[05/04/2007 13:58:06] MILAN (AFP) L’opérateur italien Telecom Italia traversait jeudi de fortes turbulences, secoué par des déchirements entre ses principaux actionnaires italiens, sur fond de manoeuvres pour empêcher sa prise de contrôle par l’américain ATT. L’exclusion du président de l’opérateur, Guido Rossi, de la liste présentée par le groupe industriel Pirelli, qui contrôle 18% de Telecom Italia via la holding Olimpia, pour le renouvellement du conseil d’administration, le 16 avril, a déclenché une bataille ouverte aux conséquences incertaines entre actionnaires. La banque d’affaires Mediobanca et l’assureur Generali, deux piliers du capitalisme italien, ont violemment dénoncé l’absence de concertation, alors que les trois groupes sont liés par un pacte d’actionnaires prévoyant une consultation préalable sur la gouvernance de Telecom Italia. Les deux camps se sont affrontés ouvertement par communiqués interposés dans la nuit de mercredi à jeudi, Pirelli affirmant être dans son droit, tandis que Mediobanca et Generali réclamaient une réunion d’urgence du pacte d’actionnaires.
Generali détient 1,9% de l’opérateur de télécommunications et Mediobanca environ 4%. Le Pdg de Telecom Italia, Guido Rossi, désormais en conflit ouvert avec le président de Pirelli, Marco Tronchetti Provera, qui l’avait pourtant porté à la présidence de l’opérateur italien en septembre 2006, envisage de démissionner avant l’assemblée générale du 16 avril. “J’envisage de démissionner, j’étudierai toutes les options dans l’intérêt des parties prenantes”, a-t-il confié au journal la Repubblica. M. Rossi a comparé la situation actuelle à un “soukh” et dénoncé la gouvernance de l’entreprise, qui a permis à un homme, Marco Tronchetti Provera, de s’emparer en 2001 du premier opérateur italien avec quelques centaines de millions d’euros sans lancer d’OPA. Si la liste de M. Tronchetti Provera l’emporte lors de l’assemblée générale du 16 avril, la présidence devrait revenir à l’ancien Pdg du groupe STMicrolectronics, Pasquale Pistorio. Mais de nouveaux rebondissements sont possibles d’ici là. Les négociations ouvertes par M. Tronchetti Provera avec ATT et le mexicain America Movil, pour leur vendre Olimpia, ont déclenché l’alarme au sein du gouvernement italien, qui craint la perte d’un fleuron industriel.
Elles ont aussi entraîné de forts mouvements du titre en Bourse puisque 15% du capital a changé de mains en 4 jours. La presse évoque aussi la mobilisation d’un front de banques italiennes, furieuses contre le “coup de force” de M. Tronchetti Provera, qui pourraient chercher à présenter une contre-offre sur Olimpia, et se renforceraient ainsi sur le marché dans l’optique de l’assemblée générale. Les opérateurs évoquent également un possible ramassage d’actions par ATT, ce qui lui permettrait de consolider sa position au capital en cas de prise de contrôle d’Olimpia. Le groupe américain a par ailleurs cherché à rassurer le monde politique et financier de la péninsule en déclarant d’une part être disposé à “prendre en considération” les souhaits de partenaires italiens intéressés par une participation, et en promettant d’autre part d’investir en Italie et de maintenir une direction italienne. Enfin, la presse a relancé l’hypothèse de l’intervention d’un chevalier blanc pour contrer ATT, le Wall Street Journal évoquant l’intérêt de France Telecom et de l’espagnol Telefonica. Mais chaque camp ne pourra vraiment compter ses forces que lors de l’assemblée générale du 16 avril. |
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