Avec l’OPE, le sort d’Eurotunnel entre les mains de ses actionnaires

 
 
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Un train Eurostar sort du tunnel sous la Manche, le 13 juillet 2006 (Photo : Denis Charlet)

[10/04/2007 17:11:58] PARIS (AFP) Les actionnaires d’Eurotunnel peuvent depuis mardi échanger leurs actions contre de nouveaux titres dans le cadre d’une offre publique d’échange (OPE) destinée à créer un nouveau “Groupe Eurotunnel”, étape cruciale du sauvetage de l’exploitant du tunnel sous la Manche.

Cette OPE doit durer jusqu’au 15 mai inclus, avec une réouverture possible du 28 mai au 8 juin.

Les actionnaires –environ 500.000 d’après le groupe– sont invités à échanger une action Eurotunnel contre un titre d’une nouvelle entité juridique, Groupe Eurotunnel SA (GET SA). Ce dernier est destiné à terme à remplacer les sociétés française et britannique qui gèrent le tunnel et qui croulent sous une dette de plus de 9 milliards d’euros.

L’action GET SA sera assortie d’un bon de souscription d’action (BSA).

En cas de succès, c’est-à-dire si au moins 60% des titres sont apportés à l’OPE, GET SA ne supportera plus qu’une dette diminuée de plus de la moitié, à 4,16 milliards. Les intérêts financiers seront réduits d’autant.

Si l’OPE échouait, c’est tout le plan de sauvegarde, avalisé par la justice en janvier, qui serait compromis.

“La continuité de l’exploitation ne serait pas assurée et Eurotunnel serait probablement mise en liquidation” car le groupe n’est pas en mesure de faire face à 9 milliards de dettes, a prévenu la direction d’Eurotunnel.

Le groupe s’attelle donc à convaincre ses actionnaires de participer à l’OPE.

Pour le moment, des administrateurs ont signifié leur intention de souscrire, dont Colette Neuville, présidente de l’Association des actionnaires minoritaires (Adam).

Pour sa part, l’Association de défense des actionnaires d’Eurotunnel (Adacte) devait se réunir jeudi pour arrêter sa position. Cette opération “pose des problèmes”, a expliqué son président Joseph Gouranton, administrateur d’Eurotunnel, pour qui “ce sont les créanciers et les fonds de pension qui prennent le pouvoir”.

En revanche, il est acquis que le fonds commun de placement des salariés d’Eurotunnel apportera ses 0,01% à l’offre, selon la direction.

Une des inconnues de l’OPE réside dans le fait que l’actionnariat est très morcelé.

Introduit fin 1987 à 35 francs (5,34 euros), l’action a atteint 128 francs (19,51 euros) en mai 1989, avant d’entamer une chute vertigineuse à partir de 1994, l’année de l’ouverture du tunnel à la circulation.

Difficile de connaître leurs intentions, d’autant que certains actionnaires ont pu hériter de titres sans même le savoir: autant de titres “oubliés” qui pourraient échapper à l’OPE.

Mais la plupart des actionnaires devraient tout de même participer car leurs titres actuels, s’ils ne sont pas apportés à l’offre, ne vaudront plus rien et seront même sans doute rayés de la cote, a déjà prévenu Eurotunnel.

A la Bourse de Paris, le titre Eurotunnel a cloturé stable à 41 centimes, dans un marché en hausse de 0,43%. Il a retrouvé la cotation fin mars après dix mois de suspension.

 10/04/2007 17:11:58 – © 2007 AFP