Telecom Italia : le gouvernement italien partagé entre fatalisme et protectionnisme

 
 
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Le logo de Telecom Italia (Photo : Paco Serinelli)

[03/04/2007 14:04:16] ROME (AFP) Le gouvernement italien cherchait désespérément mardi un moyen de sauver Telecom Italia de l’appétit de l’américain ATT mais sa marge de manoeuvre est étroite entre le risque d’être taxé de protectionnisme et l’accusation de sacrifier un pan de l’industrie nationale.

Resté silencieux jusque-là, le chef du gouvernement Romano Prodi a esquivé la polémique : “comment ferai-je pour commenter des offres qui ne me sont pas adressées ?”, s’est-il contenté de répondre à la presse.

Lundi, son porte-parole avait jugé que les décisions des conseils d’administration étaient “sacrées” et devaient être “respectées” mais une large partie de sa majorité de centre-gauche presse M. Prodi d’intervenir pour empêcher le réseau de télécommunications fixe de passer sous pavillon étranger.

Le chef de gouvernement a été pris par surprise dimanche par l’annonce du géant américain ATT et du mexicain America Movil qui proposent à Pirelli, premier actionnaire de Telecom Italia, de racheter Olimpia, la holding qui contrôle 18% du capital de l’opérateur.

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Le Premier ministre italien Romano Prodi, le 27 mars 2007 (Photo : Evaristo Sa)

“Dur moment de vérité” pour l’Italie, écrit la Stampa dans un éditorial. Il souligne que le pays devrait perdre son dernier fleuron des télécoms après avoir déjà abandonné toute ambition dans l’électronique, l’informatique, la chimie ou la pharmacie et alors que la compagnie aérienne Alitalia pourrait passer sous pavillon russe de l’Aeroflot.

Toute intervention directe du gouvernement dans les affaires de Telecom Italia, opérateur privatisé il y a dix ans, serait probablement mal accueillie à l’étranger au moment où Rome se félicite de la réussite de l’assaut lancé par l’électricien Enel, détenu à 31% par l’Etat, sur l’espagnol Endesa.

M. Prodi pourrait chercher à favoriser une contre-offre italienne mais aucun industriel ne semble en mesure de proposer plus qu’ATT et les banques italiennes, traditionnellement appelées à la rescousse, semblent incapables de s’organiser alors qu’elles étudient le dossier depuis plusieurs semaines.

Une intervention directe serait aussi mal accueillie par Marco Tronchetti Provera, patron de Pirelli, qui a démissionné en septembre 2006 de la présidence de Telecom Italia à la suite d’un conflit avec M. Prodi.

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Le ministre italien des Télécommunications Paolo Gentiloni, le 5 octobre 2006 à Rome (Photo : Abdreas Solaro)

M. Provera, qui négociait alors une alliance avec l’australien Rupert Murdoch, avait accusé à l’époque le conseiller économique du chef du gouvernement d’avoir mis au point un projet prévoyant le rachat du réseau fixe par la Caisse des dépôts italienne.

“Les réseaux de télécommunication sont le système nerveux de la société de l’information et leur avenir intéresse tous les citoyens”, a souligné le ministre des Télécommunications, Paolo Gentiloni, qui avait fait part lundi de sa “grande préoccupation”.

Le président de la chambre des députés, le communiste Fausto Bertinotti, a aussi appelé le parlement à se saisir du sujet, jugeant que l’avenir du réseau ne pouvait dépendre d’actionnaires étrangers.

“Il est évident que l’intérêt public exige que les investissements soient faits rapidement et requièrent pour cela un actionnaire fort financièrement. Existe-t-il un tel actionnaire privé en Italie ? Pour l’instant, non”, estime Carlo Scarpa, professeur d’économie industrielle à l’université de Brescia (nord).

S’il ne peut s’opposer à un rachat, le gouvernement doit au moins demander des engagements précis au repreneur, en particulier sur le maintien des capacités de recherche et développement, conclut-il.

 03/04/2007 14:04:16 – © 2007 AFP