Kerkorian revient en force dans l’automobile avec une offre sur Chrysler

 
 
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Le milliardaire américain Kirk Kerkorian le 2 décembre 2003 à Willmington au Delaware (Photo : William Thomas Cain)

[05/04/2007 20:41:36] NEW YORK (AFP) Le constructeur automobile en difficultés Chrysler a fait l’objet d’une offre de rachat pour 4,5 milliards de dollars par le milliardaire Kirk Kerkorian, qui signe son retour en force dans le secteur automobile où il a déjà fait des incursions infructueuses.

L’investisseur américain, 90 ans en juin prochain, a rendu jeudi public un courrier adressé à DaimlerChrysler, maison-mère de Chrysler: via sa société d’investissements Tracinda, Kerkorian propose 4,5 milliards de dollars en cash pour acquérir Chrysler, adossé à Daimler depuis 1998.

Cette offre intervient alors que DaimlerChrysler a annoncé mercredi discuter “avec des partenaires potentiels” pour Chrysler, mettant un terme à plusieurs semaines de spéculations sur l’avenir du constructeur américain, qui a accusé environ 1,5 milliard de dollars de pertes en 2006.

Avec cette initiative, Kerkorian, magnat des casinos de Las Vegas, revient à l’automobile après s’être amèrement retiré en décembre de General Motors (GM), dont il était le premier actionnaire individuel.

Kerkorian, réputé pour faire pression sur les directions des groupes dans lesquels il investit, avait été à l’initiative du projet d’alliance entre GM et Renault-Nissan, jugeant qu’un tel mariage consoliderait GM.

Le projet, très médiatisé, a capoté en octobre après un refus de GM.

Concernant Chrysler, Kerkorian n’est pas étranger au constructeur puisqu’il avait déjà tenté de s’en emparer en 1995. L’investisseur, associé à l’ex-PDG de Chrysler, Lee Iacocca, avait fait une offre hostile de 22,8 milliards de dollars, mais l’opération avait “lamentablement échoué” selon certains chroniqueurs.

La nouvelle offre de Tracinda sur Chrysler s’ajoute à celle d’autres candidats potentiels: les fonds Cerberus, Blackstone et Centerbridge Partners, l’équipementier automobile canadien Magna, mais aucun grand constructeur automobile.

Chrysler est resté laconique jeudi: “nous sommes effectivement en discussions avec des partenaires potentiels qui ont manifesté un intérêt pour Chrysler”, si bien que “toutes nos options restent ouvertes”, a déclaré à l’AFP Han Tjan, porte-parole de Chrysler.

Pour séduire Chrysler, Tracinda se présente comme un candidat de premier ordre mais pose ses conditions: renégociation d’un récent accord salarial avec le puissant syndicat de branche UAW, pour obtenir un accord “plus juste”, et clause d’exclusivité avec Chrysler sur une période de 60 jours.

Derrière le coup financier sur un groupe en position de faiblesse –restructuration intensifiée en février avec la suppression d’ici 2009 de 13.000 emplois, soit 16% de ses effectifs–, Tracinda affirme vouloir “bâtir et renforcer les actifs de Chrysler pour en faire une entité autonome”.

Le fonds vise aussi “une approche de long terme” pour redresser Chrysler, sur 5 à 7 ans.

Pour autant, l’offre de Kerkorian est bien en deçà de ce que DaimlerChrysler attend.

Selon le Detroit News, la maison-mère espère 8 milliards de dollars pour Chrysler, qui a vu ses ventes mondiales reculer de 4,5% en 2006 à 2,69 millions d’unités à cause d’un plongeon de 7% (2,1 millions d’unités) aux Etats-Unis.

Le marché évalue pour sa part Chrysler à 4-6 milliards et recevait plutôt bien l’offre de Tracinda. L’action DaimlerChrysler prenait d’ailleurs 4,70% 84,80 dollars à New York à la cloture de la Bourse.

Les difficultés de Chrysler sont symptomatiques de la crise que traversent les constructeurs automobiles américains face au succès de leurs rivaux asiatiques. DaimlerChrysler, lasse des difficultés de Chrysler, avait fait savoir en février qu’elle étudiait toutes les options possibles pour ce dernier.

 05/04/2007 20:41:36 – © 2007 AFP