de dollars, soit plus du quart du déséquilibre total.

 31/03/2007 10:47:22 – © 2007 AFP