Le gouvernement italien s’inquiète de l’entrée d’ATT dans Telecom Italia

 
 
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Le logo de Telecom Italia (Photo : Paco Serinelli)

[02/04/2007 10:53:57] MILAN (AFP) Craignant la perte d’un fleuron industriel, le gouvernement italien a réagi avec la plus vive inquiétude lundi à l’annonce d’une éventuelle prise de participation de l’américain ATT et du mexicain America Movil dans Telecom Italia, le premier opérateur du pays.

Après les tentatives avortées du milliardaire australien Rupert Murdoch, et de l’opérateur espagnol Telefonica, le patron de Pirelli, Marco Tronchetti Provera a ouvert des négociations exclusives avec ATT et America Movil en vue de leur vendre la holding contrôlant Telecom Italia.

Pirelli détient 80% de la holding Olimpia, actionnaire à 18% de Telecom Italia, et la famille Benetton les 20% restants.

Le géant américain et son homologue mexicain proposent de reprendre deux tiers de cette holding et sont prêts à accorder à Pirelli et aux Benetton une option de vente sur le tiers restant.

Ils mettent sur la table 2,82 euros par action Telecom Italia, moins la dette de la holding, soit une offre nettement supérieure au cours de clôture de 2,13 euros de l’opérateur italien vendredi.

Cette proposition a enflammé le titre de Pirelli, qui bondissait de 11% à 0,92 euro, et celui de Telecom Italia, qui grimpait également de 11% à 2,37 euros à 09H40 GMT lundi à la Bourse de Milan.

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l’ancien président de Telecom Italia Marco Tronchetti, le 11 septembre 2006 à Rome (Photo : Remo Casilli)

M. Tronchetti Provera, poussé à la démission de la présidence de Telecom Italia en septembre, cherche depuis plusieurs mois à mettre fin à la coûteuse aventure de Pirelli dans Telecom Italia.

Cette opération ferait rentrer environ 2,7 milliards d’euros dans les caisses de Pirelli et de la famille Benetton si elle aboutit.

Pirelli a accueilli “favorablement” la proposition des deux groupes et a donné un mois jusqu’au 30 avril à son président pour mener l’opération à son terme.

M. Tronchetti Provera doit cependant faire face à une forte résistance du gouvernement italien, inquiet de voir passer sous contrôle étranger un actif jugé stratégique.

Cette opération suscite “une énorme préoccupation” au sein du gouvernement, a déclaré le ministre italien des Télécommunications Paolo Gentiloni au quotidien Il Messagero.

Le ministre du Développement économique Pierluigi Bersani, considéré comme l’un des ténors du gouvernement, s’est dit “déconcerté” par la tournure prise par les événements, selon ses propos cités par la Repubblica.

Le chef du gouvernement Romano Prodi, qui s’était violemment heurté à Marco Tronchetti Provera en septembre 2006 sur la stratégie de Telecom Italia, n’avait pas réagi lundi matin.

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Le ministre italien des Télécommunications Paolo Gentiloni, le 5 octobre 2006 à Rome (Photo : Abdreas Solaro)

Il avait récemment assuré n’avoir “aucun préjugé sur les investissements étrangers en Italie”.

L’un des espoirs du gouvernement repose sur les banques italiennes qui pourraient être incitées à voler au secours de l’opérateur italien.

“La partie me semble encore ouverte”, a suggéré le vice-ministre de l’Economie, Vincenzo Visco.

Un groupe de banques dont la banque d’affaires milanaise Mediobanca et le numéro un Intesa Sanpaolo ont récemment discuté avec Pirelli pour rentrer au capital mais les négociations ont achoppé sur le prix.

En cas d’accord, ATT et America Movil devront attendre 15 jours la décision de Generali et Mediobanca qui ont un droit de préemption en cas de vente d’actions Olimpia.

M. Tronchetti Provera a pris le contrôle de Telecom Italia en 2001 en payant près de 4,2 euros par titre. Entre temps, le cours a été divisé par deux. Au total en six ans, l’aventure Telecom Italia, qui est par ailleurs une entreprise florissante, a coûté 3 milliards d’euros à Pirelli et la famille Benetton.

 02/04/2007 10:53:57 – © 2007 AFP