L’Iran annonce être passé à l’enrichissement d’uranium

 
 
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Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, à Téhéran le 6 mars 2007 (Photo : Atta Kenare)

[09/04/2007 15:27:37] NATANZ (AFP) L’Iran a annoncé lundi être passé à l’enrichissement industriel d’uranium, nouveau défi à la communauté internationale lancé à l’occasion de la Journée nationale du nucléaire.

Le président Mahmoud Ahmadinejad a clamé que l’Iran “a rejoint les pays qui produisent du combustible nucléaire à une échelle industrielle”, dans un discours prononcé à l’usine d’enrichissement de Natanz, dans le centre du pays.

A Washington, le département d’Etat américain a immédiatement réagi en estimant que ce nouveau “défi” lancé par l’Iran justifiait la voie des sanctions choisie par le Conseil de sécurité de l’ONU.

“Nous sommes réunis ici aujourd’hui pour célébrer l’entrée du projet d’enrichissement d’uranium à un niveau industriel”, avait annoncé peu avant le président de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OEA), Gholam-Reza Aghazadeh, présent lui aussi à Natanz.

M. Aghazadeh a aussi annoncé “le début de la production en masse de centrifugeuses” pour l’enrichissement d’uranium.

Mais étrangement aucun des deux responsables n’a donné le nombre de centrifugeuses d’enrichissement supposées fonctionner à Natanz.

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Le vice-président de l’OEA, Mohammad Saïdi, s’est refusé à apporter toute précision sur le sujet, selon l’agence Fars.

Pour atteindre une capacité industrielle, l’Iran doit faire tourner plusieurs dizaines de milliers de telles machines.

A la mi-février, Téhéran a informé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) que deux cascades de 164 centrifugeuses chacune étaient prêtes à fonctionner et deux autres en voie d’installation, l’objectif étant de disposer d’environ 3.000 centrifugeuses d’ici au mois de mai.

Le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale Ali Larijani a répondu “oui” à une question des journalistes lui demandant si l’Iran avait commencé à alimenter en hexafluorure d’uranium les 3.000 centrifugeuses. Mais il n’a pas précisé si elles étaient toutes installées.

La question du nombre est cruciale car une installation de 3.000 centrifugeuses permet théoriquement d’obtenir, dans un délai de six à douze mois, une quantité suffisante d’uranium hautement enrichi pour une bombe nucléaire.

Les grandes puissances craignent que la République islamique ne détourne son programme civil à des fins militaires afin d’obtenir une telle arme. Téhéran a toujours démenti que telle soit son intention.

Le président a répété que l’Iran ne permettrait pas aux grandes puissances de freiner son programme nucléaire.

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Etudiantes iraniennes avec des pancartes de soutien au programme nucléaire iranien à Téhéran, le 9 avril 2007. (Photo : Behrouz Mehri)

“Notre nation défendra ses droits jusqu’au bout”, a dit M. Ahmadinejad, en ajoutant que “notre chemin vers le développement est irréversible”.

L’Iran, a-t-il averti, “n’autorisera pas certaines grandes puissances brutales à mettre des obstacles à son progrès grâce à leur influence dans la communauté internationale”.

M. Larijani a renchéri sur ce thème en affirmant que “si (les grandes puissances, ndlr) exercent de nouvelles pressions, nous n’aurons pas d’autre choix que de reconsidérer notre appartenance au TNP”, le traité de non-prolifération nucleaire.

Ces annonces constituent un véritable défi à la communauté internationale, le Conseil de sécurité des Nations unies ayant exigé dans maintenant trois résolutions que l’Iran suspende ses activités d’enrichissement d’uranium.

Cette première journée du nucléaire iranien marque la date où, il y a un an, l’Iran avait réussi à enrichir de l’uranium à un niveau de 3,5%, suffisant pour produire du combustible nucléaire.

La cérémonie s’est ouverte par l’hymne de la République islamique et la récitation d’un verset du coran, avant qu’un chanteur entonne un hymne à la nation sur un air de pop musique, qui a paru arracher quelques larmes au président iranien.

Le Conseil de sécurité imposé dans ses deux dernières résolutions (1737 et 1747) des sanctions sur les programmes nucléaire et balistique iraniens, à cause de son refus de suspendre son enrichissement.

Ce procédé permet d’obtenir aussi bien du combustible pour une centrale nucléaire que la matière première d’une bombe atomique.

 09/04/2007 15:27:37 – © 2007 AFP