Dans
son rapport d’évaluation du secteur financier tunisien (PESF), exercice
2006, le Fonds Monétaire International (FMI) évoque deux principales
faiblesses, voire difficultés qui entravent le processus d’adaptation du
système bancaire tunisien aux ratios et standards internationaux.
Celles-ci consistent en l’inexistence d’un système de prévention des
difficultés des banques (de type Camel) et d’un mécanisme de garantie pour
la protection des clients déposants. La Banque Centrale de Tunisie (BCT), en
sa qualité de régulateur public, est censée gérer ces deux instruments pour
encadrer au mieux les intérêts et des banques et des clients.
S’agissant de la première difficulté, le Fonds recommande vivement la
mise en place du système d’évaluation Camel. Ce système est utilisé par les
instances de régulation bancaire nord-américaines pour évaluer si la
situation financière et la gestion des établissements de crédit américains
sont saines.
Cette méthodologie permet d’analyser et de noter, sur la base de 21
indicateurs, cinq domaines de la performance financière et de la performance
de gestion : états financiers, adéquation des fonds propres, qualité de
l’actif, gestion, bénéfices et gestion de trésorerie.
Les états financiers constituent la base de l’analyse
quantitative du système Camel. Les banques qui adoptent ce système doivent
présenter des états financiers audités.
L’adéquation des fonds propres a pour but de mesurer la
solvabilité financière d’une banque en déterminant si les risques qu’elle
encourt sont compensés de manière appropriée par le capital et les
provisions permettant d’absorber les pertes potentielles.
La qualité de l’actif porte quant à elle sur la qualité du
portefeuille qui se mesure à l’aide de deux indicateurs quantitatifs : le
portefeuille à risque, qui mesure l’encours des crédits accusant un retard
de plus de 30 jours, et les abandons de créances d’une banque.
Le paramètre gestion retient cinq indicateurs qualitatifs :
gouvernance ; ressources humaines ; processus, contrôles et audit ; systèmes
de technologie de l’information ; planification stratégique et budget. En
effet, la gouvernance évalue le fonctionnement du conseil d’administration
de l’institution, les ressources humaines et leur degré d’encadrement,
l’indicateur processus, contrôles et audit, évalue le degré d’efficacité à
gérer le risque à tous les niveaux de l’organisation. L’indicateur, systèmes
de technologie de l’information, évalue l’efficacité et l’efficience des
systèmes d’information informatisés, et vérifie s’ils produisent des
rapports de gestion précis et en temps voulu. Le dernier indicateur,
planification stratégique et budget, détermine si l’institution a développé
un processus complet et participatif de projections financières à court et à
long terme, si le plan de développement est actualisé lorsque c’est
nécessaire, et si le processus décisionnel en tient compte.
Au rayon des bénéfices, le système Camel évalue la
rentabilité des banques à travers le rendement des fonds propres (degré
d’utilisation des actifs d’une banque, capacité d’une institution à
maintenir et à augmenter sa valeur nette grâce aux bénéfices générés par ses
activités), l’efficacité opérationnelle (suivi de la progression d’une
banque vers une structure des coûts proche de celle des institutions
financières formelles). Le rendement retraité des actifs mesure le degré
d’utilisation des actifs d’une banque, ou la capacité de l’institution à
générer des bénéfices avec une base d’actifs donnée.
Enfin, la gestion de trésorerie. Le cinquième domaine du
système d’évaluation Camel analyse la capacité d’une banque à répondre aux
diminutions des sources de financement et aux augmentations des actifs,
ainsi qu’à maintenir ses charges à un niveau raisonnable.
Sont passées au peigne fin : la structure des dettes, la disponibilité
des fonds permettant de satisfaire la demande de crédits, les projections
des flux de trésorerie, et la productivité des autres actifs circulants.