Championne de la pression fiscale, la Suède distille une dose de libéralisme

 
 
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Le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt à Meise (Belgique), le 8 mars 2007 (Photo : Jacques Collet)

[05/04/2007 11:50:12] STOCKHOLM (AFP) Championne d’Europe de la pression fiscale, la Suède se voit administrer depuis six mois une dose de libéralisme par son gouvernement conservateur, qui vient d’annoncer coup sur coup la suppression de la taxe foncière et celle, très symbolique, de l’impôt sur la fortune.

La Suède, Etat providence montré en exemple par une partie de la gauche européenne après des décennies de sociale-démocratie, semble accepter cet allègement du poids de l’Etat dans l’économie orchestré par le Premier ministre Fredrik Reinfeldt.

“C’est un pas vers une direction plus libérale mais le changement n’est pas très radical”, commente Stefan Lundgren, directeur du centre suédois d’études politiques (SNS).

L’impôt sur la fortune, créé en 1947, sera aboli dès cette année, pour favoriser les investissements et l’emploi en stoppant la fuite des capitaux.

Tandis que la suppression de l’impôt foncier sera présentée à l’automne pour une application en janvier 2008.

Ces mesures figuraient au programme électoral des quatre partis actuellement au pouvoir qui ont détrôné les sociaux-démocrates aux élections législatives de septembre 2006.

A l’époque, le vote suédois avait été interprété comme une volonté de réformer en douceur ce modèle scandinave.

“Le but de ce gouvernement est de réduire le rôle de l’Etat”, rappelle d’ailleurs Mats Knutson, analyste politique à la télévision suédoise Svt.

Il faut dire que les prélèvements obligatoires représentaient en 2005, 52,1% du Produit intérieur brut, selon Eurostat.

Depuis son arrivée au pouvoir, la coalition de centre droit a entamé une série de réformes. Le 21 décembre, le parlement suédois a d’abord adopté une loi modifiant l’assurance-chômage, qui réduit les allocations et augmente les cotisations.

Plus récemment, le 2 mars, le gouvernement a proposé la cession de tout ou partie des participations de l’Etat détenues dans six entreprises dont Vin & Sprit, propriétaire de la célèbre vodka Absolut.

“Il y a désormais une série de petits pas qui ont été franchis qui vont faciliter la création des entreprises, avec moins de bureaucratie pour les petits entrepreneurs”, souligne Klas Eklund, chef économiste de la banque suédoise SEB.

“Chacune de ces mesures n’est pas très importante mais si vous les ajoutez les unes aux autres, la Suède devient incontestablement plus libérale”, dit-il.

Pour l’oppposition de gauche, le gouvernement a pris un virage résolument à droite.

“On commence à reconnaître une politique de droite, une semaine, ils suppriment l’impôt sur la fortune, la semaine suivante, l’impôt foncier au lieu de miser sur l’Etat providence. C’est une politique injuste qui creuse les écarts”, a déclaré Pär Nuder, porte-parole des sociaux-démocrates chargé des affaires économiques, à l’agence suédoise TT.

Pourtant la prochaine étape sera de s’attaquer au chômage des moins qualifiés et des immigrés, autre promesse électorale.

Le gouvernement entend réduire les coûts salariaux pour les entreprises qui embaucheront en priorité ces personnes, dont le taux de chômage est le plus important dans le pays, rappelle M. Knutson

Dans un rapport publié à la mi février, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) soulignait déjà qu’en dépit d’excellentes performances macroéconomiques (+4,4% de croissance en 2006), l’un des enjeux pour la Suède était de mieux intégrer ses immigrés sur le marché du travail.

L’OCDE préconise la poursuite des réformes pour renforcer l’économie suédoise en introduisant une plus grande concurrence soit en privatisant davantage ce qui relève encore du secteur public.

Pour le politologue suédois, M. Lundgren, le changement aurait été plus significatif si le gouvernement avait décidé de s’attaquer à des secteurs tels que la santé et l’éducation.

 05/04/2007 11:50:12 – © 2007 AFP