[08/04/2007 10:33:26] BERLIN (AFP) Faute d’avoir pu avaler tout cru l’électricien espagnol Endesa, le géant allemand de l’énergie EON doit se mettre à la recherche d’autres acquisitions, sous peine de devenir peut-être à son tour une proie potentielle dans la course à la consolidation du secteur. “EON a trop d’argent”, résume, lapidaire, l’hebdomadaire économique Wirtschaftswoche. Les analystes de la banque Citigroup estiment à 30 milliards d’euros la somme qu’EON pourrait encore consacrer à des acquisitions, composée pour moitié de dettes et pour moitié d’actifs propres. Les caisses très pleines du producteur allemand de gaz et d’électricité et son endettement négligeable, à faire pâlir d’envie bien des concurrents, pourraient se retourner contre lui en le rendant irrésistible aux yeux de repreneurs potentiels. EON comptait y remédier en déboursant 42,3 milliards d’euros, soit la plus importante offre publique d’achat jamais vue dans l’énergie, pour le premier électricien espagnol Endesa. Mais le groupe allemand a dû s’incliner face à ses concurrents, l’italien Enel et l’espagnol Acciona. Il a cependant sauvé la face en s’assurant de pouvoir racheter un portefeuille d’actifs d’Endesa, d’une valeur de quelque 10 milliards d’euros.
Cette perspective rend EON moins vulnérable, jugent les analystes, qui soulignent toutefois que le rachat ne pourra avoir lieu qu’une fois Endesa aux mains d’Enel et Acciona. Le patron du groupe allemand, Wulf Bernotat, s’est montré serein cette semaine face aux éventuelles menaces sur son entreprise, qui est tout de même un “gros morceau”, a-t-il fait valoir mardi, avec son chiffre d’affaires de 67,8 milliards d’euros l’an dernier. Il a toutefois assuré qu’il comptait jouer un “rôle actif” dans la consolidation du secteur de l’énergie, assurant qu’il n’était “pas satisfait de la position (du groupe) sur le marché.” “Nous allons avoir plus d’opportunités pour notre croissance future sur d’autres marchés, comme en Russie, par exemple”, où le secteur de l’électricité doit être privatisé, a déclaré le président du directoire. Autre marché où les analystes prêtent des ambitions à EON: la France, où le groupe allemand devrait devenir numéro trois de l’électrcité en rachetant Endesa France (ex SNET). Le groupe Suez en particulier est vu comme une proie idéale. L’annonce de la fin du feuilleton Endesa a d’ailleurs fait bondir le titre à la Bourse de Paris, où certains investisseurs imaginent volontiers une alliance franco-allemande EON/Veolia pour faire main basse sur Suez. Parmi les autres emplettes possibles pour EON, le groupe britannique Scottish and Southern Energy, estiment les spécialistes du secteur. En Espagne, où EON vise une place de numéro trois du marché, les groupes Iberdrola ou Gas Natural sont également évoqués. Pour Thomas Deser, gestionnaire du fonds Union Investment cité par le Financial Times Deutschland, le calendrier est idéal pour qu’EON fasse son shopping. “L’italien Enel est occupé avec Endesa, le français EDF est neutralisé en raison des élections présidentielles et le concurrent allemand RWE est occupé par un changement de direction”, énumère-t-il. La banque Citigroup, qui a repris jeudi le suivi du titre du géant allemand de l’énergie, estime qu’EON va toutefois prendre son temps avant de se lancer dans des acquisitions. Dans un premier temps, les caisses bien pleines du groupe devraient plutôt servir à rémunérer ses actionnaires, selon Citigroup, qui parie sur un rachat d’actions massif d’EON au mois de juin. |
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