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[02/04/2007 16:31:05] LONDRES (AFP) La maison de disques britannique EMI a annoncé lundi la mise à disposition de l’ensemble de son catalogue numérique sans système de cryptage anti-copie sur le portail iTunes d’Apple, initiative sans précédent pour une major, moyennant une augmentation de prix de 25%. A partir du mois de mai, le catalogue d’EMI (qui comprend des artistes comme Robbie Williams, Coldplay, Lily Allen, Norah Jones ou Gorillaz) sera disponible sur iTunes, dans un format numérique débarrassé du système anti-copie DRM (Digital Rights Management), et donc entièrement “interopérable”. Le concept d'”interopérabilité”, autrement dit de compatibilité, désigne la possibilité de lire un fichier musical, quelle que soit sa source de téléchargement, sur n’importe quel support. Jusqu’alors, la protection par le système DRM rendait difficile pour un utilisateur ayant téléchargé un titre MP3 via la plateforme iTunes de le lire sur un lecteur MP3 d’une marque autre que Apple. Autrement dit, iTunes fonctionnait en exclusivité avec le baladeur iPod, produit phare de la marque à la pomme et qui se taille la part du lion sur le marché des baladeurs numériques. Les nouveaux fichiers musicaux bénéficieront également d’une qualité de son “deux fois supérieure” aux fichiers protégés, ont avancé EMI et Apple. “Nous espérons remédier à l’absence d’interopérabilité qui est un motif de frustration pour de nombreux fans de musique”, a expliqué Eric Nicoli, directeur général d’EMI, au siège londonien de sa société. Le PDG d’Apple, Steve Jobs, était également présent, et a qualifié l’initiative commune des deux sociétés de “grand pas en avant” pour l’industrie musicale. Le nouveau format coûtera 25% plus cher à l’utilisateur. De 79 pence au Royaume-Uni, 99 cents aux Etats-Unis et 99 centimes d’euro dans la zone euro pour un titre simple (single), le prix d’un fichier sans DRM passera à 99 pence, 1,29 dollar et 1,29 euro. Pour Steve Jobs, il ne s’agit pas d’une augmentation de prix. Le fichier crypté reste disponible à son prix habituel. Pour les consommateurs qui souhaitent une “valeur ajoutée”, a-t-il avancé, à savoir un fichier libre de cryptage et “une meilleure qualité de son”, il est possible de payer plus cher le nouveau produit. Pour Eric Nicoli, la meilleure qualité de son et la plus grande facilité d’utilisation “justifient une prime”. Les albums et les vidéos seront en revanche disponibles dans la nouvelle qualité, sans augmentation de prix. L’expérience d’EMI devrait être observée de près par ses concurrents, dont aucun n’a pour l’heure annoncé d’initiative similaire. “Le sujet est déjà discuté au plus haut niveau dans le reste du secteur, mais les majors n’imiteront EMI que si l’initiative est commercialement probante”, assure Dan Cryan, analyste chez Screen Digest. Selon lui, même si de nombreux dirigeants concurrents sont convaincus que le système anti-copie n’est pas particulièrement efficace (parce que l’on peut contourner ce système en copiant le fichier sur un CD, ce qui est fastidieux mais pas impossible), la révolution culturelle n’est pas près de démarrer chez “les actionnaires soupçonneux”, qui voient dans les système anti-copie la seule défense d’une industrie du disque malmenée par le téléchargement illégal. Les problèmes récents d’EMI (baisse de revenu, avertissements sur résultats, renvoi de son PDG Alain Levy) l’ont d’ailleurs mise dans une position idéale pour être la première à tenter l’expérience. Selon une source du secteur interrogée par l’AFP sous couvert de l’anonymat, “EMI est à la seule à se permettre de courir ce risque parce qu’elle est la seule à avoir besoin de le courir”. |
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