France : moins décisives qu’autrefois, les élections restent surveillées par la Bourse

 
 
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Vue du palais Brongniart, place de la Bourse à Paris (Photo : Jean-Pierre Muller)

[06/04/2007 06:54:15] PARIS (AFP) Même si la Bourse ne devrait connaître ni krach ni “état de grâce” après les élections présidentielle et législatives, l’issue du double scrutin pèsera sur certaines valeurs, GDF en tête, et sur des secteurs tels que la distribution ou l’énergie, selon des courtiers.

Une vague de panique comparable à celle de 1981, où le CAC 40 avait dégringolé de 30% en l’espace d’un mois, est d’autant moins probable que les grandes entreprises se sont internationalisées et que les gouvernements ont perdu une grande partie de leurs marges de manoeuvre.

Mais l’Etat, en tant qu’actionnaire, conserve un poids important dans certains des dossiers qui ont agité les marchés ces derniers mois, à commencer par la délicate fusion GDF-Suez, qui suppose au préalable de privatiser le groupe gazier.

“Une victoire des socialistes se traduirait par l’annulation pure et simple du projet”, estime la banque Lehman Brothers. A l’inverse, le candidat de l’UMP Nicolas Sarkozy pourrait entériner la fusion, voire même célébrer un mariage à trois avec un producteur de gaz, par exemple l’algérien Sonatrach.

Autre mastodonte, détenu à 15% par l’Etat français, le groupe d’aéronautique et de défense EADS attend une possible prise de position de Paris sur le plan de restructuration d’Airbus, dont Ségolène Royal réclame la suspension, et sur d’éventuels changements au capital du groupe, préconisés par M. Sarkozy.

Le courtier américain JPMorgan spécule également sur un rapprochement Bouygues-Alstom-Areva en cas de victoire de la droite, rappelant que Nicolas Sarkozy, “un bon ami de Martin Bouygues”, est considéré comme “plus ouvert” à une privatisation d’Areva, dont profiterait le groupe de BTP.

Par ailleurs, les orientations de la future majorité devraient influencer des domaines comme l’énergie, dont les tarifs sont réglementés, et la défense, “qui pourrait souffrir d’une baisse des contrats en cas de succès socialiste”, explique Guillaume Garabedian, gérant chez Meeschaert.

Même des secteurs moins politiques devraient réagir au scrutin, souligne la Société Générale, qui propose depuis le 26 février un panier de valeurs “Royal”, avec des titres tels que Carrefour, et un panier “Sarkozy”, avec les groupes de BTP Bouygues, Eiffage ou Vinci.

Les analystes de la banque française anticipent ainsi qu’une éventuelle réforme de la loi sur les 35 heures, défendue par la droite, aurait “des impacts positifs sur les secteurs ayant des coûts de main-d’oeuvre importants”, comme le BTP ou l’hôtellerie.

En revanche, la proposition socialiste d’un Smic à 1.500 euros “pourrait profiter à des valeurs de la grande distribution”, tandis qu’une “prise de conscience écologique” bénéficierait à des acteurs du recyclage, comme Veolia, ou des matériaux de construction comme Saint-Gobain ou Lafarge, ajoute la Société Générale.

L’irruption de François Bayrou est accueillie avec prudence, les courtiers d’Ixis soulignant que la formation d’une coalition mêlant droite et gauche “impliquerait la négociation d’une plate-forme distincte” du programme actuel du candidat centriste.

“S’il arrive au second tour, qu’en sera-t-il au niveau législatif ? Comment un gouvernement sera-t-il possible ? Cela pourrait induire une période de flottement, toujours mal perçue par les marchés”, juge Arnaud Riverain, responsable de la recherche pour Arkéon Finance.

 06/04/2007 06:54:15 – © 2007 AFP