Victimes de l’effet Nokia, les chantiers navals finlandais manquent de bras

 
 
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Le port d’Helsinki le 17 novembre 2004

[09/04/2007 06:50:55] HELSINKI (AFP) La Finlande, qui a misé dans les années 1990 sur les nouvelles technologies pour remplacer les industries qu’elle croyait condamnées, manque aujourd’hui de bras qualifiés pour faire face au boom de la construction navale dopée par la vogue des bateaux de croisière.

La situation est “très grave”, s’alarme Tapio Karvonen, du Centre d’étude maritime finlandais.

“La croissance du marché de la croisière est si forte à l’heure actuelle que les chantiers navals finlandais ne peuvent pas se permettre de perdre leur position”, estime le chercheur.

Le marché de la croisière s’accroît de 8% à 9% par an depuis 2004.

Les Européens sont les leaders mondiaux du marché des paquebots: derrière l’Italien Fincantieri, le groupe norvégien Aker Yards, propriétaire des chantiers navals finlandais et repreneur en 2006 des Chantiers de l’Atlantique, rebaptisés Akers Yards France.

Aker Yards s’est engagé à livrer 22 paquebots et ferries d’ici 2011.

Pour honorer leur plan de charge, Aker Yards Finland et leurs sous-traitants devront recruter 8.000 personnes d’ici 2010.

“Il manque de la main d’oeuvre qualifiée pour les métiers de la construction navale”, admet Sinikka Railo, porte-parole d’Aker Yards Finland.

L’annonce début avril de la commande d’un second paquebot de la classe Genesis, les plus gros au monde, par l’armateur américain Royal Caribbean Cruises Ltd (RCCL), a encore accentué la pression.

A lui seul, Aker cherche à embaucher 300 personnes par an: architectes, designers, ingénieurs, soudeurs, charpentiers métaux…

Et encore ces recrutements ne serviront-ils qu’à compenser les départs en retraite, massifs en Finlande où le vieillissement démographique est le plus rapide d’Europe.

Si les candidats à l’emploi ne manquent pas dans un pays qui affiche plus de 7% de chômage, leur qualification ne correspond pas aux postes proposés par les chantiers.

Cette inadéquation est due au fait que “les technologies de l’information ont attiré les jeunes par centaines. Les métiers de la métallurgie étaient considérés comme pénibles et ingrats”, analyse Sinikka Railo.

Dès le début des années 1990, Nokia, aujourd’hui numéro un mondial des téléphones portables, ainsi qu’une myriade de start-ups gravitant autour de lui, attirent des milliers de jeunes.

“Les écoles n’ont pas eu la bonne stratégie”, orientant les étudiants vers ces nouveaux secteurs d’activité au détriment de l’industrie, relève Sinikka Railo.

Tapio Karvonen souligne en outre que “les chantiers navals ont connu de grandes difficultés au début des années 1990 et leur avenir en Finlande paraissait compromis”, dissuadant les chercheurs d’emploi de s’y aventurer.

Pour parer au plus pressé, Aker a lancé une campagne nationale de recrutement.

“Nos équipes parcourent la Finlande pour parler des métiers et des opportunités. Nous avons lancé une campagne à la radio, dans la presse et pour la première fois à la télévision”, explique Mme Railo.

“Nous disons aux jeunes: les chantiers, c’est beaucoup plus que la soudure”, ajoute-t-elle.

Pour Tapio Karvonen la solution passe, à court terme, par les travailleurs étrangers.

Chez les sous-traitants d’Aker, d’ores et déjà deux employés sur trois sont estoniens, lettons, lituaniens, russes ou polonais.

A Saint-Nazaire (ouest de la France), la direction d’Aker Yards France assure qu’elle n’enregistre aucune pénurie de main d’oeuvre qualifiée mais elle cherche à pourvoir 400 postes d’ici 2009 pour répondre à la croissance de la charge.

 09/04/2007 06:50:55 – © 2007 AFP